La loi burundaise interdit l’avortement. Rien ne peut justifier l’interruption volontaire de grossesse même si une victime de viol le souhaite, selon la coordinatrice du centre Seruka.
« L’avortement est considéré comme un homicide. Même si la grossesse est intervenue à la suite d’un viol. Aucune exception dans ce cas de figure », souligne Christa Josiane Karirengera, coordinatrice du centre Seruka. Pour elle, la femme violée a subi déjà des traumatismes ; il ne faut pas ajouter celles d’une interruption volontaire de grossesse(IVG).
Exceptionnellement, explique la coordinatrice du centre Seruka, l’avortement peut se justifier uniquement pour des raisons médicales : si la poursuite de la grossesse met en péril la santé de la victime du viol. Cependant, même dans ce cas, précise-t-elle, le médecin seul ne peut prendre une telle décision : « Une commission composée de plusieurs médecins doit statuer sur ce cas. »
Selon Christa Josiane Karirengera, le travail du centre pour les victimes de viol est préventif. Il est question d’éviter les grossesses non désirées et les maladies sexuelles transmissibles dont le VIH/Sida: « C’est pourquoi nous sensibilisons la population, surtout les victimes, de venir avant 72 heures. » La coordinatrice de Seruka ne nie pas que certaines victimes se retrouvent enceintes de leurs agresseurs et demandent à se faire avorter. Dans ce cas, indique-t-elle, des psychologues et des assistantes sociales se chargent de leur expliquer les conséquences liées à IVG.
Certaines regrettent d’y avoir pensé…
La coordinatrice du centre Seruka souligne que, souvent, victimes du viol recourent à l’IVG à cause du poids de la non-reconnaissance de la paternité et le rejet de la communauté. Car, estime-t-elle, durant toute la période de la grossesse, elles subissent tous les maux (rejet, marginalisation, …); alors que certaines préfèrent se terrer quelques part pour revenir après l’accouchement. Souvent, après la naissance de l’enfant, la majorité regrettent d’y avoir pensé.
Bien que la loi interdise l’avortement, indique Christa Josiane Karirengera, des citadines enceintes le font clandestinement dans des cabinets. Mais, souvent, celles du milieu rural se résignent par peur de la prison ou de la mort, faute de moyens de le faire chez un spécialiste ou en se disant que c’est peut-être la volonté de Dieu.
Christa Josiane Karirengera : « L’avortement peut se justifier uniquement pour des raisons médicales. »