Dans certains pays ayant connu des crises cycliques, des discours désignant un bouc-émissaire ont déclenché des violences. Jean Bosco Harerimana, expert en justice transitionnelle et professeur d’université, préconise des discours pacifistes et unificateurs.
La recherche d’un bouc-émissaire consiste à choisir un individu, groupe ou organisation pour lui faire endosser une responsabilité ou expier une faute pour laquelle il est, totalement ou partiellement, innocent. « Les discours qui désignent l’autre groupe comme bouc-émissaire, origine de tout malheur, sont caractérisés par la globalisation. Ce sont eux contre nous», explique Jean Bosco Harerimana, expert en justice transitionnelle et professeur d’université.
Pour lui, ce phénomène du bouc-émissaire peut émaner de motivations multiples. Il s’agit notamment de la poursuite des intérêts politiques, économiques et symboliques. Une des composantes de la société est accusée d’être une entrave à tout progrès. Par conséquent, son élimination est une solution.
Selon cet expert, l’Allemagne nazie en est un exemple probant. Les Juifs étaient considérés par Hitler comme une source de malheurs, des gens qui s’accaparent de toutes les richesses et les opportunités économiques du pays. « Donc Hitler mobilise son peuple, son armée, ses médecins, ses ingénieurs pour éliminer les Juifs. Ils sont déportés vers les camps de concentration, des camps de la mort».
M. Harerimana indique que ces discours recherchant le bouc-émissaire se caractérisent généralement par la globalisation et la déshumanisation. Des membres de groupes ethniques, régionaux ou raciaux sont assimilés à des animaux. Ainsi, ils perdent la dignité et la valeur humaine. « Nous avons vu dans le passé dans la région des Grands Lacs et dans d’autres pays, des groupes entiers être assimilés à des cafards, par exemple au Rwanda, aux rats dans quelques pays d’Afrique ou d’Asie».
Une fois déshumanisés, les groupes de gens sont la cible de tous les dangers. Le génocide, les meurtres, la discrimination, l’exil, la stérilisation des membres de certains groupes. « Au Rwanda, tout un génocide a été organisé. Il a été l’un des génocides les plus rapides au monde sans technologie, sans gaz comme pour les Juifs ».
Les groupes discriminés ne restent pas les bras croisés. Ils vont chercher des moyens de survie. Ce sont des attaques réciproques. Cela renvoie à un cercle vicieux de violences cycliques, comme on en a vu dans la région et dans le pays.
Jean Bosco Harerimana insiste sur la nécessité de prêcher la paix, la cohabitation pacifique et la cohésion sociale. Il invite le gouvernement, les ONG, les Eglises et toutes les parties prenantes dans la consolidation de la paix à travailler en synergie pour éradiquer tout discours incendiaire.
Les médias également ne sont pas en reste. Ils doivent produire des émissions et articles qui prônent des discours pacifistes et unificateurs.