Plus de 500 réfugiés burundais en Tanzanie ont été rapatriés volontairement, ce mardi 19 septembre. Le ministre de l’Intérieur en prévoit plus de 12 mille qui doivent rentrer d’ici la fin de l’année.
Mardi 19 septembre. A 12h45, un convoi de sept bus débarque au poste frontière de Manyovu. Nous sommes à Kigoma, région de la tanzanie, voisine de la province Makamba, au sud du Burundi. A bord, 137 familles, soit plus de 500 réfugiés, en provenance du camp de Nduta. Ils rentrent dans le cadre de la campagne de rapatriement de 12 mille réfugiés burundais. Lancée à partir du mois de septembre jusqu’à la fin de cette année.
Ils sont de tous âges : vieillards, adultes, jeunes, enfants… mais majoritairement constitués de femmes et d’enfants. Visiblement, ils sont épuisés. Environ 200 km séparent le camp de la frontière. La joie mêlée d’émotions se lit tout de même sur leurs visages. C’est leur retour au pays natal.
Le ministre de l’Intérieur, Pascal Barandagiye, les accueille en territoire tanzanien. Il leur remet le drapeau national avant qu’ils ne franchissent la frontière. Un geste que plus d’un trouvera incongru. «C’est étrange. Il les accueille à l’étranger. Il devrait patienter qu’ils arrivent dans leur pays », entend-on par-ci, par-là.
Le représentant du HCR au Burundi, le Tanzanien Abel Mbilinyi, en compagnie d’une forte équipe de son organisation, est sur place. Il gagnera d’ailleurs le centre de transit de Gitara avec les rapatriés, à bord de l’un des sept bus. Les rapatriés se feront enregistrer et bénéficieront de l’assistance dans ce centre fraîchement construit en commune Mabanda.
Hassan Radjabu Gamaha, ambassadeur du pays d’accueil au Burundi, a fait également le déplacement. C’est la tripartite Burundi-HCR-Tanzanie qui est à l’origine de cette opération.
Un bon nombre de rapatriés est originaire de la province Rutana, voisine au nord de la province hôte. Certains étaient en situation de réfugiés depuis quelques mois, d’autres plus d’une année…. Les causes de leur départ en exil divergent. Certains évoquent l’insécurité qui a précédé et suivi les élections de 2015, le coup d’Etat manqué du 13 mai 2015, «la rumeur sur l’imminence d’une guerre colportée avant les dernières élections »… d’autres la famine ou affirment avoir été tout simplement entraînés.
Des rapatriés appelés à retrousser leurs manches
Les 137 familles vont passer la première nuit dans leur pays au centre de transit de Gitara. Celui-ci se situe à une vingtaine de minutes de la frontière. Elles pourront y séjourner au plus pendant 48h. Dès l’arrivée, des agents de l’ONG Rescue International s’occupent des malades. Un dispositif médical a été préalablement prévu. Les autres se dirigent vers une pièce. Les adultes sont assis isolément des enfants. Les bancs en bois pour les premiers. Les seconds sur des couvertures posées par terre.
Entre-temps, des discours ne tardent pas. Ils sont appelés à s’atteler aux travaux de développement dès leur établissement. C’est la saison des pluies.
Les rapatriés auront droit à un repas dans l’après-midi. Un certificat de reconnaissance de rapatriement leur sera donné. C’est celui-là qui leur permettra de réintégrer le service, l’école, etc.
Les 157 familles bénéficieront également d’un soutien de vivres pour trois mois et de non vivres. Du haricot, du riz, de la farine, de l’huile, des couvertures, des pagnes… Les femmes auront particulièrement droit à un paquet sanitaire. Six pièces de sous-vêtements pour chacune, dont l’âge est compris entre 10 à 49 ans. En outre, toute personne adulte se verra octroyer une somme équivalent en Fbu à 40 dollars et chaque enfant, 20 dollars.
Le ministre de l’Intérieur, Pascal Barandagiye, les exhorte à s’associer aux autres Burundais pour affermir la paix : « Si le pays n’avait pas totalement recouvré la paix et la sécurité, vous ne seriez pas rentrés. »
Ce membre du gouvernement les appelle à retrousser leurs manches pour tenir eux-mêmes les cordons de la bourse. Le paquet-retour dont ils bénéficient est de trois mois. Au-delà de cette période, ils doivent se prendre en charge. « Un Burundais qui se respecte ne quémande pas. Travaillez pour vos familles et le pays.» Leurs biens ont été bien protégés. Le président de la République en a fait son souci.
Cet ancien Garde des Sceaux demande à l’administration et à leurs voisins de les accueillir chaleureusement. Il attend également d’eux l’encadrement pour faciliter la réintégration des rapatriés. Ceux-ci sont appelés à inciter les autres réfugiés au rapatriement.
«200 mille réfugiés restent encore en Tanzanie»
M. Barandagiye indique que les réfugiés burundais en Tanzanie se font massivement inscrire pour le rapatriement volontaire. De septembre jusqu’à la fin de l’année, 12 mille réfugiés doivent rentrer. «Cependant, il est fort prévisible que ce chiffre soit dépassé.» Plus de 1300 réfugiés sont déjà retournés depuis le début de cette opération.
Abel Mbilinyi, représentant du HCR au Burundi, réitère le soutien de son organisation aux rapatriés. Il promet de les accompagner jusque dans leurs ménages. Ce Tanzanien, au terme de son mandat, leur conseille aussi de mettre la main à la patte : «Vaquez à vos activités comme d’habitude.» Il estime que 200 mille réfugiés burundais sont encore en Tanzanie.
Au sujet de la rumeur sur le mouvement retour des rapatriés, M. Mbilinyi répond : « Je ne peux pas confirmer. Nous n’avons pas d’informations de gens, rentrés dans le cadre de cette opération de rapatriement organisé, qui sont repartis pour le camp.»
Emmanuelle Baranyimirije, rapatriée originaire de la commune Giharo, en province Rutana, fait savoir que ses compagnons d’infortune et elle tiraient le diable par la queue au camp. La nourriture était insuffisante. Elle évoque des maladies qui occasionnent des décès.
Elle justifie son rapatriement par l’apaisement au pays : « Il n’y avait pas de raison de rester dans le camp.» Des informations à sa disposition font état de l’amélioration de la situation sécuritaire.
Pour Claude Ndayizeye, de la colline Kumuhafu, commune Giharo de la province Rutana, son retour a été motivé par une promesse de semences pour cette saison culturale qui vient de commencer. Il avait fui « l’insurrection de 2015 ». Selon lui, celle-ci annonçait une guerre imminente. M. Ndayizeye affirme que des réfugiés dans le camp de Nduta sont nombreux à vouloir retourner au pays.
Quant à Joseph Nyabenda, de la commune Bukemba de la même province, le départ pour l’exil n’a pas changé sa vie. Il a fui la famine en février dernier. Arrivé au camp, il est resté en manque de nourriture. La ration prévue pour un mois ne couvrait que deux semaines. «Cela faisait que nous passions les deux semaines restantes du mois, les crampes à l’estomac.»
Signalons qu’il est prévu que 6 mille réfugiés en provenance de la Tanzanie soient rapatriés d’ici la fin du mois d’octobre.
Yves,
un peu moins de mauvaise foi nous ferait du bien à tous. Le retour des réfugiés burundais ne constitue pas un enjeu crucial pour le seul gouvernement tant s’en faut! Au cas ou tu aurais une mémoire courte, je voudrais te rappeller que face aux promesses non-tenues du HCR de les ramener chez eux, ces malheureux ont effectué un sit-in devant les bureaux de l’administration des réfugiés à Nduta et séquestré les agents locaux du HCR pour forcer cette organisation à honorer son engagement. Une façon de faire que je n’approuve évidemment pas mais que je comprends compte tenu de la détresse dans laquelle ils se trouvaient et face à l’insensibilité d’une organisation pourtant subsidiée annuellement à coups de centaines de millions de dollars pour prendre en charge cette détresse précisément! Il aura fallu que le ministre tanzanien de l’intérieur tape du poing sur la table et menace de faire rapatrier ces malheureux réfugiés burundais aux frais du gouvernement tanzanien (quitte à refiler la facture au HCR ensuite) pour voir le HCR bouger dans ce dossier. Que le ministre de l’intérieur (dont la compétence touche à l’administration du territoire et non à la criminalité- qui relève du ministère de la sécurité publique-pour ta gouverne) se déplace pour accueillir les 0.1% de réfugiés burundais comme tu dis n’est que tout à fait normal. Ils auraient constitué 0,0000001% qu’il se devait d’aller quand même à leur rencontre. Le retour des réfugiés ne constitue pas un enjeu pour le seul gouvernement burundais. À quoi attribue-tu l’attitude pour le moins choquante du HCR dans cette affaire? Pense-tu que cette organisation voit d’un bon oeil le retour des réfugiés? Attends qu’elle publie son prochain bilan trimestriel ou semestriel, tu seras étonné d’y lire que les Burundais sont toujours 400000 à croupir dans les camps de réfugiés à l’extérieur du pas. La fétichisation de ce chiffre sert des intérêts bien sentis dont seuls le HCR et ses bailleurs ont le secret!
Merci Mugisha pour ce clin d’oeil à notre ami Yves
@Mugisha : vous dites « Le retour des réfugiés burundais ne constitue pas un enjeu crucial pour le seul gouvernement ». Que le retour des réfugiés soit un enjeu de taille qui conduit à sa politisation par les parties prenantes, en voilà une nouvelle… vous aimez enfoncez les portes ouvertes, n’est-ce pas ? Vous admettez en tout cas que l’enjeu pour le gouvernement burundais est crucial. Du coup, on a droit à un bon coup de com, avec le ministre qui se montre sous son meilleur jour. Merci d’avoir implictement confirmé mes propos : le titre de cet article est donc tout à fait correct 😉
Trop de « Tziens » dans cette operation on dirait……Nibaze, kandi ni vyiza. Gusa, twizere ko iwabo imbonerakure zirabarindiranye igishika!!!!.
N’en déplaise à certains, le déplacement du Ministre de l’Intérieur pour accueillir à peine moins de 0.1% des réfugiés de Tanzanie, alors qu’il doit faire face à d’autres défis plus urgents (hausse de la criminalité sur l’ensemble du territoire), ne doit rien au hasard. Tout le monde connait l’enjeu crucial que constitue pour l’exécutif burundais le retour des déplacés.
Il s’agit donc bien d’une opération de com’.
@Ayahu : si le supposé « militantisme » d’Iwacu vous déplait, rien ne vous oblige à venir lire et commenter leurs articles.
Mbe Yves uba hehe kugira nze ndaguce kure?
J’ai l’impression que tu adores mes différents commentaires!
Abana na jewe ariko nti turi violents rema. Ariko uragomba wicire kure na kare wotumeshe. Merci d’avance.
Qu’ils rentrent au pair et ne pas laisser le terrain aux seuls DD et imbonerakure ! !
Ni aubaines kumbonerakure buca zibasubiza muri Tanzaniya sagwa ataduhera batanze
Combien déjà rentrés volontairement? Plusieurs milliers! On verra si notre voisin du nord laissera les réfugiés de chez lui rentrer!
Fofo, tu rêves!
Les réfugiés sont un fond de commerce, un outil de propagande!
Excusez-moi, monsieur le journaliste mais, en général, le titre d’un article réflète le contenu de ce dernier, donne une idée de ce dont l’article parle ou constitue la porte d’entrée du lecteur désirant s’informer davantage sur la thématique abordée. Or, selon mes connaissances, une opération »com » comme vous dites suppose une forte mobilisation des médias par une institution (l’État ou n’importe quelle autre, au besoin en accordant des incitatifs financiers ou en nature) pour porter un éclairage particulier sur une problématique donnée, l’objectif étant de récolter ensuite des retombées en termes d’image (que l’on souhaite forcément positive). J’ai beau lire et relire votre article, je ne vois nulle part rien de tel. Ou voyez-vous une »opération com » dans les faits rapportés par votre article? Le gouvernement vous a-t-il payé (vous ou vos collègues journalistes -dont la présence, forcément massive dans un plan »com » bien monté- n’est mentionnée nulle part dans votre article? La titrologie est tout un art dont vous êtes loin de maîtriser les tenants et les aboutissants. Inspirez-vous du quotidien Libération en France, une référence dans la presse francophone.
« Rapatriement des réfugiés : opération com’ de Bujumbura » et pourquoi pas « Rapatriement des réfugiés : une antithèse du rapport des experts de l’ONU, une confirmation du rétablissement de la paix, la peur vaincue etc… »mais toujours un pic au gouvernement! Un tel titre est à la limite du militantisme.
Voilà, ng’ibi ivyo tuba turondera kubanyamakuru: Présenter les faits tels que tu les sens et les vois, sans commentaires. Et les faits parlent d’eux mêmes. Bwana Egide Nikiza, mbe ufata iki? Nibabe barakumpera ic’unywa mukurindira ko nshika ngo ndakwongere. ur’umunyamakuru yabunyoye naho mbona umengo sinahora ndakubona. Bravo à iwacu qui a fait un grand coup en te recrutant. bantuze ntibakwose ingeso mbi yo kwandika ibihengamye, motif ngo ni abakera
Chers politiciens, pourquoi vous ne mettez pas le paquet pour vous entendre afin que ces pauvres gens restent tranquilles ? Ensuite, que ceux qui sont élus engrangent des projets de développement pour sortir de ces campagnes qui ne nourrissent suffisamment plus ses hommes. Le pilotage à vue d’un pays ne mène nulle part. Réveillez-vous bon sang !