Attroupement d’enseignants, lundi 4 septembre, au ministère de l’Education. Ils remettent en cause le redéploiement. Le ministère évoque plutôt le résultat d’un consensus.
Ils disent être dans l’embarras. Ils ont été affectés dans des contrées lointaines de leurs domiciles. Certains évoquent le non-respect des critères, d’autres des raisons sociales. Ces enseignants se lamentent que la commission en charge de cette opération n’en a pas tenu compte.
Une enseignante dans la ville de Rumonge, s’exprimant sous anonymat, dit ne pas savoir à quel saint se vouer. Elle a été mutée à 50 km de son domicile. Mariée à un militaire en poste en province Kayanza, ils ne sont pas en mesure de louer deux maisons ni de vivre séparément de leurs enfants. En outre, elle indique qu’elle souffre d’une maladie chronique qui l’empêche de marcher un long parcours.
Une autre, jusque-là enseignante à l’école primaire de Tagara en commune Songa de la province Bururi, dénonce l’injustice vis-à-vis de certains anciens : «Je suis en activité depuis 22 ans. Il est incompréhensible que des anciens soient concernés au profit de nouveaux.»
Elle évoque particulièrement ses collègues de l’école maternelle : «L’on nous disait que cette catégorie d’enseignants n’était pas concernée.» Cependant, ceux d’autres établissements ont été redéployés.
Pour cette institutrice mutée en commune Kibago, province Makamba, elle n’est pas la seule qui a été «iniquement» redéployée.
Le redéploiement devrait, estime-t-elle, toucher tout le monde. «Nous sommes tous formés pour enseigner.» Et de souligner que ses collègues de l’école maternelle relèvent de la même direction que les autres.
« J’étais déjà redéployé l’année dernière »
Sous anonymat, un instituteur de l’école fondamentale de Musaga I, muté en commune Isare de la province Bujumbura-rural, dit n’avoir pas été surpris du changement de son lieu de travail. Il indique être victime du redéploiement de l’année dernière. Il s’était vu changer d’école pour prester 5h par semaine à son établissement d’affectation. «Pourtant, là où j’étais à Kinanira, j’en avais 12h.»
Il assure qu’il n’aurait pas été redéployé si les critères convenus avaient été respectés. «Les enseignants qui ont 20 ans de service n’étaient pas concernés. De même pour ceux dont le lieu de travail avait déjà changé.» Avec plus de 30 ans de service, cet enseignant âgé de 57 ans demande d’être rétabli dans ses droits. Toutefois, il dit comprendre cette opération : « Sa motivation est la levée du déséquilibre au niveau de l’affectation pour que toutes les écoles du pays aient des enseignants.»
Le ministère de l’Education exhorte les enseignants mutés à regagner leurs nouveaux postes de travail dans les meilleurs délais. Edouard Juma, son porte-parole, indique que cette opération résulte d’un consensus entre les enseignants, la direction et les comités de redéploiement. «Sur base de critères bien définis, ils ont déterminé l’excédent d’enseignants à dégager de l’école.» Dans la plupart des cas, observe-t-il, il n’y a pas de plainte.
M. Juma reconnaît que tout n’est pas rose : «La commission technique pourra écouter les arguments des uns et des autres pour y apporter une réponse.»
Pourtant, dans une note du 14 juin dernier, Janvière Ndirahisha, ministre de l’Education, avait précisé qu’ «aucun dossier relatif aux mutations n’est accepté.» La rentrée scolaire est annoncée ce lundi 11 septembre.