Depuis plusieurs années, des catastrophes naturelles emportent des vies et des biens. Quelles causes? Quelles solutions? Des points au menu de la synergie du 10 septembre.
La catastrophe la plus récente est celle de Gatumba, en avril, qui laisse plus de 4.500 ménages sans abri, soit plus de 24 mille personnes, selon le rapport du bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).
En 2019, les fortes pluies ont laissé un bilan de plus de 10 personnes mortes dans les zones Buterere et Gihosha en mairie de Bujumbura, d’après le ministère en charge de la gestion des catastrophes.
En décembre dernier, plus de 20 personnes ont succombé au glissement de terrain dans la commune Mugina de la province Cibitoke.
En février 2014, plus de 50 personnes sont mortes, des suites des inondations dues aux fortes pluies dans les zones Kamenge et Kinama en mairie de Bujumbura.
Le directeur adjoint de la Protection civile et gestion des catastrophes admet que les changements climatiques ont causé un lourd bilan humain. Il cite notamment les inondations de Gatunguru avec un bilan de 78 personnes mortes et plus de 20 mille personnes déplacées.
Des routes morcelées, des maisons détruites. Sans oublier les ravins qui menacent les habitations.
L’absence d’études des sols, un grand défi
Pour le géographe Jean-Marie Sabushimike, le plus important est d’abord d’identifier les vraies causes de ces catastrophes. Outre le réchauffement climatique, cet expert évoque l’absence d’études de sols pour la construction. D’après lui, avant de procéder à l’ouverture des parcelles, l’Etat devrait faire une étude pour identifier quels risques la zone présente, quelles conséquences après autant d’années…
Le non-respect des normes de construction, notamment 150m depuis le bord du lac, est un autre manquement qui entraîne des catastrophes, assure ce géographe. Mais aussi l’absence du cadre légal, notamment la loi sur la gestion des catastrophes réclamée depuis longtemps, la loi pour la prévention des risques, etc.
Quant à Omer Niyonkuru, directeur des projets à l’Office burundais de l’urbanisme et l’habitat (Obuha), la grande ampleur des dégâts causés par les catastrophes est due, en grande partie, aux constructions anarchiques. « C’est de la malhonnêteté, quelque part », observe-t-il. Et d’expliquer : « Avant de construire, un propriétaire voit qu’il y a un danger. Mais il construit et se dit qu’une fois que le problème surviendra, il va le confier à l’Etat. »
Ce responsable de l’Obuha estime que l’Etat n’est pas capable de contrôler toutes les constructions du pays pour empêcher les constructions anarchiques. « A moins qu’il engage sur chaque parcelle une personne pour surveiller».
Il est déplorable qu’un administratif local puisse constater une construction illégale et laisser le propriétaire terminer sa maison sans le signaler.
L’expert Jean-Marie Sabushimike recommande la cartographie des zones à risques. En cas de nécessité, déménager la population qui habite ces zones rouges. Et de conclure : « Il est grand temps de passer à l’action.»
Le représentant de World initiative for the nature (WIN), organisation engagée dans la protection de l’environnement, recommande d’intégrer une enveloppe pour la gestion des catastrophes dans les budgets des communes.