Qui veut la peau de Nditije ?

Les hésitations du président de l’Uprona et ses positions tranchées font douter certains de sa sincérité, et risquent de provoquer sa chute.

Il y a quelques temps, le parti Uprona était accusé d’avoir la même stratégie que le président Pierre Nkurunziza sur son éventuel troisième mandat à cause de la réserve de Charles Nditije sur cette question. Pour lequel cette question n’avait pas encore été débattue au niveau des instances du parti. Pourtant, Charles Nditije indiquera plus tard que l’actuel chef de l’Etat termine son deuxième mandat avec l’année 2015, et que briguer un troisième serait une violation flagrante de l’Accord d’Arusha.

Et si la candidature de Pierre Nkurunziza était retenue, le député Nditije a répondu que l’Uprona prendrait des mesures qui s’imposent le moment venu, sans pour autant préciser lesquelles. A une opinion qui demande au parti de se retirer de ces institutions où il n’est que figurant, il répond que l’Uprona prendra les solutions adéquates au moment opportun. Et que ce sont les organes du parti qui décident si oui ou non le parti doit rester dans les institutions. Pourtant, dans sa dernière conférence de presse, il souligne qu’il n’est pas question pour l’Uprona de quitter les institutions. Mais, du projet de révision de certaines dispositions de la constitution du Burundi, Charles Nditije condamne le risque d’annulation des Accords d’Arusha, et la volonté de briguer un prétendu troisième mandat présidentiel.

Ces différentes hésitations du président de l’Uprona ont fait craindre que Charles Nditije joue un jeu qui n’est pas clair, et qu’il place ses pions au fur et à mesure de l’évolution de la situation. En renforçant chez certains l’idée qu’il soit de mèche avec le pouvoir.

Un Charles Nditije de plus en plus seul

Pourtant, au vu de sa position tranchée sur la question de la CNTB, on peut en douter, puisqu’elle semble sonner son glas à la tête de l’Uprona. Depuis la reconduction de Mgr Sérapion Bambonanire, Charles Nditije n’a pas cessé de dénoncer avec la dernière énergie ses dérives et les agissements de la commission. La promulgation de la nouvelle loi sur la CNTB a déclenché une campagne médiatique de la part du président de l’Uprona pour dénoncer la dérive dictatoriale du parti au pouvoir. Récemment, il a annoncé que le parti UPRONA va bientôt porter plainte à la Cour Constitutionnelle contre la loi régissant la CNTB, qu’il juge anticonstitutionnelle. Et, s’il le faut, l’Uprona saisira d’autres instances judiciaires compétentes en la matière. Mais pour Félicien Nduwuburundi, député du Cndd-Fdd, le président de l’Uprona s’illustre par une arrogance verbale caractérisant les anciens gestionnaires de la chose publique.

La position de Charles Nditije sur la question de la CNTB, aussi courageuse soit-elle, lui attire le courroux du pouvoir qui comploterait, avec l’appui de certains upronistes, pour l’évincer. Mais, à Kumugumya, ses détracteurs l’accusent d’autre chose. En effet, depuis quelques temps, l’actuel président de l’Uprona ne consulterait plus les organes du parti avant de prendre des décisions. Alors que l’Uprona se targue d’être un parti bureaucrate où rien n’est possible sans l’aval des organes, notamment le bureau exécutif du parti. Et pourtant, le député Charles Nditije semblerait l’ignorer en étant plus proche de courant de réhabilitation de l’Uprona, et partant de l’ADC-Ikibiri. Ainsi, certains dans le parti de Rwagasore ne lui pardonneraient pas d’avoir fait inviter Jean Baptiste Manwangari à l’atelier organisé à Kigobe. Quant à ses déclarations sur la CNTB, elles ne seraient qu’une manipulation de l’opinion, selon ses détracteurs dans le parti.

Victime du courroux des jeunes de l’Uprona

Mais ce qui risque de causer sa perte serait qu’il veut écarter la bande des jeunes de l’Uprona, alors qu’eux-mêmes ont des ambitions au sein de ce parti. En créant des conflits avec eux, il s’attire leur courroux et risque de perdre sa place. Et ce serait une erreur de croire que le pouvoir est derrière car, en bons politiciens, ces jeunes ne se gêneront pas pour pactiser avec le Cndd-Fdd pour sauvegarder leurs intérêts. Et ils ne seront pas les premiers upronistes à le faire, ayant bien très bien appris la leçon de leurs aînés.
Pourtant, quoi qu’en disent ses détracteurs, si Charles Nditije saute, il sautera avec les honneurs, pour son combat mené en faveur des victimes de la CNTB. Car, qu’il soit sincère ou pas, l’opinion ne retiendra que ses prises de position, et ce sont ces détracteurs qui risquent d’être pointés du doigt.