Alors que la reconstruction du marché central de Gitega bat son plein, le loyer des stands augmente démesurément. C’est le cas notamment à Mukabasazi, la partie non concernée par les travaux.
Selon le projet de reconstruction du marché, les travaux se feront en deux phases. Dans un premier temps, la moitié des commerçants seront contraints de déménager vers Mukabasazi en attendant la fin des travaux. Ce dernier n’est pas, en effet, concerné par ce projet. Ainsi, de nombreux kiosques sont érigés dans et autour de ce petit marché. Il y a quelque temps, le lieu était à peine fréquenté. Les clients potentiels étaient des consommateurs de boissons prohibées, d’où le nom de Mukabasazi (où « territoire des fous »).
Les maisons des alentours, naguère inoccupées, sont maintenant transformées à la hâte pour y installer des échoppes et magasins. On ne peut pas traverser aisément la rue, tant elle est pleine de monde. La concurrence pour les places s’avère déloyale. Et ceux qui n’ont pas beaucoup de moyens sont poussés vers la sortie.
« Je suis ici depuis quatre ans et je payais 15.000Fbu par mois. On vient de m’informer que le loyer sera désormais de 40.000Fbu », se plaint Asumani Ndayishimiye, vendeur de savons et de cigarettes. « Il n’y a pas de loi qui nous protège ; les propriétaires ne respectent plus le contrat signé », ajoute-t-il.
Dedans ou dehors, les problèmes sont identiques
Evelyne Nduwayo détenait un petit bistrot à coté du marché. Ce programme de reconstruction la place dans une situation inconfortable. « Le bailleur m’a intimé l’ordre de fermer mon cabaret. Il m’a signifié que quelqu’un a loué cette maison pour en faire un dépôt de ses marchandises », précise-t-elle, les larmes aux yeux. Son mari étant au chômage, cette activité était sa seule source de revenus. Elle lui procurait des moyens pour faire vivre sa famille et assurer l’éducation de ses enfants. Elle n’espère pas continuer son métier, car le commissaire du marché et son comité ont déjà annoncé que les anciens acquéreurs seront les servis les premiers dans le nouveau marché.
Le malheur des uns fait le bonheur des autres
Les propriétaires des parcelles ou des maisons sont aux anges. J.N. possède deux parcelles qui étaient jusque-là non construites. Il dit avoir été obligé de contracter un crédit auprès d’une banque pour y ériger deux hangars. L’un d’eux n’est pas encore achevé, mais il affirme fièrement qu’il a déjà empoché une avance sur le loyer de six mois. Une satisfaction similaire pour Shabani qui est en possession de trois kiosques. « Je gagne plus de 100 mille Fbu par mois, une somme que je n’avais jamais touchée depuis cinq ans », se réjouit-il. Interrogées à ce sujet, les autorités administratives affirment qu’elles ne sont pas au courant de cette situation.