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Qui craint Kabirigi ?

05/06/2013 Commentaires fermés sur Qui craint Kabirigi ?

La dernière sortie médiatique du colonel Kabirigi n’a pas fait beaucoup de remous, comme s’il n’était pas pris au sérieux. Pour l’opposition, timidement, l’action des FRD est normale, le gouvernement s’en moque. <doc3173|left>{« … ils ont refusé les négociations, nous devons trouver une voie pour combattre le gouvernement. Nous avons choisi d’utiliser les armes pour sauver le pays et le peuple. »} Ces mots sont du colonel Pierre Claver Kabirigi, ou celui qui se présente comme le chef d’Etat-major du mouvement FRD-Abanyagihugu (Forces pour la Restauration de la Démocratie). C’était sur les ondes de la RPA, dans la grande édition de la mi-journée la semaine. Pour le combattant, c’est la seule voie qui reste puisque le gouvernement a même rejeté le dialogue proposé par la Conférence des évêques catholiques du Burundi. Selon la CECAB, un vrai dialogue entre ceux qui sont au pouvoir et ceux de l’opposition est nécessaire. Cependant, «  la guerre, poursuit l’évêque de Ngozi, même avec une illusion d’atteindre des résultats, ne peut en aucun cas conduire à une paix durable », avait précisé Mgr Gervais Banshimiyubusa, président de la CECAB, dans une déclaration du 11 décembre 2011. Déclaration que même le gouvernement avait bien accueillie. Le même gouvernement, par le bais de son secrétaire général et porte-parole, avait déclaré qu’il ne négociera qu’avec les groupes qui revendiqueront leurs actions armées, sinon ils seront considérés comme des bandits armés. Et pourtant, les FRD ont revendiqué certaines attaques. « C’est un montage médiatique ! » {« Il faut vérifier l’authenticité de ce message qui n’a d’autre but que celui de réhabiliter Kabirigi. Lors de sa dernière sortie à Cankuzo, son équipe a été presque totalement démantelée. Même à Gisuru où il a prétendu se trouver, aucune trace de lui »}, a commenté Philippe Nzobonariba, sur la récente intervention médiatique de Kabirigi. Pour le porte-parole du gouvernement, {« c’est un pur montage médiatique, une stratégie utilisée par certains politiciens, comme pour le reportage de Pauline Simonet sur France 24. Sinon Kabirigi n’existe pas. »} Tout en précisant que le gouvernement reste toujours ouvert au dialogue. Cependant, selon Léonce Ngendakumana, rien ne dit que le gouvernement a neutralisé Kabirigi, malgré la déclaration du porte-parole du gouvernement. Pour le président en exercice de l’ADC-Ikibiri, le gouvernement ne veut pas entendre parler de négociations avec l’opposition, ce qui signifie l’option des armes par certains. {« A la limite, le pouvoir sera tenu responsable des voies empruntées par le peuple pour avoir la paix »}, ajoute M. Ngendakuma. Mais, poursuit le président du Sahwanya-Frodebu, le pays n’ira pas jusqu’à la guerre, car des signes montrent que la solution sera bientôt trouvée : {« La communauté internationale ne peut pas laisser le pays dériver ainsi car elle a trop investi dans le retour à la paix au Burundi. C’est ce qui explique les ballets diplomatiques observés aujourd’hui »}, indique Léonce Ngendakumana. Une rébellion qui semble ignorée… Plus prudent, Chevineau Mugwenezo indique que ce n’est pas seulement l’ADC-Ikibiri qui est déçue par la situation actuelle. Le malaise social concerne beaucoup de personnes et il existe plusieurs options d’y faire face. {« Si c’est un montage médiatique, comme le dit le porte-parole du gouvernement, c’est bien car ce sont des déclarations qui ne rassurent pas. Mais que le gouvernement fasse cependant tout pour qu’il n’y ait pas d’autres Kabirigi »}, souligne le porte-parole de l’ADC-Ikibiri. Cette sortie médiatique du chef d’état-major des FRD-Abanyagihugu n’a pas suscité beaucoup de passion, comme si cette rébellion n‘était pas prise au sérieux. A part le porte-parole du gouvernement qui semble se moquer de cette « rébellion », l’opposition non plus ne s’appesantit pas trop sur ces déclarations. Simple prudence ou manque de considération ? Quoi qu’il en soit, même les médias, dans leurs nombreuses émissions politiques du week-end, n’en ont pas parlé. A croire que personne ne craint Kabirigi…

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