Le marché public sur l’équipement du nouveau building des finances crée des grognes au sein des entreprises immobilières burundaises. A la base, des exigences qui les discriminent. Le gouvernement reconnaît qu’une erreur a été commise.
<doc4690|right>Le Burundi se dote d’un gigantesque « building des finances ». Transparence exige, dès la conception du projet jusqu’à son bouclage, les exécutants passent par une compétition au travers un marché public où le « qui dit mieux » remporte.
Pour le « Building des Finances », l’étape est à l’équipement de l’immeuble. N° AOI PAGE/F /003/2021 est la référence de l’avis d’appel d’offre à quiconque veut soumissionner. Théoriquement. Car le jeu est joué d’avance : « Avoir exécuté correctement au moins deux marchés similaires au cours des cinq dernières années » , est l’une des conditions qu’exige ce marché …
C’est là où le bât blesse car selon certaines entreprises immobilières, cette disposition n’a d’autres fins que de discriminer les opérateurs burundais.
Durant les cinq dernières années, aucun marché public similaire de même envergure n’a eu lieu au Burundi. C’est donc la première fois que le gouvernement se dote d’un bâtiment pareil. Les entreprises burundaises ne peuvent donc pas « Avoir exécuté correctement au moins deux marchés similaires au cours des cinq dernières années ». Pour elles, c’est évident qu’ils sont intentionnellement écartés.
« Quelle entreprise burundaise peut-elle y répondre ? »
Une source au sein du Projet d’Appui à la Gestion Économique (PAGE), affirme que le Burundi ne dispose pas d’entreprises pouvant répondre correctement à ce marché, à voir ses exigences financières (Il ne précise pas les montants). Ici, le PAGE est le concepteur du présent appel d’offre, et il est le canal au travers duquel passent les appuis de la banque mondiale qui va financer l’équipement dudit building.
Selon toujours la même source, ce n’est pas le PAGE qui l’a voulu ainsi, ce sont les exigences de la banque mondiale, qui craint qu’après avoir octroyé le marché, l’entreprise ne puisse honorer ses engagements.
L’intérêt public sacrifié
« C’est une erreur qui a été commise, les négociations auraient dû se faire au moment de la conception du projet, le gouvernement aurait plaidé pour le traitement de faveur envers nos entreprises », reconnaît Tabu Abdallah Manirakiza, ministre des Finances. Les entreprises burundaises, qui embauchent à majorité les nationaux, contribuant dans la production nationale, payant les impôts devraient être favorisées, poursuit-il.
Il partage l’avis du PAGE et constate que la banque mondiale a de quoi se faire du souci, pour un marché d’un million de dollars américains. Pour le ministre des Finances, s’associer aux operateurs étrangers, reste le dernier recours aux Burundais. Car, selon lui, c’est trop tard, réviser les règles du jeu pourrait conduire à des réactions fâcheuses et le bailleur risquerait même de se retirer.