Cinq Bafulero et un militaire de l’armée congolaise tués. C’est le bilan d’un affrontement armé qui a opposé, lundi 30 juillet, la communauté des Barundi de la RD Congo et les combattants Maï-Maï de la tribu des Bafulero.
A l’origine de ce conflit sanglant, la contestation par les Bafulero de la légitimité du [royaume des Barundi de la plaine de la Ruzizi->www.iwacu-burundi.org/spip.php?article2687]. Les combats se sont déroulés à Mutarure dans la localité de Luberizi. Une source haut placée affirme que plus de dix personnes ont été grièvement blessées au cours de ces affrontements. D’après cette même source, les blessés sont pour le moment admis dans 2 hôpitaux de Luvungi et Uvira.
Selon une source locale, les combats ont duré plus de 5 heures. « Ce n’est que vers 16 heures que les militaires venus d’Uvira ont pu remettre les choses en ordre. Les combats avaient commencé à 10 heures », précise-t-elle.
Bakenga Nabuhoro, un rescapé de ce conflit, témoigne: « Un groupe de Bafulero, en compagnie de combattants Maï-Maï, est descendu des montagnes surplombant la région de Luberizi où vit une grande communauté de Barundi pour profaner le tombeau de leur roi tué à la fin du mois d’avril de cette année. Ces combattants avaient l’objectif de capturer le nouveau roi et d’occuper en même temps les terres des Barundi. »
Assis sur son lit à l’hôpital de Luvungi, ce septuagénaire raconte que les Barundi ont opposé une résistance farouche aux combattants Mai-Mai armés de fusils et de gourdins. « Ce qui nous étonne, c’est que les militaires n’ont rien fait pour nous secourir. On dirait qu’ils assistaient à un match de football. », dit-il au moment où il se préparait à recevoir des soins à la tête. Ce père de 8 enfants affirme qu’ils ont pu repousser l’attaque des Bafulero grâce aux armes blanches.
Des mobiles politiques derrière cet incident
Cette attaque a été précédée par une manifestation organisée par les Bafulero en date du 28 juillet. Les manifestants scandaient des slogans appelant la population à se révolter contre l’autorité royale des Barundi de la collectivité de la plaine de la Ruzizi. D’après un sage de la région, le royaume des Barundi de la RD Congo est, depuis quelques jours, soumis aux multiples pressions de la tribu des Bafulero qui refuse sa légitimité.
Mbunde Gahungu Chéria, conseiller du roi dit que les Barundi ne vont pas quitter le territoire qu’ils occupent depuis bientôt trois siècles. Il dénonce l’impunité qui a suivi la libération des présumés auteurs de la mort du roi des Barundi Floribert Nsabimana Ndabagoye, dit Kinyoni II.
Contacté à ce sujet, le roi coutumier des Barundi précise qu’il y a des mobiles politiques derrière cette situation. Richard Nijimbere, connu sous le nom dynastique de Kinyoni III, invite plutôt les différentes tribus à enterrer la hache de guerre et à développer leur région. Au gouvernement de Kinshasa, le jeune roi de 24 ans demande une commission mixte pour résoudre les différends qui les opposent.
Après cet incident, des réunions mixtes de sensibilisation sont régulièrement tenues pour faire baisser la tension. Les administratifs à la base en collaboration avec la société civile et les sages multiplient des messages de paix et de tolérance mutuelle. Pour le moment, une délégation du gouvernement provincial du Sud Kivu séjourne dans cette région. Une autorité provinciale rencontrée sur place a révélé que des enquêtes minutieuses sont menées pour comprendre ce qui s’est passé.