Dans une lettre de doléances soumise à leur employeur en date du 4 juillet, les employeurs de cette compagnie de sous-traitance de Lumitel ont lancé un préavis de grève. Interrogés par Iwacu, ils dénoncent un salaire misérable et des conditions de travail insupportables.
Franck* et Sébastien* sont employés au centre d’appels au Rainbow Angel. Les deux jeunes hommes témoignent d’un quotidien de travail qui fait fi des règles minimales des droits de l’employé. « Nous n’avons pas droit aux congés hebdomadaires. Quand nous nous risquons à les prendre pour récupérer nos énergies, nous sommes sévèrement réprimandés. En gros, nous travaillons sept jours sur sept ».
D’après eux, jusqu’à très récemment, le staff des call-center n’avaient pas droit aux congés annuels. « Et encore, pour deux d’entre nous qui ont pris ces congés annuels, il ne leur a été accordé que 14 jours alors que le code du travail parle de 20 jours de congé », s’étonne Franck.
Ce dernier ajoute un détail non moins significatif : « Les 14 jours de congé ne sont pas accordés gratuitement. Des horaires ont été établis et fixant les employés qui devront travailler à la place de ceux partis en congé.»
Des objectifs de travail surréalistes
Selon Franck et Sébastian, les objectifs de travail quotidien fixés par l’employeur sont tout bonnement irréalisables. Pour comprendre cela, il faut d’abord expliquer le fonctionnement des centres d’appel à Rainbow Angel. Quand un abonné de Lumitel appelle la compagnie pour toutes sortes de raison (Problèmes à résoudre, éclaircissements, …), la personne au bout du fil, c’est un employé de Rainbow Angel.
« Supposons que chaque employé ait l’obligation de répondre à 120 appels par jour. Si le nombre d’appels auquel il répondra dans la journée n’atteint pas 120, sa journée sera considérée comme nulle ! », nous éclaire Sébastian.
Si les 120 appels reçus ne sont pas atteints pour cause de maladie, détaille Sébastien, l’employé sera payé la moitié de son salaire du jour. « Faire payer un malade pour les heures creuses, c’est de l’indécence ! », s’emporte-t-il.
A l’instar de cela, les salaires proposés par Rainbow sont très en déçà de la cherté de la vie actuelle, se plaignent également ces deux employés. « Les salaires varient 100.000 à 150.000 BIF ! Avec de tels salaires, nous sommes condamnés à une vie très précaire sauf pour ceux d’entre nous qui bénéficient du soutien familial », explique Franck.
Sébastien, de sa part, tient à nous faire le topo de ses charges relativement à son salaire. « Avec un salaire de 110.000 BIF, je dois me déplacer à hauteur de 63.000 BIF et le reste, c’est-à-dire 47.000 BIF, je dois payer mon loyer dans un logement que je partage avec plusieurs personnes, ma ration quotidienne et toutes sortes de besoins (savon, dentifrice, …). C’est intenable », nous révèle-t-il.
« C’est une petite colonie »
Les deux employés dénoncent ensuite des conditions de travail « insupportables ». « C’est une petite colonie. Nous n’avons droit à aucune pause. Nos superviseurs y veillent en tout cas », témoigne Franck.
Nous demandons aux deux employés s’ils peuvent nous donner accès à leurs contrats de travail. « C’est impossible car ils ne nous ont jamais été remis. Celui qui désire son contrat doit en faire la demande. C’est dingue ! », soutient Sébastien.
Et de lister certaines de leurs exigences : la hausse de salaire, le respect des congés annuels, fériés et hebdomadaires, … « Bref, nous exigeons à ce que notre dignité soit respectée », demandent Sébastien et Franck.
Dans une lettre du 4 juillet adressée aux représentants des employés, le manager de Rainbow Angel, Evrard Gasirigana, a indiqué que Rainbow Angel est ouverte à tout dialogue en vue de trouver une issue favorable à tous. Et de demander une équipe de négociation de 15 personnes, y compris trois siégeant dans le Conseil d’entreprise et qui en feraient partie d’office.
Les employés ont vite apporté leur refus dans une lettre signée le lendemain où ils ont expliqué que l’équipe des trois représentants siégeant dans le Conseil d’entreprise n’ayant pas échoué dans les négociations, ils ne voyaient aucune raison qu’il y ait une équipe de négociation constituée de 15 personnes.
Et d’exiger plutôt la prise en compte de leurs doléances, au risque d’une grève.
Le manager de Rainbow Angel a été joint par Iwacu, sans succès.
D’après Me Chris-Darnaud Habonimana, l’article 40 du code de travail stipule que la conclusion du contrat de travail est établi par écrit en deux exemplaires revêtus des signatures du travailleur et de l’employeur et que le travailleur garde l’un des deux exemplaires.De même, l’avocat nous renvoie à l’article 93 du même code qui prévoit que l’employeur doit accorder au travailleur les congés et les allocations de congés auxquels il a droit.Me Habonimana cite aussi l’article 203 qui interdit, toute retenue sur les salaires dont le but est d’assurer le paiement direct ou indirect par un travailleur à un employeur, à son représentant ou à un intermédiaire quelconque en vue d’obtenir ou de conserver un emploi.L’avocat nous fait par également des articles 266 et 263 disposent respectivement qu’il est interdit pour l’employeur d’occuper le travailleur pendant les jours déclarés chômés et payés par le Gouvernement et les jours fériés et que les travailleurs disposent d’un jour de repos au cours de sept jours de travail. Ce jour a lieu souvent le dimanche.