Par Egide Nikiza, responsable du service web à Iwacu, en formation en France, à l’Université Paris 1.
Les journalistes sommes réputés constituer une fratrie très solidaire. Certains détracteurs de la profession nous accusent même de fonctionner en meute. Ils n’ont pas totalement tort.
Cependant, les derniers déboires vécus par Iwacu montrent que cette confraternité, ne parlons même pas de fraternité, est quasi inexistante au Burundi.
Excepté Yaga (collectif des blogueurs), de manière assez timide, la radio Isanganiro, la plupart des médias qui travaillent depuis le Burundi brillent par leur silence « assourdissant » au sujet du calvaire de leurs collègues d’Iwacu.
Pourtant, le Répertoire du Conseil National de la Communication (CNC) des organes de presse en activités et reconnus au Burundi datant du 22 avril de cette année est riche. Il fait état de 8 télévisions, de plus d’une vingtaine de radios, de plus d’une vingtaine de journaux, etc.
Incroyable ! Chez tous ces médias, c’est le black-out total sur les malheurs de nos collègues. Aucune empathie. Aucune solidarité. Rien. Pourtant, quelles que soient les sensibilités, les différences, les médias se devraient de se retrouver sur un même dénominateur commun, leur fonction : informer.
Iwacu est défendu par des médias burundais en exil ou étrangers, parfois très loin du pays. Et c’est triste, car les journalistes connaissent bien le principe du «mort-kilométrique» en journalisme. Les informations ont plus ou moins d’importance suivant leur proximité par rapport au lecteur. « Inkoni ikubiswe mukeba uyirenza urugo », enseigne la sagesse ancestrale, ce qui veut dire que « il ne faut pas te réjouir d’un malheur qui s’abat sur un concurrent».
Faut-il rappeler que l’adversité, la maladie, la prison, la mort, etc., sont de bons baromètres de la profondeur des relations, des sentiments humains, etc. Au Burundi comme partout au monde.
Le constat tiré de cette triste situation, au Burundi, c’est que les médias sont rongés par un « schisme », il y’a deux camps : les « bons » médias proches du pouvoir et les autres, les ennemis, les « traîtres ».
Le journalisme étant un métier, qui sans la liberté est vidée de sa substance, tous les médias travaillant à l’intérieur du Burundi devraient soutenir Iwacu, défendre leurs collègues, au nom de la liberté de la presse, pour le respect de la profession de journaliste.
J’ose espérer qu’ils vont prendre conscience de la nécessité de soutenir nos collègues en difficultés. Qu’ils s’inspirent de Victor Hugo, écrivain français du 19ème siècle qui disait que «C’est par la fraternité qu’on sauve la liberté».