Grogne de trois enseignants qui travaillaient au Lycée communal Gisuru. Redéployés pour l’école fondamentale, ils se disent victimes pour avoir dénoncé une gestion opaque du patrimoine scolaire de la part du directeur. Le directeur communal de l’enseignement (DCE) réfute ce mobile.
Les trois enseignants sont Audias Ntagisigaye, Damas Nashahu et Hyppolyte Ntinkunda. D’après eux, le DCE a effectué ce redéploiement sans respecter les critères. Mais plutôt, il a voulu se débarrasser des éléments qui gênent le directeur du Lycée communal Gisuru, Denis Irabembereza. Ces trois hommes font savoir que sept professeurs avaient suivi une formation dans le cadre de l’école fondamentale. Trois parmi eux ont été redéployés loin de leurs familles. «Ce qui nous étonne, c’est que les quatre qui sont restés n’ont aucune expérience et sont encore célibataires.» Et d’ajouter que parmi les critères à suivre en cas de redéploiement, il faut tenir compte de l’ancienneté et l’expérience. «Parmi nous, certains viennent de passer une dizaine d’années à ce lycée.»
Ils demandent alors d’être réintégrés dans leurs droits en respectant scrupuleusement les critères. «Nous sommes victimes des lettres que nous avons écrites pour dénoncer les malversations et le comportement dénigrant du directeur.» Et de souligner qu’il n’y a jamais eu de commission d’affectation : «Ils n’ont qu’à adresser leurs doléances à mes supérieurs, je suis prêt à m’expliquer », répond Gad Niganza, le DCE accusé d’être de mèche avec le directeur du lycée. Selon lui, ni le ministère de l’enseignement secondaire ni la direction provinciale de l’enseignement ne lui avait donné des critères à suivre pour le redéploiement. «Je l’ai fait en tant que technicien qui est sur place. Je n’ai aucune affinité avec le directeur du lycée pour le protéger.»
Un directeur accusé de malversations et d’intimidations
Certains enseignants du Lycée communal Gisuru reprochent à Denis Irabembereza de diriger l’école comme sa propriété personnelle. Ils l’accusent d’avoir détourné la contribution des parents destinée à la construction des résidences pour les enseignants. Et de détourner le loyer des salles de formation que possède le lycée. Ces enseignants affirment aussi que le directeur a vendu des cailloux appartenant à l’école pour son propre compte. Pour eux, la gestion du patrimoine de l’établissement est opaque. « La dénonciation de tous ces manquements nous vaut des intimidations et des sanctions.» Le préfet des études, Isidore Ntahokagiye, fait savoir qu’il est sur le point de démissionner à cause de cette situation. «J’ai déjà comparu deux fois devant l’OPJ.»
« C’est un montage », assure Denis Irabembereza. D’après lui, il y a eu trois inspections financières de la direction provinciale de l’enseignement et ils n’ont rien trouvé. Il affirme que c’est un scénario orchestré par une personne qui veut sa place. «Beaucoup d’enseignants sortent des universités et ils veulent tous être des directeurs.» Il précise que c’est un professeur de son lycée qui a influencé 11 sur 29 enseignants afin de ternir son image.
« Je n’ai rien à me reprocher » : Même son de cloche de la part du directeur provincial de l’enseignement (DPE), Guillaume Kwizera. «Sa gestion des fonds est irréprochable.» Il soutient que le rapport financier rédigé par le conseiller chargé des finances n’a rien montré d’anormal. Pour la question du redéploiement, Guillaume Kwizera souligne que cette mesure a été appliquée dans toutes les écoles. Pour lui, c’était dans l’intérêt de l’école fondamentale. «Pour un système aussi nouveau, il fallait des professeurs expérimentés.»