La décision controversée du ministre de l’Education Nationale et de la Recherche Scientifique d’instaurer des quotas provinciaux pour l’admission à la faculté de la médecine soulève des polémiques. Entre la promotion de l’équité et les craintes de voir la qualité de la formation médicale compromettre l’avenir du système de santé burundais, les voix s’élèvent pour dénoncer une mesure jugée désastreuse pour l’éducation.
« La mesure annoncée par le ministre de l’Education Nationale et de la Recherche Scientifique m’apparaît comme une erreur gravissime dans l’éducation de nos jeunes gens enfants », a dénoncé Dr Parfait Niyonkuru, enseignant-chercheur.
Ces propos du Dr. Parfait Niyonkuru font suite à l’annonce du ministre de l’Éducation Nationale et de la Recherche Scientifique, Dr. François Havyarimana, faite le mardi 24 septembre 2024 devant le Sénat.
Ce dernier a fait savoir que pour le prochain concours d’entrée à la faculté de médecine, les candidats seraient sélectionnés en fonction de leurs meilleurs résultats, tout en tenant compte des ’’quotas provinciaux’’.
Parmi les arguments avancés par le ministre François Havyarimana, il y a notamment le fait que « 50 % des étudiants en médecine sont originaires de la mairie de Bujumbura, ce qui complique leur intégration dans les hôpitaux des zones rurales ». Pour le ministre, toutes les provinces abritent des intellectuels et la faculté de médecine doit donc être plus inclusive.
M. Paul Banderembako, doyen de la faculté de la médecine à l’Université du Burundi défend cette idée « d’équite provinciale » du ministre de l’Education, comme un moyen d’assurer une représentation équitable de toutes les provinces.
Toutefois, il exprime des réserves sur l’efficacité de ces quotas, soulignant que « certains étudiants pourraient ne pas réussir à s’adapter. » Il insiste sur le fait que « l’excellence ne se limite pas aux résultats d’évaluations, mais repose également sur la volonté de l’étudiant ».
Pour un lauréat de la faculté de médecine, la déclaration du ministre de l’Éducation Nationale et de la Recherche Scientifique concernant la passation du concours d’entrée dans la faculté de médecine pourrait constituer la meilleure solution.
« Le faible nombre de lauréats issus de l’intérieur du pays est principalement dû au manque de motivation et d’information de ces derniers », explique-t-il.
« Les étudiants provenant de l’intérieur du pays ne sont pas suffisamment motivés et ne disposent pas d’informations suffisantes sur le déroulement des concours et des examens nationaux, ce qui constitue un handicap majeur », souligne-t-il.
Le lauréat estime que la déclaration du ministre est positive car « elle offre une chance aux jeunes issus des milieux ruraux ». Cependant, il souligne la nécessité de prendre en compte les conditions de vie de ces étudiants lorsqu’ils réussissent le concours, notamment en matière de logement et de restauration.
Bien que le ministre de l’Education Dr. François Havyarimana puisse penser que des quotas provinciaux inciteraient les médecins à s’installer dans les zones rurales de leur région d’origine, le jeune lauréat en médecine n’est pas du même avis.
Selon lui, « ce n’est pas parce qu’un médecin est originaire d’une province quelconque qu’il est contraint d’y exercer. Il continuera de chercher des opportunités qui correspondent à ses aspirations et à ses conditions de vie ».
Selon Mme Eulalie Nibizi, la décision du ministre de l’Education Nationale et de la Recherche Scientifique concernant les quotas provinciaux pour entrer dans la faculté de la médecine et l’intégration des médecins au Burundi est prise dans un angle politique et soulève des préoccupations majeures sur le plan social et économique.
Pour Mme Eulalie Nibizi, « le problème qui se pose, c’est une difficulté d’intégration des médecins dans certaines provinces ou zones du pays. » Ce défi est souvent lié à l’intolérance des communautés dans des régions marquées par la crise de 1993 et exacerbée par celle de 2015.
« Souvent, déplore Mme Eulalie Nibizi, ces zones, par ignorance, ne tolèrent pas les ressortissants des autres ethnies ou d’autres provinces ou régions et leur sécurité n’est pas tout à fait garantie ».
Face à cette situation, de nombreux médecins et enseignants choisissent de renoncer à leur affectation dans ces zones, ou l’acceptent uniquement pour obtenir un numéro matricule et demander une mutation quelques mois plus tard. « Même les natifs de ces régions hésitent à y travailler en raison de l’enclavement et du manque d’épanouissement ».
Selon Mme Eulalie Nibizi, il y a toujours des candidats performants dans chaque province cependant, nuance-t-elle sous forme de mise en garde : « S’ils ne répondent pas aux exigences d’un concours, on ne doit pas tirer sur les ficelles pour intégrer un candidat en deçà de la norme. Une telle approche mettrait en péril la qualité de la formation médicale ».
Et d’insister : « Il est impensable d’inventer des critères de réussite selon la provenance de l’étudiant. Cela conduirait à une baisse de la performance de la faculté, du système éducatif et du système de santé au Burundi ».
En outre, Mme Eulalie Nibizi rappelle que « le Burundi forme pour la nation et pour l’humanité entière. » ainsi, elle met en garde contre « le nivellement par le bas pour satisfaire certaines régions rurales qui souffrent déjà de « la mauvaise répartition des programmes de développement ».
Pour Mme Eulalie Nibizi, il faut trouver une solution durable qui s’attaque à la cause du problème. « Il y a des difficultés d’intégration. Une formation visant le long terme pour le Burundi et l’humanité s’impose, il ne faudrait pas se plier aux intérêts politiques ».
Elle en appelle également à une répartition équitablement les opportunités en termes de financement de développement (Infrastructures et services sociaux de base, ce qui permettrait à chacun de s’épanouir et de s’intégrer partout).
Un médecin, souhaitant rester anonyme, évoque des sentiments partagés face à cette décision du ministre de l’Education Nationale d’instaurer des quotas provinciaux pour l’admission à la faculté de la médecine.
D’un côté, il reconnaît le manque de médecins dans les hôpitaux ruraux ; de l’autre, il souligne que de nombreux diplômés préfèrent rester à Bujumbura, attirés par de meilleures conditions de travail et de rémunération sans oublier d’autres opportunités.
« L’idée de devoir exercer dans une province éloignée alors que j’ai l’opportunité de travailler dans plusieurs établissements en ville de Bujumbura pose un véritable problème », déclare-t-il.
Pour remédier à cette situation, il appelle à des mesures incitatives, attractives pour les médecins souhaitant s’installer en milieu rural, insistant sur le fait que cette réticence concerne aussi les natifs des zones rurales.
Comprendre les objectifs, c’est comprendre les actes.
Déjà je ne comprends pas les objectifs, du moment que n’importe qui peut travailler n’importe où sur le territoire national (A moins que j’ai loupé un chapitre!). Je suis donc dans l’incapacité de comprendre cet acte.
J’aurais compris qu’on construise de plus d’écoles dans les régions défavorisées, qu’on soit plus attentifs à la qualité de l’enseignement qu’on y dispense et q, laquelle basse qualité a fait que le résultat soit en deçà de celui des autres régions , j’aurai applaudi si on avais pris toutes sortes de mesures pour réhausser le niveau de ces régions là. On leurs aurait rendu un bien meilleur service.
Quoi qu’il soit, au lieu de trouver les vraies solutions aux vrais problèmes qui font qu’une région soit sur représenté ou qu’un autre soit sous représentée, cette malheureuse décision va avoir comme conséquence de reduire de façon générale le niveau des médécins à la sortie.
Par ailleurs, si l’objectif est valable, pourquoi ne pas faire de même pour les autres filières?
Si c’est cela qu’on appelle promotion de l’équilibre, je dois alors revoir beaucoup de ce que j’ai appris!
Parmi les pistes, il faut former les médecins parmi les enfants des politiciens et généraux et faire un contrat d’au moins 6 mois chaque année à l’Intérieur du Pays et interdiction d’aller prester à l’étranger. Leurs parents mangent déjà le Pays et n’ont pas besoin de multiplier les jobs comme les médecins issus des familles pauvres sans positions politiques qui doivent impérativement multiplier les jobs dans les villes notamment Bujumbura pour se chercher pour se bâtir une petite famille et aider leurs petits-frères et seours et neveux/ nièces et cousins/cousines.
Si je comprends bien, un candidat de Gitega peut obtenir 60% au concours et entrer à la faculté de Médecine parce qu’il est le 1er dans sa province et un candidat de Bujumbura peut être refusé avec 80% parce que, malgré ce résultat, il occupe la 50ème place au concours dans sa province. Je n’ai jamais entendu ça nulle part ailleurs, le Burundi est un îlot de particularités.
Vraiment il manque des conseillers professionnels au niveau des ministères. Comment une telle décision dans l’éducation puisse résoudre le problème des médecins dans les provinces. Un médecin née de Karusi ne va pas nécessairement prester ses services à Karusi. Est ce que tous les lauréats de ces dernières années seulement de Bujumbura? Si on savait que un fonctionnaire/un médecin n’aime pas travailler dans sa région natale pour éviter des conflits d’intérêt (umwana wanaka yatwakiriye nabi, avura abazi gusa, ect). Il faudra demander au Dr Juma Kariburyo comment il a reparti les médecin dans les hôpitaux de l’intérieur du pays quand il était Ministre.
« Pour remédier à cette situation, il appelle à des mesures incitatives, attractives pour les médecins souhaitant s’installer en milieu rural, insistant sur le fait que cette réticence concerne aussi les natifs des zones rurales. »
Même dans les pays bien équipés, les zones rurales peinent à recruter des médecins par manque d’infrastructures pour répondre à leurs besoins : bonnes écoles primaires, équipements culturels,…
Tant que l’épanouissement professionnel et socio-économique sera uniquement dans les villes, où qu’on soit la question restera la même. Elle se posera encore plus dans les pays où les déplacements, les communications, l’électrification, … resteront compliqués.