Le commencement des difficultés du continent africain provient le plus souvent du fait que les solutions à nos problèmes sont automatiquement recherchées ailleurs. L’adage burundais nous rappelle pourtant que : {« Akimuhana kaza imvura ihise » …} Pour dire en quelque sorte : « Aide-toi et le ciel t’aidera ».
Le conflit malien semble préoccuper davantage Paris, Bruxelles et New York bien plus qu’Addis Abeba, Lagos ou Johannesburgi. Et pourtant, si l’Union Africaine ne le prend pas à bras le corps, si la CEDEAO n’est pas plus dynamique et moins velléitaire, si le Machrek et le Maghreb africains de même que les autres pays à économie forte comme l’Afrique du Sud ne s’impliquent pas ; ce dossier risque de dégénérer. Il y va de même en Somalie où, en réalité, la gestion de la paix est à la discrétion des états majors de l’Otan avec de la chair à canon africaine.
Au Burundi, nous savons que la guerre civile qui a éclaté à la suite du cataclysme politique d’Octobre 1993 n’aurait jamais eu de solution si un leader africain de la trempe de Nelson Mandela n’avait imposé la présence de troupes sud-africaines sur le sol national et ainsi assuré une tranquillité propice à des négociations politiques. Il ne s’agissait ni de casques bleus (ONU), ni de casques verts (Union Africaine ou OUA de l’époque), mais bien de militaires sud-africains venus au secours de la démocratie et du droit à la vie pour les citoyennes et les citoyens burundais.
A contrario, en son temps, Nicolas Sarkozy et ses partenaires ont imposé une guerre en Libye non pour sauver le peuple libyen d’une dictature, mais pour sécuriser l’exploitation des ressources naturelles dont regorge le sol de ce paysii. Malgré un habillage institutionnel républicain, l’état libyen est en lambeaux et sous la férule de multinationales voraces qui vont mener une société jusqu’ici prospère vers une paupérisation inéluctable. C’est une question de temps…
Aujourd’hui, l’Est de la RDC est dans l’insécurité et l’anomie. Quels que soient les raisons de cette instabilité, si la région ne dresse pas un diagnostic objectif et sans concessions des problèmes, si la vérité n’est pas le fil conducteur des discussions qui sont menées aujourd’hui et demain ; les difficultés iront grandissantes au lieu de s’atténuer. Elles s’étendront au-delà des deux Kivu bien plus vite qu’on ne l’imagine. Ce sont nos ancêtres, une fois de plus, qui nous rappellent ceci : {« Uwutema urwiwe bamutiza umuhoro} » …
Je ne connais pas d’équivalent en français, mais ce proverbe laisse entendre que celui qui ne veille pas à ses intérêts attire les malfaiteurs de toutes partsiii. A défaut de se serrer les coudes en toute fraternité, les pays des Grands Lacs voués à une interdépendance multidimensionnelle risquent malheureusement de replonger dans la violence et le désordre. Alors, plutôt que de compter sur une bouée de sauvetage qui ne viendra de nulle part, pourquoi ne pas apprendre à nager ?