En appliquant les accords d’Arusha dans le recrutement des candidats officiers et sous-officiers, chaque province aura droit de 10 recrues officiers et 12 sous-officiers parmi les inscrits. Cela ne plaît pas à tous …
<doc6606|right>A quatre jours de la fin des inscriptions, les officiers militaires chargés d’accueillir les candidats somnolent dans la salle du camp militaire de Gitega. Ils attendent des dossiers décidément rares. Pour tuer le temps, ils se relaient pour prendre un peu d’air à l’extérieur : "Jusqu’à présent seuls 98 candidats officiers et 67 sous officiers ont déjà déposé leurs dossiers" commente l’un d’eux.
D’après les rares candidats rencontrés au rez-de-chaussée du building abritant le cabinet du gouverneur de Gitega venus chercher des papiers administratifs, les quotas fixés par les accords d’Arusha font que beaucoup se découragent même avant d’aller se faire inscrire : "Le même nombre de recrues par province fait qu’il y a certaines où il est plus facile pour ses natifs d’entrer à l’armée", analyse Joseph, un candidat de Gitega qui se plaint "d’un combat est déjà perdu d’avance."
Sa logique, comme pour nombre de ses amis, est simple : Gitega est l’une des provinces qui comptent le plus d’habitants. Le nombre de recrues devait être par conséquent supérieur à 10. Quant à Jacqueline, jeune étudiante qui aspire à être officier à la FDN, c’est la malhonnêteté de certains candidats qui l’inquiète : « Tant que la morphologie d’une personne est l’indice principale de son ethnie, des tricheries ne manqueront pas », s’inquiète-t-elle.
Pour le conseiller principal du gouverneur de la province de Gitega, Gérard Nibigira, rien ne doit pas se faire sans tenir compte de l’esprit des accords d’Arusha : "Les déséquilibres flagrants au sein de l’armée burundaise ont nourri la guerre au Burundi. L’important n’est pas d’avoir tel ou tel nombre d’officiers ou sous-officiers par entité ethnique ou provinciale. Mais plutôt que chaque Burundais se sente équitablement représenté au sein de la FDN. Les quotas répondent à cette aspiration légitime de façon pratique."
Quant à la question de la véracité de l’ethnie des candidats, M. Nibigira préfère faire confiance aux jeunes aspirants à faire carrière à l’armée : "Je ne vois pas pourquoi on mentirait sur ce point alors qu’on ne sait pas s’il y a plus ou moins de candidats de telle ethnie dans les dossiers !"