A ce jour de lancement de la campagne électorale, Iwacu dresse les portraits des 7 candidats à la présidentielle du 20 mai prochain.
Dieudonné Nahimana, le candidat pasteur
Le plus jeune des candidats est né en 1974 dans la province Muyinga. Devenu orphelin avec la sanglante crise de 1993, le jeune Dieudonné n ‘a pas pu terminer ses études. Inspiré par son parcours d’enfant de la rue, il fonde l’association New Generation en 1998. Son objectif ? Offrir une formation professionnelle aux jeunes dans le but de produire des biens et des services pour un développement socio-économique durable. Homme d’Eglise, il est pasteur principal de l’Eglise Oasis Christian Center sise à Bujumbura. Bon orateur, il s’est fait remarquer en organisant des conférences de jeunes sur le leadership .Pour certains, ces assemblées lui ont permis de gagner un capital-sympathie auprès des jeunes. Candidat indépendant à la présidentielle du 20 mai prochain, Dieudonné Nahimana débute sa campagne à Bujumbura. Précisément dans la zone Kinindo en commune Muha.
Evariste Ndayishimiye, « Samurarwa », l’héritier
Le candidat du Cndd-Fdd à la présidentielle de mai prochain est un natif de la province Gitega. Evariste Ndayishimiye, dit « Neva » est né dans la commune Giheta en 1968.
En 1995, lors du massacre des étudiants au campus Mutanga, il interrompt ses études de droit à l’Université du Burundi et rejoint le maquis.
Au sein des Forces de défense de la démocratie (FDD), il va gravir tous les échelons jusqu’en 2003, l’année de signature de l’accord de cessez-le-feu avec le gouvernement. Et il entre alors dans la structure de l’administration.
A l’instar du maquis, il occupera de multiples fonctions. Il est nommé ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique en 2006. Devenu par la suite chef de cabinet militaire à la présidence, ensuite à la tête du cabinet civil, etc. Le Général major Evariste Ndayishimiye quitte l’armée en 2016 avant d’être élu Secrétaire général du Cndd-Fdd.
Pendant qu’il exerçait les hautes sphères de l’Etat, Evariste Ndayishimiye serait resté, selon plusieurs sources, membre d’un trio de généraux très influent. Son nom n’est pas cité dans des dossiers de corruption, de blanchiment d’argent ou de crimes.
Pour ses supporters, il est «clean» aux yeux de la population. Simple, modeste, proche de la population, on ne lui connaît pas une grande richesse illicite. Pour son premier meeting, il a choisi la commune de Bugendana dans sa province natale.
Domitien Ndayizeye, l’inusable
Ingénieur de formation, Domitien Ndayizeye est né le 2 mai 1953 à Murango (Kayanza). Il s’exilé à l’âge de 19 ans vers le Zaïre suite à la tragédie de 1972. Après ses études en Belgique et son exil au Rwanda, Domitien Ndayizeye va rentrer s’installer au Burundi sous la demande du président Ntaryamira. Avec la transition, il a été respectivement vice-président de la République (2001-2003), puis président de la République du Burundi (2003 à 2005). En août 2006, il est arrêté, accusé d’avoir participé à la préparation «d’un coup d’État». Il est acquitté et libéré le 15 janvier 2007.
L’ancien chef d’Etat est actuellement un des leaders du parti RANAC dont il est d’ailleurs le candidat. Cela après avoir fait un passage éclair au Frodebu Nyakuri. Avec Dr Yves Sahinguvu, ancien Premier vice-président de la République, ils sont membres de la coalition Kira Burundi. Pour le premier jour de sa campagne, la coalition Kira-Burundi s’est dirigée dans la province Muramvya.
Léonce Ngendakumana, un dernier baroud d’honneur
Léonce Ngendakumana est né le 10 avril 1958 en commune Isare, province de Bujumbura. A 15 ans, il s’exile au Rwanda où il va faire tout l’enseignement secondaire. Il rentre au pays natal en septembre 1981 pour poursuivre les études universitaires, de 1984 à 1989 à la Faculté des Sciences, département de Chimie de l’Université du Burundi. Il est recruté comme assistant à l’Université du Burundi (ISA) où il exerce ses fonctions de février 1990 à juin 1993. Politiquement, il a occupé plusieurs postes. De juin 1993 jusqu’en 2010, il a été député à l’Assemblée Nationale du Burundi. De 1995 jusqu’en 2002, il a exercé les fonctions de président de la même Assemblée. Membre de la Commission de Suivi de l’application de l’Accord d’Arusha et de son Comité exécutif de 2002 à 2005, M. Ngendakumana dirigera le parti Sahwanya Frodebu pendant onze ans, et en sera secrétaire général pendant huit ans.
Léonce Ngendakumana est vice-président depuis juillet 2016. En décembre 1996, il a reçu au siège des Nations unies à New York, la première distinction honorifique pour la défense de la Démocratie au Burundi. Il lance sa campagne en zone Kinama de la commune Ntahangwa en Mairie de Bujumbura.
Francis Rohero, un indépendant déterminé
Détenteur d’une Maîtrise en sciences économiques, Francis Rohero est cadre administratif à l’Université du Burundi. Il est aussi l’initiateur du Mouvement Orange. Né le 16 janvier 1972 dans la zone de Rohero en Mairie de Bujumbura, Francis Rohero a perdu son père lors de la crise de 1972. Il avait à peine 4 mois lors de la disparition de son père. Francis Rohero a été élevé par sa mère qui ne s’est jamais remariée depuis cette tragédie. Il a longtemps vécu dans la zone Nyakabiga en mairie de Bujumbura. C’est un mordu de football.
Francis Rohero a fait ses études primaires à l’Athénée primaire de Bujumbura avant d’intégrer le Lycée du Saint-Esprit de Bujumbura. En 3ème année du secondaire, il entre au Petit Séminaire de Buta en province Bururi. Ses anciens collègues de Buta se souviennent d’un très bon joueur de football et ses talents de pacificateur lors de la crise de 1993 lorsque les élèves Hutu et Tutsi se regardaient en chiens de faïence.
Très pieux depuis son jeune âge, catholique pratiquant, il intègre le Grand Séminaire de Burasira puis celui de Bujumbura. Il fait trois ans de philosophie. En 1997, il s’envole pour le Cameroun. Il s’inscrit à l’Université Yaoundé II dans la Faculté des Sciences Economiques. «J’ai toujours voulu faire l’économie comme mon père». Il devient même le président de la Communauté Burundaise de Yaoundé (COBY). Revenu en 2004, il a occupé le poste de conseiller à la 2ème vice-présidence de la République jusqu’en 2008. Marié, Francis Rohero est père de 3 enfants. Il a été militant du Cndd-Fdd jusqu’en 2006. Il quitte ce parti pour intégrer l’UPD Zigamibanga dont il sera membre jusqu’en 2010. Francis Rohero a démarré sa campagne en mairie de Bujumbura, au terrain Tempête sis au quartier Kabondo en commune Mukaza.
Agathon Rwasa, l’opposant numéro 1
Né en 1964, à Kiremba, province Ngozi, Agathon Rwasa part en exil, en Tanzanie, en 1988 après les massacres de Ntega (Kirundo) et Marangara (Ngozi). Marié, il est père de cinq enfants.
Etudiant en psychologie à l’Université du Burundi, il était en vacances quand cette tragédie s’est produite. En 1990, il adhère au mouvement Palipehutu à partir du camp de Kilwa à Tabora. Après près de 20 ans au maquis, il rentre au pays en 2008 après des négociations avec le pouvoir Cndd-Fdd. En 2009, Rwasa est démobilisé sous le grade de Lieutenant général et son mouvement est agréé comme parti politique mais avec changement de nom : Palipehutu devient FNL (Forces Nationales de libération).
Rwasa devient le patron de l’Institut National de sécurité sociale (INSS). En 2010, à 46 ans, son parti le désigne comme candidat à la présidentielle.
Malgré l’espoir de gagner les élections, à la proclamation des résultats, le 25 mai 2010, son parti se retrouve avec seulement 14%. Lui et d’autres opposants dénoncent une fraude électorale. C’est dans la foulée qu’est née l’ADC-Ikibiri. Le pouvoir déclare cette coalition illégale, Rwasa menacé de mort, d’après ce qu’il a dit, entre dans la clandestinité.
Le parti FNL va connaître alors des scissions de toute nature avec le départ de Pasteur Habimana. A leur tour, Emmanuel Miburo et Jacques Bigirimana forment une aile dissidente qui sera agréée par Edouard Nduwimana, alors ministère de l’Intérieur. Certains des fidèles d’Agathon Rwasa sont traqués, tués, emprisonnés, etc.
Rwasa va réapparaître en 2013. En 2015, à l’issue des élections contestées par l’opposition dont il faisait partie, M. Rwasa va finalement intégrer les institutions. Depuis, il occupe le poste de 1er vice-président de l’Assemblée Nationale. En février 2019, le gouvernement autorise son nouveau parti, Conseil national pour la liberté (CNL) dont il est le meneur dans ces élections de 2020.
Agathon Rwasa a choisi Ngozi sa province natale pour commencer sa campagne.
Gaston Sindimwo, candidat de l’Uprona
Gaston Sindimwo, actuel Premier vice-président de la République, est né à Bwiza dans la municipalité de Bujumbura en 1961. Il est le premier membre du parti Uprona à terminer le mandat de 5 ans dans ce poste occupé par le parti de Rwagasore depuis 2005.
Originaire d’une famille modeste, Gaston Sindimwo fait ses premiers pas à l’école à Saint Michel et poursuit ses études secondaires du cycle inférieur au lycée Maranatha de Kivoga. Il poursuit une deuxième tranche de ses études secondaires à l’Ecole secondaire d’art de Gitega où il obtient le diplôme A 2 en Art.
M. Sindimwo commence des études de licence en science politiques à l’université Saint Lawrence en Ouganda en 2010. Il est alors chef de cabinet adjoint à la Première vice-présidence. Selon ses services, il détient aussi un diplôme de Master en ligne dans les sciences politiques et relations internationales délivré par une Ecole doctorale des études stratégiques et de développement basée en France.
Gaston Sindimwo a commencé sa carrière politique très jeune au sein des mouvements affiliés au parti Uprona (pionnier et JRR). Il a occupé plusieurs postes au sein du parti et a été au service de tous les présidents qui ont dirigé l’Uprona : chef de l’imprimerie du parti, secrétaire permanent, secrétaire général du parti. Il est actuellement président du comité d’orientation de l’Uprona, organe dirigeant de ce parti.
La dislocation de son parti en plusieurs ailes constitue l’une de ses faiblesses essentielles. D’ailleurs, une frange de Badasigana menée par M. Mbayahaga a déclaré qu’elle votera pour le candidat du parti au pouvoir. Pour son premier jour, le candidat Gaston Sindimwo a choisi la commune Gisozi dans la province Mwaro.