Vendredi 22 novembre 2024

Politique

Rapport d’étape de la CVR : Un rapport salué par les uns et décrié par les autres

Rapport d’étape de la CVR : Un rapport salué par les uns et décrié par les autres
Le bureau du Parlement lors de la présentation du rapport d’étape au palais des congrès de Kigobe.

Ce sont des crimes de génocide contre les Hutu, crimes contre l’humanité contre les Hutu et les Tutsi du sud, absence de crimes de guerre. La déclaration faite par le président de la CVR lors de la présentation du rapport de qualification devant le Parlement réuni en congrès à l’hémicycle de Kigobe, lundi 20 décembre ne fait pas l’unanimité. Certains politiques fustigent la démarche de la commission.

Par Rénovat Ndabashinze et Félix Haburiyakira

Dans sa démarche, Pierre Claver Ndayicariye, président de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) tient à rappeler les caractéristiques d’un génocide. « L’on parle de génocide quand il y a des crimes commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». Selon lui, il doit y avoir une planification de ces crimes. Et de s’interroger si les crimes commis au Burundi peuvent être qualifiés de crimes de génocide.

D’emblée le président de la CVR évoque le cadre légal. Pour lui, il faut une qualification juridique du crime. « L’article 197 du Code pénal en vigueur a intégré l’article 2 de la Convention sur le génocide. L’article 19 de la Constitution stipule que les conventions et traités ratifiés par le Burundi font partie intégrante de l’arsenal juridique burundais ».

La Constitution du Burundi, précise-t-il, montre que les Hutu, les Tutsi et les Twa sont des groupes ethniques protégés par la loi. D’après lui, explique-t-il, il reste à démontrer que ceux qui ont tué avaient l’intention d’exterminer un groupe de Burundais ou une partie de ceux-ci.

Quid de l’intention génocidaire ?

Pierre Claver Ndayicariye s’appuie sur les résultats des enquêtes effectuées à travers tout le pays. « La CVR a auditionné certains Burundais encore vivants qui ont trempé dans les massacres et qui l’ont accepté. Elle a analysé ce qu’ils ont dit, ce qu’ils ont fait, la politique du pays prévalant à cette époque, et comment les crimes ont été planifiés dans tout le pays ».

Selon lui, les écrits et les archives collectés auprès des institutions étatiques montrent qu’il y a eu un plan d’exterminer les Hutu. Et de préciser que des preuves irréfutables de ce plan apparaissent dans les décisions politiques, administratives, judiciaires prises par le régime de Micombero.

D’après les enquêtes de la CVR, les crimes commis contre les Hutu dénotent un caractère génocidaire. « Ce que la CVR a déjà récolte montre que les institutions étatiques en l’occurrence le chef de l’Etat, l’armée, l’administration, les services de renseignement et de la Justice ont été impliqués dans l’arrestation et les massacres des Hutu ».

M. Ndayicariye révèle que les victimes ont été tuées sauvagement. Les bourreaux savaient bel et bien leurs cibles. Et de marteler : « Ceux qui ont tué le faisaient sans distinction de l’âge et du sexe, même les enfants ont été tués. C’est évident que les massacres avaient été planifiés ». Et de préciser que les bourreaux auditionnés par la CVR ont fourni des preuves et que même certains ont donné des noms des commanditaires.

Par ailleurs, raconte le président de la CVR, la découverte des restes humains dans des fosses communes est une autre preuve de l’intention génocidaire. « Dans certaines provinces, les fosses communes ont été creusées d’une façon sophistiquée pour qu’il soit facile d’y jeter un grand de victimes. Des fosses communes creusées à l’avance en 1970 et en 1971 ».

La CVR dit avoir déjà exhumé des restes de 19.897 personnes jetées dans 691 fosses communes sur 190 déjà identifiées jusqu’ici dans 10 provinces du pays : « Les fosses communes sont parmi les signes indéniables confirmant que le pouvoir de Michel Micombero a planifié et exécuté les massacres contre les Hutu en 1972-1973». 
Selon les enquêtes de la CVR, les tueries ont visé surtout les intellectuels, des hutu ayant un certain revenu, des étudiants, des élèves et des écoliers. « Dans différentes écoles, on avait dressé des listes des élèves qui doivent être tués et les camions militaires étaient à la porte pour les embarquer ».

Les mêmes enquêtes révèlent que les religieux n’ont pas été épargnés. Le président de la CVR précise que les noms de certains de ces religieux ont été collectés par la CVR.

En outre, poursuit M. Ndayicariye, au mois de mai, les prisonniers Hutu ont été tués. Mais, tient-il à préciser, les Tutsi ont été libérés après vérification qu’ils sont Tutsi. « La CVR a eu une liste des noms des Tutsi libérés et s’est entretenue avec un Tutsi qui a été libéré par un officier».

Des mesures qui interrogent

Selon le président de la CVR, des mesures prises par le pouvoir de Micombero suscitent des interrogations. Le 29 avril 1972, fait-il savoir, le président Micombero a destitué tout le gouvernement. Une décision porteuse de tous les dangers, selon certains spécialistes. Par ailleurs, ajoute M. Ndayicariye, le président Micombero a nommé des gouverneurs militaires à la tête de toutes les provinces. Une autre preuve montrant que les institutions étatiques ont été utilisées et ont trempé dans les massacres.

Dans la foulée, raconte Ndayicariye, le président déclare un Etat d’exception. Il instaure un régime militaire d’exception et réorganise le fonctionnement des cours et tribunaux en temps de guerre.

Par ailleurs, poursuit le président de la CVR, dans les communes de Busoni et Vumbi, les administrateurs ont donné des emplois. De nouveaux contrats de travail ont été signés. Ces administratifs ayant embauché 58 employés y compris des policiers, enseignants, infirmiers, des secrétaires, des comptables en date du 24/4/1972 avant le début des massacres le 29/4/1972. Les massacres ayant été opérés du sommet à la base.

Selon les enquêtes de la CVR, il y a eu aussi confection des listes des maisons et propriétés appartenant aux Hutu. Les biens de ces derniers ont été confisqués. Les enquêtes révèlent que ces listes ont été préparées longtemps avant les massacres.

Une alerte étrangère

Selon les enquêtes de la CVR, des média, journaux et personnalités étrangers ont écrit sur ces crimes. « Le 19/5/1972, le Premier ministre belge a déclaré que le Burundi fait face à un génocide ».

M. Ndayicariye explique que depuis le 16/5/1972, les journaux belges tels que le Soir, la Libre Belgique, la Cité, le Peuple ont écrit que les massacres des hutu sont des crimes de génocide.
« L’ONU a sorti un rapport le 2 /7/1985 confirmant le génocide commis contre les hutu au Burundi », a-t-il ajouté.

Des recommandations

Selon M. Ndayicariye, les enquêtes de la CVR ont permis de conclure que les tueries ont été opérées par les institutions étatiques du sommet à la base. Ces enquêtes pointent du doigt le régime de Micombero et ses collaborateurs. Ils ont exécuté le plan d’extermination des Hutu à travers tout le pays. Et de conclure que les crimes commis en 1972-1973 constituent des crimes de génocide et des crimes contre l’humanité contre les Hutu.

En outre, ajoute-t-il, dans le sud du pays et de manière particulière à Rumonge, Nyanza-lac, Vugizo et sur le littoral du lac Tanganyika, les crimes contre l’humanité ont été commis contre les Tutsi et les Hutu venant de montagnes appelés dans le jargon local « Abamanuka » durant la première semaine du déclenchement des massacres le 29/4/1972. Les enquêtes de la CVR révèlent qu’il n’y a pas eu de crimes de guerre au Burundi.

Le président de la CVR recommande au gouvernement burundais de demander pardon aux Burundais. « Selon le principe de la continuité de l’Etat, nous demandons au gouvernement de demander pardon pour tous ces crimes commis contre les Burundais ». M. Ndayicariye suggère d’instaurer une journée de commémoration du génocide. Il demande au gouvernement de réhabiliter les victimes en leur restituant les biens et les maisons confisqués. Enfin, il recommande aux bourreaux de demander pardon. « Le pardon libère et guérit ».

Quid de la protection des témoins et des victimes ?

Quelques parlementaires lors de la présentation du rapport.

Les parlementaires ont salué le rapport tout en reconnaissant que la qualification des faits vient à point nommé.

Sabine Ntakarutimana, 1e Vice-présidente de l’Assemblée nationale a émis des inquiétudes quant à la protection des témoins d’autant plus que la CVR a cité quelques noms et leurs adresses.

A ce propos, le président de la CVR a reconnu le manque d’unité de protection des victimes et des témoins. Il promet que sa Commission est en train de voir comment les protéger. Toutefois, il se réjouit que jusque-là personne n’ait été inquiété.


>>Réactions

« Il faut que cette qualification soit reconnue au niveau international »

« Nous avons un sentiment de satisfaction. Le président de la CVR a donné toutes les raisons qui ont motivé cette qualification de génocide contre les Hutus. Cela nous réconforte parce que ça faisait partie de nos demandes », réagit François-Xavier Nsabimana, président du Collectif des rescapés et des victimes du génocide commis contre les Hutus du Burundi (Avant et après). Il apprécie aussi le fait que la CVR a indiqué, dans son rapport, qu’il y a des crimes contre l’humanité contre les Batutsi et les Bahutu qui descendaient dans les plaines à Rumonge, Nyanza-Lac et sur le littoral du lac Tanganyika.

Néanmoins, pour M.Nsabimana la satisfaction n’est pas totale: «Car, ce n’est qu’une étape. Une étape quand même qui vient d’ouvrir la vérité, de donner la lumière à un évènement qui avait été longtemps caché. »

Il demande que cette qualification soit reconnue au niveau international. « Nous demandons aussi la réparation morale des enfants des victimes et que le 29 avril soit un jour commémoratif des victimes. Nous plaidons aussi pour la réhabilitation des rescapés, des familles des victimes. »

M.Nsabimana encourage la CVR à continuer les enquêtes sur 1972 et d’autres périodes sombres de l’histoire du Burundi. Pour lui, la CVR est compétente pour qualifier ce qui s’est passé en 1972-73.

« La CVR risque de ne plus inspirer confiance aux Burundais »

Pour Me Pascal Ntahonkuriye, de l’Association des rescapés du génocide de Bugendana, dans un pays qui a connu des turbulences, une commission comme la CVR s’impose. « Mais est-ce que la CVR rencontre l’unanimité de tous les Burundais ? Depuis sa mise en place, on aura compris que ce n’est pas le cas. Les Burundais ne sont pas unanimes sur cette commission. » Il signale que dans d’autres pays où il y a eu des crises, jamais une telle commission n’a été composé par des nationaux uniquement. « La communauté internationale était intégrée pour qu’il y ait effectivement le sentiment d’impartialité. »

Revenant sur la qualification des événements de 1972, il ne veut pas polémiquer. « Elle peut être vraie ou fausse. Mais, est-ce que la CVR est- un organe compétent pour qualifier les actes de génocide ? », s’interroge-t-il. D’après lui, le génocide rentre dans la catégorie des crimes internationaux. Et dans ce cas, explique-t-il, il y a toute une procédure pour faire la qualification. « Comme ce sont des crimes dont la compétence dépasse même le territoire national, il s’impose que la Communauté internationale soit engagée pour qualifier le crime de génocide. »

Pour lui, la CVR, a tout simplement répondu au mandat qu’il lui a été donné. « Mais en le faisant, la CVR a enfreint une des dispositions de la loi qui la met en place stipulant que c’est une commission indépendante. »

Selon ce rescapé de Bugendana, ce qui est aussi inquiétant, durant tous ses trois ans, la CVR n’a travaillé que sur la crise de 1972. « On risque de croire que cette CVR a été mise en place pour enquêter sur 72 seulement. D’autres périodes sombres comme celle de 1993 semblent ne pas faire partie de ses préoccupations. Avec ce rapport, la CVR risque ne plus inspirer confiance aux Burundais. »

« C’est un bon travail »

« Nous avons bien accueilli le rapport de la commission avec beaucoup de satisfaction. Parce qu’enfin, les Burundais savent la vérité. Lorsqu’on connaît la vérité dans un pays qui a connu beaucoup de crises, nous considérons que c’est maintenant le début de la réconciliation nationale véritable », réagit, pour sa part, Abdul Kassim, président du parti Upd-Zigamibanga.

Pour lui, c’est aussi le début d’une période de détraumatiser, et des victimes, et aussi des bourreaux ou leurs enfants. « Parce que maintenant, au lieu de globaliser, on va se focaliser sur les vrais auteurs. Et la justice va mettre chacun devant ses responsabilités. »

M. Kassim considère aussi qu’avec ce rapport de la CVR, il va y avoir un décollage économique. « Les gens vont avoir confiance en eux et en leur pays. On peut cette fois-ci planifier pour l’avenir de notre pays. Bref, pour nous, la CVR a fait un bon travail. »

Pour arriver à la conclusion, le président du parti Upd-Zigamibanga indique que le président de la CVR a présenté les faits, les justifications que ça soit au niveau du droit international ou national. « L’étape suivante revient au Parlement pour voter une loi et aux tribunaux de commencer le travail. »

« Nous rejetons en bloc ce rapport »

Pour Olivier Nkurunziza, président du parti Uprona, un rapport d’étapes pour une commission comme CVR est vraiment nécessaire. Néanmoins, le parti du Prince Louis Rwagasore n’est pas d’accord avec le contenu. « Il y a des points que notre parti ne peut pas accepter. Nous rejetons en bloc les accusations contre notre parti disant qu’il fait partie des groupes qui ont planifié pour exécuter les Burundais victimes des crimes contre l’humanité commis en 1972-73. »

Il reconnaît néanmoins que son parti était aux affaires comme parti unique après la suppression de tous les autres partis politiques, le 23 novembre 1966. M.Nkurunziza dit ne pas comprendre comment un parti peut exécuter ses propres membres. Et d’ailleurs, souligne-t-il, certains cadres du parti ont été enlevés et assassinés. Ici, il donne l’exemple d’un certain Grégoire Ndikumana, hutu, qui était le secrétaire-général adjoint du parti Uprona ou d’un certain Térence Mpozenzi, ancien ministre. « Hutu, il était élu parmi les secrétaires nationaux du parti Uprona. Il y a aussi Cyprien Baranzitsa. Même les autres communes, au niveau national, les responsables du parti ou de la Jeunesse Révolutionnaire Rwagasore (JRR) ont été enlevés et assassinés. »

Pour lui, il y a un agenda caché, peut-être, pour diffamer son parti à des fins politiques. Il rappelle d’ailleurs que le parti Uprona est une personnalité morale. Et pour prendre des décisions qui l’engagent, il indique que le processus est connu. « Jusqu’à preuve du contraire, il n’y a aucune décision qui a été prise par les membres du parti pour les inciter d’aller tuer leurs concitoyens. Et d’ailleurs, c’était impossible parce que ceux qui devraient prendre des décisions avaient été enlevés et assassinés. »

D’après lui, le parti Uprona a connu des problèmes à cette époque-là. « Il y avait des JRR partout mais qui ont peut-être agi sur injonction d’un administrateur, d’un agent de l’ordre, et non sur injonction d’un responsable de la JRR au niveau national qui était Emile Mworoha. »

Il trouve qu’il n’y a pas de vérité dans les accusations à l’endroit du parti Uprona. « Notre parti n’est pas génocidaire. Le parti Uprona est vieux de plus de 60 ans. Il est acteur dans tout ce qui s’est passé dans le pays. Et il est là pour se défendre et montrer que tout ce qu’on dit n’a aucune valeur. Nous demandons à la CVR de travailler sans émotion. »

M. Nkurunziza souligne d’ailleurs que les membres de la CVR sont des personnes qui peuvent se tromper, qui ont des tendances. « Nous leur rappelons de chercher une vérité qui réconcilie les Burundais. Sinon, s’ils continuent à faire cela, le parti Uprona rejette en bloc effectivement le rapport. » En cas d’amendement, nuance-t-il, son parti est prêt à l’accepter.

« C’est un pas en avant »

Du côté du parti APDR, c’est un pas en avant. « Car, auparavant, c’était comme un tabou de déclarer qu’il y a eu un génocide contre les Hutu en 1972. Je pense que personne au Burundi ne peut nier ça », déclare Gabriel Banzawitonde, le président de ce parti. Il demande au gouvernement de décréter qu’il y a eu un génocide en 1972. « Il faut ériger un monument, une maison où on peut mettre tous les documents, toutes les traces en rapport avec cette tragédie. Il faut aussi instaurer une journée dédiée à la réconciliation.»

Ce politicien proche du pouvoir estime que le Burundi vit jusqu’aujourd’hui, les conséquences de 1972. « Les cicatrices de 1972 existent encore vivaces. Ainsi, nous demandons que les commanditaires encore en vie soient poursuivis et jugés mais sans globalisation. »

« C’est la déception »

« A travers ce rapport, il apparaît beaucoup de mensonges, de contradictions. Il fait de l’amalgame entre les dates fatidiques qu’a connues le Burundi. Il parle de 65, 69, 72, 73. Il mélange tout comme si les Burundais n’en savaient rien. Il justifie 65, 69 par 72. Ce qui n’a pas de sens », analyse Tatien Sibomana, politicien.

D’après lui, quand la CVR dit que tous les Tutsi massacrés en 1972 l’ont été parce qu’ils avaient caché les Hutu, ou bien parce qu’on se disputait des richesses, ce politicien trouve que c’est un pur mensonge. Il cite certains noms comme Mpasha et Biyorero, qui, selon lui, ont animé la rébellion auteure du massacre de ces Tutsi. Selon lui, la CVR n’a pas voulu évoquer le drapeau qui avait été hissé dans les communes de Burambi, Buyengero d’un parti politique, les slogans qui étaient lancés, etc.

Il voit d’ailleurs une précipitation dans le travail de la CVR. Curieusement, commente-t-il, on a sauté toutes les autres dates pour concentrer les efforts sur 1972 : « Pourquoi cela ? Et n’oubliez pas que le mandat de la CVR se termine avec le mois de novembre 2022, ça peut-être une autre raison de cette précipitation. Une stratégie peut-être de solliciter un autre mandat. »

Pour lui, cette commission veut servir le régime en place et pas les Burundais qui ont tant besoin de la vérité, de la justice.

Et de se résumer : « J’ai reçu ce rapport avec un sentiment de déception et d’amertume. Parce que justement une commission qui avait été convenu pour clarifier l’histoire afin que les Burundais sachent à quoi s’en tenir et proposer des voies de sortie, des voies de réconciliation et à entendre le contenu de ce rapport, il y a de quoi être déçu. »

Afin de faire éclater la vérité au grand jour, Tatien Sibomana demande aux Burundais de sortir de la torpeur pour dire les choses telles qu’elles se sont passées. « Il y a une vérité de la CRV, il faut que désormais une autre vérité pour ne fût-ce que confronter les deux. Ce qui permettra à un lecteur avisé de tirer une conséquence logique. »

Il se demande d’ailleurs si ce rapport de la CVR est de nature à réconcilier les Burundais : « Je pense que la CVR qui était, conformément à l’Accord d’Arusha, commission nationale pour la vérité et la réconciliation, a pêché sur ce fait qu’elle n’a plus la même orientation qu’avait tracé l’Accord d’Arusha. »

D’après lui, la CVR s’est donné la latitude d’être une commission juridique ou judiciaire. Il rappelle qu’avec l’Accord d’Arusha, il était prévu la mise en place d’une commission internationale d’enquête judiciaire qui a la latitude de qualifier les crimes. « Et cette CVR s’est donné la compétence. »

CVR

Forum des lecteurs d'Iwacu

8 réactions
  1. Kagabo

    De la politique , rien que la politique!!! Nous allons venir un jour et balayer tout ce qui est politique, surtout la politique de négation comme nous la voyons du cas de Tasiyano!!!! On le sait bien que Tasiyano est de l’aile dur et pire, mais le temps viendrait un jour pour lui dire que assez est assez. Et il faut savoir qu’un jour ce genre de message de négationnisme n’aura pas de place dans la démocratie que même qu’eux ne croient pas.

  2. Mahoro

    Abantu bose bahakana l’atrocité des machettes de 1972 ntaco numva nobabwira kabisa!!

    • Yan

      Propagande des plus forts du moment. Les victimes étaient inaudibles, comme toujours…

  3. Chers concitoyens de la CVR, si votre rapport est pour créer encore de la division, jetez-le à la poubelle.
    Les burundais ont besoin de la paix et non resasser le passé pour reveiller les vieilles rancoeurs. Kuzura akaboze ntawe vyerera. Sachez raison garder sinon on retournera vite fait dans nos génocides. Il faut avancer. Nous avons tous perdu les nôtres mais avancons au lieu de resasser le passé. Merci.

    • Benit

      Je suis choque par les gens qui ne donne pas la valeur au dernier rapport de la CVR, j’ai tres bien suivi tout ce qui etait dit au palais des congres de Kigobe, je n’ai jamais entendu nul part ou on n’a parle de vengeance, le seul mot que j’ai entendu c’est la demande de pardon cad on a demande aux bourreaux de demander pardon aux victimes et on a demande aux victimes de pardonner, dire ko ari ukuzura akaboze c’est faux et archifaux parceque de toutes les facons nous devons connaitre notre histoire, bonne ou mauvaise nous devons la connaitre, pour que nous ne repetons pas ce qui est mauvais et nous retenons ce qui est bon, pour ce qui s’est passe en 1972 il y a encore des victimes qui ont encore des plaies dans leurs coeurs par manque de leurs membres de famille, et pour d’autres ils ont ete depourvu de leurs biens ( meubles et immeubles) il faut qu’il y est reparation a ses gens , la reparation ne signifie pas la vengeance, moi je serai parexemple content de voir la personne qui a amene les commandos a faire decimer la famille de mon grand frere en 1993 venir me demander pardon, je le connais et je sais la ou il habite, mais malgre ca je ne peut pas me vanger, car si je me vange mon grand frere ne sera pas de retour, et en plus ca sera un pechet pour moi, mais le mot pardon de sa bouche me soulagera. Alors le pardon engendre une reconciliation parfaite, je pense qu’a cote de chez nous au Rwanda il y a des gens qui ont demande pardon aux familles des victimes et ils ont ete pardonnes. Si cela aussi peut se faire pour toutes les personnes des atrocites qu’a connu notre pays je pense que ca peut nous amener a une vraie recinciliation nationale que ca ne reste pas seulement pour le genocide de 1972, mais aussi pour d’autres tragedies qu’a connu notre pays.

    • Monsieur Ndikumasabo c’est que tu dis est faux et très grave. Premièrement il n’y a pas eu plusieurs génocides au Burundi, il y’a un, et il est toujours en cours. Les responsables ne se cachent pas et le disent devant les caméras, sur YouTube il y a plein de leur discours. Tu dis kuzura akaboze, et les génocidaires utilisent le même discours pour cacher les crimes. Les enfants qui se disent rescapés de 1972 n’ont pas fait grand chose pour mettre la lumière des évènements de 1972 et je suppose que c’est parce qu’ils sont conscient des crimes commis à l’époque et ils préfèrent kutazura akaboze.

      • Yan

        « Les enfants qui se disent rescapés de 1972… »
        Pour toi ils se disent rescapés…; donc tu doutes. Mêmes tous ceux qui ont grandi sans un parent (et ils sont nombreux; parmi les moins connus et les plus connus).
        Je pense que si la majorité des burundais pensent comme toi, ce conflit est parti pour durer un siècle (une guerre de 100 ans).

  4. Bellum

    CENI et CVR même combat ! Nous venons de voir en moins d’une année les deux commissions à l’œuvre. La CENI a produit des élections sur commande avec des résultats tellement mal montés que des enfants de la 5ème primaire auraient mieux fait les additions tronquées. La CVR vient de produire un rapport tout aussi de commande qui détruit toute idée de vérité et de réconciliation. Nous sommes un peuple qui rate tout ce qu’il entreprend. Nous avons raté l’indépendance avec l’assassinat du prince Rwagasore, avons raté la démocratisation avec l’assassinat de Ndadaye, avons raté la restauration de la démocratie avec l’assassinat des Accords d’Arusha en 2015 et les élections tronquées de 2020, et ratons la vérité et la réconciliation par une CVR de commande.

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