Quelle est cette personne aux airs minables, mal habillée, toujours en tongs, les fameux ’’Kambambili-Umoja ’’ ou en crocs, les célèbres ’’Yebo-Yebo’’, mais respectée dans nos quartiers par tous les fonctionnaires ?
Quand d’aventure, ces dignes serviteurs de l’Etat, d’un pas pressé pour aller faire la queue à l’arrêt de bus, passent devant sa ’’tanière’’ ou devant sa ’’caverne d’Alibaba’’, ils le saluent respectueusement, faisant même des salamalecs.
Une autre question à un million : pourquoi ce respect pour ce ’’petit monsieur’’ que tout le quartier semble vénérer ? Une chose est sûre, la plupart des fonctionnaires du quartier le connaissent et il les connaît très bien même, il connaît combien ils pèsent même s’il fait semblant de ne les ignorer par politesse ou par pitié.
Rassurez-vous, il ne s’agit pas du tenancier du bistrot du quartier même si lui aussi, il a ou il tient de quoi faire chanter ces fonctionnaires qui souvent font un petit passage obligé chez ce monsieur pour avoir de quoi noyer les soucis de la pénible journée de dur labeur.
Quelques indications pour les deux premières questions : à l’échelle du quartier, ces ’’cavernes d’Alibaba’’ où l’on y trouve un peu de tout, sont de véritables ’’Institutions de Bretton Woods’’ miniatures.
Mais il y a une différence de taille entre les deux ’’institutions’’. Là où se rendent les ministres des Finances des Etats pour ’’faire la manche’’ avec la promesse d’en faire bon usage, dans la transparence, il y a publication des rapports annuels redoutés sur l’usage des fonds accordés.
Chez les tenanciers de nos ’’cavernes d’Alibaba’’, la discrétion est de mise. Il y a un respect mutuel, même si la solvabilité n’est pas toujours de mise. La courtoisie est de mise, pas question d’étaler à la place publique quoi que ce soit. L’honneur de l’honnête fonctionnaire prime, c’est un père de famille, à respecter.
Une autre question à un million et c’est la dernière, maintenant vous savez presque tout : qu’est qui est cher dans ces ’’cavernes d’Alibaba’’ ? Ce ne sont pas les sacs de riz, ou de haricot encore mois de farine de manioc ou de maïs.
Ce ne sont pas non plus les quelques bouteilles de limonades ou de vins d’origine douteuse en plastique encore moins les quelques billets contenus dans son tiroir.
Même si tout cela venait à brûler, ce que personne ne souhaite, le tenancier s’empresserait naturellement à sauver ce qui est cher à ses yeux : ses livres de comptes.
Il ne s’agit pas de ces registres tenus avec soins mais des petits cahiers où sont consignés les noms de ces fonctionnaires respectables qui s’efforcent à rester debout, à marcher droit, dignes, résilients même si ces cahiers pourtant légers pèsent de tout leur poids sur leurs épaules.
Devant chaque nom et chaque jour, tout article, tout kilo de riz ou de haricot, pris à crédit, tout est soigneusement noté et ce cahier, véritable témoin de la misère de nos fonctionnaires, est bien conservé dans du plastique.
Au fil des jours ou des mois, les cases cochées se multiplient enfonçant ou tirant vers le bas ce serviteur de l’Etat, il n’est pas le seul à plier sous le ’’poids’’ de ces cahiers.
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