La comparaison présidentielle a provoqué (et provoque encore) de vives réactions. Pour certains, il s’agit de tous ceux qui ne parlent pas le même langage que le CNDD-FDD. Pour d’autres, « Mujeri » ferait allusion à l’équipe CNDD-FDD partante dont Jérémie Ngendakumana à la tête, pour n’avoir pas bien collaboré avec le camp Nkurunziza.
Frédéric Bamvuginyumvira : « C’est un écart de langage »
Pour le vice-président du parti Sahwanya Frodebu, compte tenu du contexte politique, le référant ou le comparant « Mujeri » n’a qu’une seule connotation politique : « Ce sont tous ceux qui ne pensent pas comme le CNDD-FDD. » Frédéric Bamvuginyumvira estime que le discours présidentiel vient diviser la société burundaise en deux parties : le CNDD-FDD, partie choyée, adorable, en bonne santé, etc. et une émeute de chiens chétifs représentant le peuple malheureux, affamé, sans secours et sans lendemain. Un peuple qui, selon M. Bamvuginyumvira, n’appartient pas au parti au pouvoir, loin de lui, point de salut. Or, explique-t-il, le président de la République est une institution, il est le chef de l’Etat en tout temps et en tout lieu : « Sa mission est d’assurer l’unité nationale, la cohésion, la paix et la justice sociale. Soit-il dans la réunion du CNDD-FDD, il est tenu à adopter un langage rassurant et rassembleur. » Et de conclure que le langage « Mujeri » est vexatoire pour le peuple burundais.
François Bizimana : « Une métaphore inhabituelle en politique »
Le député à l’Assemblée de la Communauté Est Africaine constate que c’est devenu presqu’une habitude pour le président Nkurunziza : « C’est pour la 3ème fois qu’il fait une telle comparaison. En 2005, après une visite à l’étranger, le 1er juillet 2011 et ce 31 mars courant. » Il fait savoir que dans la culture burundaise, le « chien » est un animal méprisé : « Toute personne comparée au chien court le risque d’être déconsidéré socialement. » Des dignitaires politiques, s’insurge-t-il, devraient se garder l’usage de certains termes. Sinon, poursuit-il, ils rabaissent le niveau de leurs discours. François Bizimana déclare que l’histoire ne pardonne pas, elle nous rattrape parfois. Et de faire un clin d’œil au parlement : «Nos élus doivent se réunir pour évaluer le contenu de ce discours afin de vérifier s’il ne s’écarte pas des articles 21 et 106 de la Constitution : la dignité humaine doit être respectée et protégée.» Pour lui, il faut réserver la population de cette question qui a été posée à certaines personnalités de la période antique : « Jusque quand continueras-tu à abuser de notre patience ? »
« Mujeri » selon Onésime Nduwimana
Le porte-parole du CNDD-FDD, défend le président Nkurunziza : « Le chien cabot dont il évoquait, c’est la pauvreté et tous ces problèmes que connaît le peuple aujourd’hui. Que des gens l’interprètent comme ils veulent mais le président de la République voulait dire qu’il n’y a pas de place pour des brigands », se résume-t-il.