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Rapatriés : réapprendre le kirundi et le français …

05/05/2013 Commentaires fermés sur Rapatriés : réapprendre le kirundi et le français …

Depuis 2008, la plupart des réfugies Burundais des camps de 1972 se trouvant en Tanzanie ont regagné leur patrie. Parmi eux, de jeunes élèves. Anglophones et swahiliphones, ils ont du mal à s’adapter à l’enseignement essentiellement dispensé en français et en kirundi.

<doc6285|right>La plupart des jeunes rapatriés venus des vieux camps de réfugiés établis en 1972 vivent aujourd’hui dans les provinces du sud du Pays comme Makamba, Bururi et Rutana. Honest Kabura, 18 ans, est de Buruhukiro dans la province Bururi. Il raconte son histoire : « J’ai regagné ma patrie en 2008 et j’étais en 7ème année de l’école secondaire. Arrivé au Burundi, c’était connu, on devait reculer de deux ans pour pouvoir continuer les études. La mort dans l’âme, j’ai accepté de m’assoir avec les petits écoliers de la 4ème année primaire. C’était pour moi une humiliation », s’indigne ce jeune rapatrié.

Il poursuit son récit : « Je ne comprenais rien de ce que la maîtresse d’école disait. J’encaissais toujours des zéros lors des interrogations. J’ai passé seulement un mois sur le banc de l’école. Je ne pouvais pas continuer, la meilleure solution, c’était d’abandonner l’école et c’est ce que j’ai fait finalement.» Kabura affirme avoir pris cette décision parce qu’il ne parvenait pas à suivre les leçons données en français et en kirundi. « J’avais commencé l’école en anglais et en kiswahili. Je n’ai entendu le français et le kirundi, que quand je suis rentré d’exil, de plus j’ai rien dit à l’école, je croyais que cela ne valait pas la peine », souligne notre jeune rapatrié avec amertume. Il est conscient qu’il est en train de rater sa vie.

Pour Jacques Vyizigiro, jeune rapatrié, 19 ans, pas question de décrocher: « Arrivé au pays, j’ai trouvé que le système éducatif burundais est différent de celui de la Tanzanie. Cela décourage la plupart des écoliers rapatriés et il y en a qui ont abandonné l’école. » Mais à un certain moment, poursuit-il, la chance m’a souri : «  En rentrant au pays, j’ai été obligé de reculer de deux ans, j’ai été inscrit en 2ème année, j’ai persévéré jusqu’en 4ème année. Par après, j’ai entendu parler d’une formation de mise à niveau organisée par l’ONG RET (Foundation for Refugee Education Trust) et j’ai eu la chance de participer aux séances organisées par des formateurs. Grâce à ces cours dispensés souvent pendant les vacances, je parviens aujourd’hui à m’adapter tant bien que mal », confie-t-il.

<doc6286|left>Selon Audifax Nduwimana, un jeune adolescent rencontré au village de paix de Musenyi, cette formation a été bénéfique: « Maintenant je peux m’exprimer en français. Pour le kirundi, on dirait que c’est ma vraie langue maternelle. » Rentré d’exil en 2008, il a été rétrogradé de deux ans, mais grâce à cette formation de l’ONG RET, il a pu suivre les cours : « Après la formation, j’ai été admis au même niveau que celui que j’avais en Tanzanie. A la proclamation j’ai été 7ème dans une classe de 66 élèves, j’ai eu 65% avec une note de 125 points sur 200 en français », fait savoir ce jeune rapatrié avec fierté.

Jusqu’à maintenant, les résultats sont satisfaisants

Yared Nyandwi, directeur provincial de l’enseignement à Makamba (DPE), souligne que malgré les difficultés que rencontrent ces jeunes rapatriés, ils ont pu s’adapter : « Beaucoup d’élèves ne pouvaient pas s’exprimer en français ou en kirundi, il y en a qui avaient du mal à rester à l’école. Les uns ont rebroussé chemin et sont retournés en Tanzanie parce qu’il leur était impossible de suivre l’enseignement en français et en kirundi », explique-t-il.
« L’UNICEF a organisée des sessions de formation au niveau primaire et l’ONG RET au niveau secondaire. C’est grâce à ces formations que ces jeunes ont pu poursuivre leurs études. Les résultats sont jusqu’à maintenant satisfaisants », se réjouit Nyandwi. Ce programme est pour le moment terminé, le directeur provincial de l’enseignement à Makamba demande une autre phase de mise à niveau pour le primaire.

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