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Recrutements illicites à la mairie ?

05/05/2013 Commentaires fermés sur Recrutements illicites à la mairie ?

Depuis juillet dernier, une centaine d’agents de la mairie ont été suspendus par le maire de la ville pour avoir été recrutés illicitement. L’ancien chef du personnel, principal suspect, est aujourd’hui détenu à Mpimba. Pour lui et les travailleurs suspendus, ils sont victimes d’un montage.

<doc5336|right>Entre janvier 2011 et juillet 2012, il y aurait eu 108 cas de recrutements illicites à la mairie de Bujumbura. Durant cette période, Léopold Hategekimana, conseiller du maire chargé de la sécurité, indique que le personnel augmente anormalement, ce qui l’étonne, car lui seul en a la prérogative. Et le maire de la ville est mis au courant. Il crée alors une commission chargée de faire la lumière sur ces recrutements, qu’il préside. La commission se rend compte que les numéros des lettres de recrutements ne correspondent pas à ceux des lettres se trouvant dans le registre du cabinet du maire.

Les soupçons se portent directement sur le chef de l’administration, Jean Pierre Ntigacika, qui reçoit les recrutements et prépare les salaires, suspecté d’avoir scanné la signature du maire. Les 108 agents sont alors suspendus ainsi que, le 26 juillet dernier, Jean Pierre Ntigacika, par mesure d’ordre. Une plainte pour faux et usage de faux est ensuite déposée au parquet en mairie de Bujumbura, et M. Ntigacika échappe, quelques jours plus tard, à une arrestation chez lui à Cibitoke. Une arrestation menée par Léopold Hategekimana.

Un montage grossier …

Mais Jean Pierre Ntigacika balaie ces accusations d’un revers de la main. Il indique qu’il a mené sa propre enquête et a conclu par deux hypothèses. La première est que la mairie est à court de moyens. Pour preuve, selon lui, les difficultés pour payer les salaires et les cotisations de ses agents. « Le cabinet a donc monté cette histoire pour ne pas avoir à payer les indemnités du personnel », conclut M. Ntigacika.

La seconde hypothèse de Jean Pierre Ntigacika est que cette affaire résulte de la jalousie de ses anciens collègues. Agents de la mairie depuis plusieurs années, ses collègues, surtout ceux du service recouvrement, n’auraient pas été contents que de nouveaux viennent marcher sur leurs plates-bandes, en remplissant les caisses de la mairie, mais en les empêchant de se faire des à côtés. Pour M. Ntigacika, il est clair qu’ils ont cherché à les écarter par tous les moyens, en prétextant des recrutements illicites alors qu’ils étaient parfaitement légaux.

Dans tous les cas, Jean Pierre Ntigacika ne comprend pas comment des gens peuvent travailler pendant tout ce temps, être payés, avoir leurs cotisations pour la sécurité sociale, sans que le maire de la ville ne soit au courant, ou ne se rende compte de l’augmentation de la masse budgétaire. Il ne s’explique pas non plus comment, sur les originaux de certaines lettres d’engagement, la signature et le sceau du maire correspondent exactement à ceux des lettres de suspension. Quoi qu’il en soit, il est arrêté à la gare du nord le 14 septembre, et conduit dans les cachots de la commune Buyenzi. Cette fois-ci, Léopold Hategekimana ne l’a pas raté. Quatre jours lus tard, il est conduit à la prison centrale de Mpimba, après un bref interrogatoire au parquet en mairie de Bujumbura.

Un appel de détresse

Le 10 septembre dernier, une quarantaine des agents suspendus écrivent à l’ombudsman pour qu’il plaide en leur faveur auprès du maire. Eux aussi avancent comme preuve de la légalité de leur recrutement, le paiement de leurs salaires, les cotisations faites par la mairie pour eux, ainsi que l’octroi des crédits dont certains ont été remboursés. Ces anciens agents de la mairie suspendus rappellent que le maire de la ville, qui ne les a pas encore reçus malgré leur demande, a toujours apprécié leur travail dans les différents services où il les a lui-même affectés. Tout ce qu’ils demandent, c’est d’être réintégrés dans leur travail et percevoir les arriérés de leurs salaires.
Sur les 108 travailleurs suspendus, seuls 49 ont signé sur cette correspondance, par peur de représailles et suite à des intimidations téléphoniques dont sont victimes plusieurs d’entre eux.

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