«Il n’y a pas eu d’élection. C’est une mascarade, un montage, une représentation de théâtre, etc ». C’est avec ces mots que Pierre-Célestin Ndikumana, président du groupe parlementaire de la Coalition Amizero y’Abarundi, qualifie le référendum constitutionnel du 17 mai.
Il intervient, ce vendredi, au moment où les résultats qui continuent de tomber donnent une large victoire au «oui».
Selon lui, le décompte s’est fait dans bon nombre de bureaux en présence de membres du Cndd-Fdd. Il soutient que des mandataires de sa coalition ont été la cible d’arrestations : «Ils ont été accusés d’enseigner en faveur du vote du ‘’non’’ sur les files. Ce qui est faux.»
C’était un «plan bien préparé et d’ampleur national». D’autres avaient été arrêtés la veille de l’élection. «C’est pour cette raison qu’un bon nombre de nos mandataires étaient absents, le jour du vote». Et de confier que les résultats dont ils disposent sont aux antipodes de ceux diffusés à la radio : «Certains de nos mandataires ont pu résister et sont restés sur place jusqu’à la fin du dépouillement. Ils sont rentrés après le décompte».
Cet opposant évoque aussi une tricherie dans les procurations : «Des gens ont voté pour les autres, alors que ceux-ci ne les avaient pas mandatés.» Ainsi, il remet en cause le caractère secret du scrutin : «Le cas le plus frappant s’est produit à Minago en province Rumonge. Un électeur a échangé des coups de poings avec un président d’un bureau de vote». Ce dernier, assure-t-il, lui a intimé l’ordre de voter pour le «oui». Il lui a rétorqué qu’il a droit de faire librement son choix.
Cet élu du peuple parle d’un mauvais départ. Il déplore un mort en commune Ntega de la province Kirundo et des intimidations à l’encontre de leurs membres. «C’était avant même le jour du scrutin». Sur ce, M. Célestin demande à la communauté internationale de ne pas cautionner l’issue du référendum.
Abel Gashatsi, président du parti Uprona, ne l’entend pas de cette oreille : «Il n’y a pas eu d’incidents. Les électeurs ont voté en toute liberté et dans le respect mutuel.» D’après lui, c’est une élection qui augure un bel avenir du jeu électoral et démocratique au Burundi.
Il indique que des mandataires politiques, notamment ceux du Cndd-Fdd, de l’Uprona et de la coalition Amizero y’Abarundi, étaient présents pour l’observation.
M. Gashatsi appelle les protagonistes à reconnaître le verdict des urnes.
Dans un communiqué sorti ce vendredi 18 mai par le ministère des Affaires étrangères de la République fédérale d’Allemagne, la première puissance économique de l’UE prend acte d’un «scrutin contraire aux efforts déployés par les voisins africains du Burundi, l’Union africaine et les Nations unies pour trouver une solution politique au conflit».