Mardi 19 novembre 2024

Politique

Référendum, les dés sont jetés

26/03/2018 10
Référendum, les dés sont jetés
Les Burundais sont convoqués au référendum constitutionnel le 17 mai prochain

Le président Nkurunziza a le 18 mars appelé son peuple au référendum constitutionnel. Le calendrier est désormais connu. Difficile, pour certains politiques.

Les jeux sont faits. Le 17 mai, plus de 5 millions d’électeurs inscrits au rôle d’électeurs sont attendus dans les bureaux de vote. Ils iront répondre si oui ou non, ils souhaitent la révision de la Constitution.

Tout va s’enchaîner très vite. Les partis politiques et coalitions qui veulent battre campagne pour ou contre ce projet de révision vont se faire inscrire du 23 mars au 6 avril. Le lancement de la campagne est prévu les deux semaines précédant le référendum.

L’opposition décrie ce référendum constitutionnel qui selon elle remet en cause le dialogue en cours ainsi que l’Accord d’Arusha. Mais pour l’opposition dite intérieure, pas question de boycotter et laisser ce projet passer comme une lettre à la poste. Ces formations politiques ont bien l’intention de jouer des coudes avec Bujumbura. Elles craignent cependant ne pas bénéficier des mêmes faveurs que le parti au pouvoir et ses alliés.

La majorité absolue

Le décret présidentiel prévoit que le projet de révision de la Constitution soit adopté au référendum par la majorité absolue des suffrages exprimés, soit un total de cinquante pour cent plus une voix.
Et si la population l’approuve, le Burundi aura une Constitution complètement remodelée. Sur les 307 dispositions de la Constitution, 77 ont subi des modifications, 9 se sont invitées dans la partie, tandis que 3 autres ont été renvoyées.

Le pire des scénarii, selon les détracteurs du pouvoir en place, c’est la probable candidature du président Pierre Nkurunziza qui se profile à l’horizon. Parce qu’il pourra lui aussi prétendre au poste de commandant suprême en 2020, et même en 2027.

Que dit la loi sur le référendum?

Selon le décret du 18 mars portant convocation des électeurs pour le référendum constitutionnel de 2018, le président de la République prévoit que le projet de révision de la Constitution sera adopté si la majorité absolue des suffrages exprimés, soit 50%+1, l’approuve. La question de la compétence du chef de l’Etat de légiférer sur une matière aussi importante fait débat. Il s’agit également de savoir si le référendum est consultatif ou décisoire ? Nous avons interrogé les textes. Les articles 198 et 298 de la Constitution donnent la latitude au président de la République de soumettre un projet constitutionnel au référendum. La constitution reste cependant autant muette quant au quorum ou sur la majorité de décision requis ou encore si ce dernier est décisoire ou juste consultatif. Elle interdit cependant au président de la République, le droit de légiférer sur une matière qui relève du domaine de la loi, en son article 159. On pourrait donc croire que le récent décret est anticonstitutionnel. Mais que dire de la loi du 3 juin 2014 portant révision de la loi n°1/22 du 18 septembre 2009 portant code électoral ? Parce qu’en son article 203, il est stipulé : « Si plus de la moitié des suffrages exprimés approuvent le projet, le président de la République procède, selon le cas, soit à la promulgation de la loi, soit à la conclusion de la Convention ou de l’Accord international, soit à la signature du décret prenant acte de l’adoption. » Alors, le référendum, consultatif ou décisionnaire ? Le code électoral est clair également sur cette question. En son article 200, il est stipulé que le référendum est soit facultatif ou obligatoire.
Analyse

Vous avez dit crédible ?

Dans les grandes démocraties, le référendum est une espèce de thermomètre pour mesurer l’adhésion du peuple au gouvernement, à ses programmes. Une manière de voir si le pouvoir est en phase avec sa population ou alors s’il est complètement déconnecté de la réalité. Bujumbura pourrait lui aussi se saisir de cette opportunité : prouver au monde que la majorité de la population est acquise à sa cause. Il faudrait donc redistribuer équitablement les cartes. Que ceux qui veulent battre campagne pour le non soient traités au même pied d’égalité que les partisans du oui. Pas de harcèlement, d’appel aux représailles, d’emprisonnements arbitraires. Faire une campagne propre et éviter des tours de magie avec des cartes noires du non, transformés en cartes blanches pour le oui. L’autre défi à régler est celui de la crédibilité du verdict des urnes. Le pays a besoin des observateurs internationaux pour certifier que la population est allée de son propre chef voter et que la commission nationale électorale a fait correctement son travail. Pour attester des résultats des urnes. Mais aux dernières nouvelles, aucune observation étrangère n’a annoncé sa présence. Le Burundi sera seul face à son référendum. Difficile dans ses conditions, un problème de crédibilité se pose.

Forum des lecteurs d'Iwacu

10 réactions
  1. Jereve

    Avec les « imbonerakure » qui écument et quadrillent le pays, il n’est pas possible d’organiser des élections crédibles. Ils ont été créés pour s’assurer que les ordres d’en haut sont exécutés sans faute par les populations d’en bas. Dans cette optique, les élections, c’est leur terrain de bataille. Aussi longtemps qu’ils ne sont pas neutralisés, ils constituent un véritable noeud de vipères qui sera le point focal de toutes les contestations.

    • Gacece

      « Aussi longtemps qu’ils ne sont pas neutralisés, … »
      Je suis curieux de savoir ce que vous voulez dire par « neutralisés »… Vous avez l’intention de les forcer à être neutres, ou de les convaincre de rejoindre votre camps, ou encore de les éliminer?

      Qu’est-ce que c’et qu’un noeud de vipères? Vous vouliez dire « nid de vipères qui sera le point focal de toutes les contestations? Vos contestations? »

      Vous avez un niveau de intolérence d’un certain homme légendaire! Continuez comme cela! Peut-être qu cette haine finira par se dissiper de l’intérieur!

      • harimbari

        Je me pose des questions a propos de ton background si dans ce contexte tu n’appehendes pas « neutralizer » Are you Kabizi?

        • Gacece

          @harimbari
          Je ne comprends même pas ce que vous deux voulez dire par « neutraliser » ou « neutralizer », ni par Kabizi. C’est un jargon que vous seuls comprenez.

      • Jereve

        Une certaine opinion nationale et internationale les appelle des « milices ». D’où la question légitime: est-il facile d’organiser des élections dans un pays où des milices sont actives? Gacece me semble bien informé pour en être au courant. Il a le droit de contester cette qualification et cette question. Je lui dis seulement que le chef de ces milices doit donner l’ordre qu’elles n’interfèrent en aucune façon aux processus d’élection. A vos ordres, Chef! C’est déjà cela le début de la neutralisation.

  2. harimbari

    Personne au Burundi ne beneficiera de ce changement de la Constitution, personne!! Meme la famille de Nkurunziza. Elle en subira les lourdes consequences de ce tripotage des Accords.

  3. roger crettol

    « Vous avez dit crédible ? »

    Non, pas moi. Je pense à Animal Farm d’ Orwell et à ce parti qui est notablement plus égal que les autres …

    Dans les démocraties occidentales, les élites au pouvoir dépensent une partie de leur fortune pour manipuler l’opinion publique de manière plus ou moins subtile. La partie se joue selon des règles équitables en apparence, mais ceux qui sont plus égaux que les autres font jouer leur influence à travers les médias, la publicité et le biaisage des grands sites d’échange sociaux.

    Au Burundi, on n’est pas stupide au point de gaspiller son argent pour atteindre plus sûrement ses objectifs. Il suffit de biaiser en toute innocence les règles du jeu et d’appuyer un peu plus fort sur le levier des diverses intimidations pour aboutir à un résultat « convenable ».

    « Vous avez dit crédible ? » – non, pas moi.

  4. Jean Habonimana

    Le referendum sera gagne par le regime a 98% mais il se fera sur le cadavre d’un jeune pere de famille,Simon Bizimana, tue pour avoir exprime son objection de conscience a la face du monde. Nous sommes en pleine semaine sainte ce n’est par rien pour un regime qui se dit chretien et d’origine. Malgre ce christianisme affiche, il n’y a personne au gouvernement, au parti, a la police, a l’armee pour dire aux puissants qui prennent en otages toute la nation qu’une vie humaine est sacree. Comme le disait, amer, l’archeveque atteint par la limite d’age, Mgr Ngoyagoye, pendant le massacre des innocents de 2015: « Il y a au Burundi des gens qui se sont arroges le droit de tuer ceux qui ont une opinion differente de la leur ». Peut-on encore quant on pretend etre chretien tuer une personne pour ses idees? Le pauvre Simon Bizimana s’ajoute aux milliers jeunes d’autres massacres, mutiles, tortures, castres, violes, embastilles et exiles pour leur opinion. Sans oublier les petites vieilles soeurs italiennes de Kamanenge qui ont constituees le coup d’envoi et peut-etre le sacrifice humain (comme au Mexique) pour la reussite du projet.

  5. Mafero

    C’est un référundum qui peut avoir des effets boomerangs tant pour les concepteurs que pour les adeptes! Surtout que même ceux qui défendaient bec et ongle le 3ème mandat en 2015 sont dans la ligne de mire.

  6. matayo

    1. La collecte des des fonds pour organiser les élections de 2020 est anticonstitutionnelle, une ordonnance ministérielle ne peut en aucun cas intervenir dans cette matière;
    2. Les conditions dans lesquelles se passent l’organisation de ce référendum constitutionnel sont illégales.

    A mon humble avis, je ne pense pas qu’il puisse y avoir des résultats crédibles: ces résultats seront satisfaisants pour ses bénéficiaires (tous ceux qui ont intérêts à ce que le OUI remporte).
    Je pense que le Burundi entre à nouveau dans l’histoire la plus chaotique des temps modernes et c’est regrettable!

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Réactions

Agathon Rwasa déterminé à battre campagne Le leader de la coalition Amizero y’Abarundi se dit déterminé à aller battre campagne. Nous ne pouvons pas nous permettre de boycotter. Agathon Rwasa déplore le harcèlement subi par les membres de cette coalition. Mais selon lui, il ne faut pas céder à la panique. « Il faut aller jusqu’au bout, à la rencontre de la population pour leur faire savoir notre position et les aider à opérer un choix.» Gaston Sindimwo : « Des sanctions sont prévues » Le premier vice-président de la République assure que des dispositifs de sécurité sont mis en place pour s’assurer de la bonne marche. « Ceux qui auront des accréditations de la Ceni pourront battre campagne pour le oui ou le non sans soucis. » Gaston Sindimwo garantit que les administratifs à la base vont faciliter le processus. Il promet des sanctions aux autorités qui vont aller à l’encontre de la loi. Jean Minani appelle au boycott Le patron du Cnared appelle au boycott : « Ce n’est pas un référendum, c’est une farce du diable. » Selon Jean Minani, Bujumbura va déployer les Imbonerakure pour forcer la population d’aller voter. Il ajoute que même si elle votait non, « Pierre Claver Ndayicariye va proclamer une victoire du oui à 119%, mais cela ne changera rien du tout car pour la très grande majorité du peuple burundais. Il n’y a pas de référendum ». Kefa Nibizi : « C’est à la population de trancher » Le président du parti Sahwanya Frodebu Nyakuri indique que son parti va s’inscrire à la Ceni pour avoir l’autorisation de battre campagne. A ceux qui disent que ce n’est pas le moment de procéder à la révision de la Constitution, Kefa Nibizi estime que ce sera à la population de trancher. « Elle va voter oui ou non, selon qu’elle juge nécessaire ou pas de procéder à l’amendement ».

Forum des lecteurs d'Iwacu

10 réactions
  1. Jereve

    Avec les « imbonerakure » qui écument et quadrillent le pays, il n’est pas possible d’organiser des élections crédibles. Ils ont été créés pour s’assurer que les ordres d’en haut sont exécutés sans faute par les populations d’en bas. Dans cette optique, les élections, c’est leur terrain de bataille. Aussi longtemps qu’ils ne sont pas neutralisés, ils constituent un véritable noeud de vipères qui sera le point focal de toutes les contestations.

    • Gacece

      « Aussi longtemps qu’ils ne sont pas neutralisés, … »
      Je suis curieux de savoir ce que vous voulez dire par « neutralisés »… Vous avez l’intention de les forcer à être neutres, ou de les convaincre de rejoindre votre camps, ou encore de les éliminer?

      Qu’est-ce que c’et qu’un noeud de vipères? Vous vouliez dire « nid de vipères qui sera le point focal de toutes les contestations? Vos contestations? »

      Vous avez un niveau de intolérence d’un certain homme légendaire! Continuez comme cela! Peut-être qu cette haine finira par se dissiper de l’intérieur!

      • harimbari

        Je me pose des questions a propos de ton background si dans ce contexte tu n’appehendes pas « neutralizer » Are you Kabizi?

        • Gacece

          @harimbari
          Je ne comprends même pas ce que vous deux voulez dire par « neutraliser » ou « neutralizer », ni par Kabizi. C’est un jargon que vous seuls comprenez.

      • Jereve

        Une certaine opinion nationale et internationale les appelle des « milices ». D’où la question légitime: est-il facile d’organiser des élections dans un pays où des milices sont actives? Gacece me semble bien informé pour en être au courant. Il a le droit de contester cette qualification et cette question. Je lui dis seulement que le chef de ces milices doit donner l’ordre qu’elles n’interfèrent en aucune façon aux processus d’élection. A vos ordres, Chef! C’est déjà cela le début de la neutralisation.

  2. harimbari

    Personne au Burundi ne beneficiera de ce changement de la Constitution, personne!! Meme la famille de Nkurunziza. Elle en subira les lourdes consequences de ce tripotage des Accords.

  3. roger crettol

    « Vous avez dit crédible ? »

    Non, pas moi. Je pense à Animal Farm d’ Orwell et à ce parti qui est notablement plus égal que les autres …

    Dans les démocraties occidentales, les élites au pouvoir dépensent une partie de leur fortune pour manipuler l’opinion publique de manière plus ou moins subtile. La partie se joue selon des règles équitables en apparence, mais ceux qui sont plus égaux que les autres font jouer leur influence à travers les médias, la publicité et le biaisage des grands sites d’échange sociaux.

    Au Burundi, on n’est pas stupide au point de gaspiller son argent pour atteindre plus sûrement ses objectifs. Il suffit de biaiser en toute innocence les règles du jeu et d’appuyer un peu plus fort sur le levier des diverses intimidations pour aboutir à un résultat « convenable ».

    « Vous avez dit crédible ? » – non, pas moi.

  4. Jean Habonimana

    Le referendum sera gagne par le regime a 98% mais il se fera sur le cadavre d’un jeune pere de famille,Simon Bizimana, tue pour avoir exprime son objection de conscience a la face du monde. Nous sommes en pleine semaine sainte ce n’est par rien pour un regime qui se dit chretien et d’origine. Malgre ce christianisme affiche, il n’y a personne au gouvernement, au parti, a la police, a l’armee pour dire aux puissants qui prennent en otages toute la nation qu’une vie humaine est sacree. Comme le disait, amer, l’archeveque atteint par la limite d’age, Mgr Ngoyagoye, pendant le massacre des innocents de 2015: « Il y a au Burundi des gens qui se sont arroges le droit de tuer ceux qui ont une opinion differente de la leur ». Peut-on encore quant on pretend etre chretien tuer une personne pour ses idees? Le pauvre Simon Bizimana s’ajoute aux milliers jeunes d’autres massacres, mutiles, tortures, castres, violes, embastilles et exiles pour leur opinion. Sans oublier les petites vieilles soeurs italiennes de Kamanenge qui ont constituees le coup d’envoi et peut-etre le sacrifice humain (comme au Mexique) pour la reussite du projet.

  5. Mafero

    C’est un référundum qui peut avoir des effets boomerangs tant pour les concepteurs que pour les adeptes! Surtout que même ceux qui défendaient bec et ongle le 3ème mandat en 2015 sont dans la ligne de mire.

  6. matayo

    1. La collecte des des fonds pour organiser les élections de 2020 est anticonstitutionnelle, une ordonnance ministérielle ne peut en aucun cas intervenir dans cette matière;
    2. Les conditions dans lesquelles se passent l’organisation de ce référendum constitutionnel sont illégales.

    A mon humble avis, je ne pense pas qu’il puisse y avoir des résultats crédibles: ces résultats seront satisfaisants pour ses bénéficiaires (tous ceux qui ont intérêts à ce que le OUI remporte).
    Je pense que le Burundi entre à nouveau dans l’histoire la plus chaotique des temps modernes et c’est regrettable!

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