Certains rapatriés du village de paix de Murembera, en commune Giharo, ont des terres à cultiver, mais n’ont pas de semences. D’autres attendent toujours. Les conditions de vie sont déplorables.
« Dix familles de rapatriés n’ont aucun lopin de terre ; même ceux qui ont des terres cultivables manquent de semences», déplore Marie Bigirimana, rapatriée de la Tanzanie. Cette mère de cinq enfants est installée dans le village de paix de Murembera depuis 2009. Ce village de paix est situé à moins de dix kilomètres de la frontière tanzanienne, en commune Giharo, dans la province de Rutana. Quatre cents maisons de deux chambres chacune y sont construites. Elles abritent des rapatriés venus de la Tanzanie et de la République Démocratique du Congo.
Le village est presque vide d’hommes ce lundi : « Ils se sont dirigés au chef-lieu de la commune, à plus de 12 kilomètres pour recevoir l’assistance octroyée par la Brarudi », explique Marie Bigirimana. Aucun robinet d’eau dans le village. A un kilomètre, trois petites salles de classes. D’après Marie Bigirimana, le paquet retour ne suffit pas parce que chaque ménage bénéficie de dix kilos de maïs et trois kilos de haricots ou de petits pois par mois. Pour subvenir aux besoins de la famille, Marie Bigirimana et son mari doivent travailler dans les champs des résidents pour gagner un peu d’argent.
Des enfants souffrent de kwashiorkor
Gisèle Nahimana est rentrée de la République Démocratique du Congo l’année passée. Cette mère de cinq enfants affirme qu’elle n’a pas encore eu de parcelle à cultiver jusqu’à présent : « Mes enfants souffrent de kwashiorkor parce qu’ils sont mal nourris. » D’après Gisèle Nahimana, les enfants ne suivent pas les cours régulièrement faute de nourriture. Valérie Nyabenda du même village de paix constate que la maison est trop étroite : « Parents et enfants passent la nuit ensemble et cela a des conséquences sur leur éducation. »
Ces rapatriés demandent au gouvernement de subvenir à leurs besoins, plus précisément en vivres, en attendant qu’ils récoltent ce qu’ils ont semé. Sophie Tabu, responsable du village de paix de Murembera, confirme les propos des rapatriés. Pour elle, l’assistance en vivres n’est pas régulière. En outre, déplore–t-elle, le village de paix est dépourvu d’eau potable et de toilettes : « Les enfants n’ont pas le matériel scolaire suffisant. » La responsable du village de paix fait remarquer que dix familles de rapatriés n’ont aucun lopin de terre cultivable. Toutefois, elle se veut rassurante : « Nous espérons que le gouvernement pourra trouver une solution face à cette situation. »
« Ils doivent apprendre à travailler »
Eric Nibona, conseiller technique chargé des affaires administratives et sociales, reconnaît que les rapatriés du village de paix de Murembera ont des terres cultivables. Il précise en plus que les organisations comme PAM, FAO et IMC leur donnent des semences et des vivres : « ces rapatriés doivent plutôt apprendre à travailler au lieu de tout attendre des bienfaiteurs. » Concernant l’eau potable, Eric Nibona indique que le groupe technique provincial de travail sur la villagisation a déjà mené des études : « Il y aura l’adduction d’eau sur une distance de 20 kilomètres. L’UNICEF est en train de collecter les fonds pour ce projet. »
Elie Harindavyi, porte-parole du ministère de la Solidarité nationale explique que le ministère ne s’occupe pas de l’agriculture : « C’est la FAO qui leur donne des semences car ils ont des terre cultivables. » Barnabé Ndayikeza, chargé de la communication à la FAO, affirme que cette organisation assiste différents villages de paix y compris celui de Murembera en commune Giharo.
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Le village rural intégré de Murembera, en commune Giharo, a été construit en 2008, dans le cadre du projet appui à la viabilisation des villages ruraux intégrés pour le rapatriement et la réintégration au Burundi. Au moins 20.000 personnes réparties en 400 ménages ont bénéficié des maisons construites dans ce village de paix.