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RCN Justice & Démocratie : « La société civile, un acteur incontournable »

05/05/2013 Commentaires fermés sur RCN Justice & Démocratie : « La société civile, un acteur incontournable »

La société civile a été invitée, ce 5 décembre, à partager et éclairer les thématiques de la Justice Transitionnelle. C’était dans un atelier de concertation organisé, au restaurant Hibiscus, par RCN Justice & Démocratie dans le cadre de son programme « Pour une justice conciliatrice et de proximité. »

<doc2268|left>Les thèmes qui ont été débattus sont la Vérité, la Justice, les Réparations, la Réforme des institutions et la Réconciliation. Une trentaine de participants venus des confessions religieuses, des associations des veuves et orphelins, des Guides, de la Ligue Iteka, des médias,… se sont regroupés pour mieux partager, restituer et faire une synthèse. Présents sur terrain, ils peuvent témoigner et nourrir la réflexion.

Ils ont jugé que la vérité est absolue et distincte par rapport à chaque personne. Tout le monde est appelé à dire la vérité selon les appartenances ethniques, sociales, géographiques,…sur ce qui s’est passé. Les membres de la société civile distinguent plusieurs niveaux de vérité : individuelle, judiciaire et historique. Les débats sur la vérité ont fait apparaitre un fort scepticisme sur la volonté politique à faire de la lumière sur les évènements tragiques qui ont frappé le Burundi.

Pour ces participants, la justice, quant à elle, doit permettre de mettre fin à l’impunité. Cela implique, selon eux, un rejet unanime de l’amnistie ou toute forme de pardon qui serait décréter par l’Etat. Par ailleurs, des réserves ont été émises quant à l’indépendance du système judiciaire, à sa capacité de juger les crimes commis de manière équitable et rapide. Les participants ont constaté unanimement que le rôle d’Umushingantahe (notables) perd progressive de sa valeur dans la société. Mais qu’ils peuvent, eux aussi, aider à la bonne marche du processus.

La réconciliation, processus de la Justice Transitionnelle

La réparation, pour les victimes, est un thème controversé au sein des membres de la société civile. Cette dernière est consciente que l’Etat dispose de capacités limitées. Selon eux, une part des dommages est à jamais irréparable, par exemple s’il y a eu mort d’hommes. Mais certaines réparations sont possibles : symboliques (construction des monuments), directes comme remettre un bien volé,… Les participants trouvent que rétablir aussi la responsabilité des uns et des autres est une autre forme de réparation.

Quant à la réconciliation, elle est perçue comme un enjeu et un objectif majeur du processus de Justice Transitionnelle. Les membres de la société civile indiquent que la réconciliation est une démarche individuelle du criminel vers sa victime, et ne devrait en aucun cas être décrétée par l’Etat. Mais tout commence par une cohabitation pacifique des protagonistes.

Pour les participants, la reforme des institutions consiste à y retirer les individus qui ont trempé dans les différents crimes commis au Burundi et les incompétents. Chaque personne doit occuper un poste auquel il a été formé pour éviter les dérapages.

D’autres ateliers seront organisés pour la société civile : à Bujumbura le 6 décembre, à Ngozi le 8 décembre, à Gitega et Makamba. Mathilde Renault, responsable du projet RCN, indique que la réflexion qui sera tirée de ces ateliers sera restituée aux décideurs politiques pour le colloque national sur la Justice Transitionnelle, prévu pour le premier trimestre en 2012. « RCN Justice et Transition, précise-t-elle, place l’humain au cœur de ce processus, notamment la société civile qui est un acteur incontournable. »
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{ Inspirée de l’expérience du Rwanda

La RCN Justice et Démocratie a vu le jour au lendemain du génocide au Rwanda de1994. Elle a commencé ses activités au Burundi en 2001 et d’autres ateliers ont déjà été organisés à l’endroit des magistrats et autres fonctionnaires de l’Etat. RCN a aussi organisé des groupes de paroles et a fait jouer des pièces de théâtre, traitant de la justice et du conflit burundais, presque dans tout le pays : « Habuziki ? », « Si ayo Guhora »,… De là, elle a favorisé la libération de la parole sur les collines. Au total plus de 300 mille personnes y ont participé et étaient souvent encadrées par des animateurs bien formés et des psychologues.}
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