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Quel intérêt le Burundi a-t-il de rester dans l’EAC ?

05/05/2013 Commentaires fermés sur Quel intérêt le Burundi a-t-il de rester dans l’EAC ?

Cinq ans après son adhésion le 18 juin 2007 au traité de l’EAC, il est trop tôt de faire un bilan. On peut cependant essayer de voir si le pays est sur le bon chemin.

L’adhésion par le Burundi à l’East African Community (E.A.C) est un acte de raison. Un petit pays enclavé ne pouvait pas raisonnablement rester en dehors de cet ensemble que constitue l’EAC. Nos importations et nos exportations passent par les quatre autres pays membres. Ne serait- ce que par cette raison le Burundi devait adhérer à l’EAC.
Il s’est engagé à coopérer avec les autres pays notamment dans les domaines suivants :
– Domaine politique et juridique
– Domaine du commerce, Finance et Investissements, Coopération monétaires et financiers
– Domaine de l’Education, Culture et Sport, genre et santé et secteurs productifs
– Domaine des Infrastructures et Services.
– Le Burundi a accepté le mode paritaire de la contribution au budget de la communauté. Les institutions existent déjà sur le papier mais les actions concrètes tardent à venir. L’application du tarif douanier extérieur commun ainsi que la suppression des droits de douanes à l’intérieur des pays membres existent déjà. Cette dernière mesure prive le Burundi des recettes des douanes qu’il percevait avant sans contrepartie, en tout cas dans l’immédiat. Les exportations du Burundi vont à l’extérieur des pays membres.

C’est le Kenya qui profite le plus de l’EAC

Dans une excellente étude faite par l’Observatoire de l’Action Gouvernementale (OAG), les autorités burundaises étaient prévenues. Le Burundi devait attendre longtemps des retombées positives sur ses finances. Il faudra en effet attendre la Fédération au stade ultime de l’Intégration pour engranger les bénéfices.
En attendant le Burundi cotise plus de deux milliards au budget de la communauté. Il perd presqu’autant du fait de la suppression des droits de douane à l’intérieur de la communauté. Qui profite donc de la communauté ?

Dans l’état actuel des choses, c’est le Kenya qui en profite le plus et notre pays est bon dernier ! Il faut dire les choses par leur nom : nous sommes en face d’un Traité de Libre Echange : le plus riche vendra plus et le plus pauvre restera pauvre .
Nous avons vu que le gros de nos exportations vont en dehors de la communauté ; le peu que nous pouvons vendre à l’intérieur de la communauté, l’avantage comparatif va aux autres !

Ne pas rester à n’importe quelle condition

Quel intérêt le Burundi a-t-il de rester dans cette communauté qui ne lui apporte rien ? Il y’a certes un intérêt politique à éviter l’isolement .Il serait suicidaire de quitter la communauté mais, il ne peut pas y rester à n’importe quelle condition .Il faut renégocier certaines clauses du traité notamment :
– La langue de travail : le Burundi dans ses relations internationales, utilise le Français. Il faut que cette langue soit acceptée comme langue de travail, non pas que les Burundais ne connaissent pas l’anglais mais il s’agit d’un principe de souveraineté.
– La cotisation au budget de la communauté. L’usage est de tenir compte du PIB ou alors des avantages que chaque pays en tire.
– Créer un système de budgets compensatoires pour les secteurs les plus arriérés dans chaque pays. L’intégration ne se fait jamais sans heurt. La concurrence peut faire disparaître des secteurs entiers de l’économie dans un ou plusieurs pays membres. La compensation doit se faire par le budget de la communauté. Un exemple entre bien d’autres : plus de 60ans après sa création, la Communauté Européenne connaît encore des secteurs subventionnés.

« Qui oublie l’histoire risque de la répéter » : 1977 n’est pas loin quand le Président Nyerere a dénoncé la « rapacité » du Kenya et mettait fin à la coopération entre les trois pays (Kenya, Uganda, Tanzanie). Ces problèmes cités ne sont pas les seuls .Il faut un traité qui profite à tous sinon, celui qui se sentira lésé en sortira ! L’intégration doit s’adapter aux intérêts de tous et se fait sans précipitation. Quand on entend parler de l’union monétaire pour 2013, il est permis de douter du sérieux de cette déclaration. L’union monétaire suppose comme préalable l’harmonisation de politiques fiscales, budgétaires, etc.

Il implique la perte de la souveraineté dans la conduite de sa politique monétaire. La monnaie unique est à ce prix. Il s’agit plus d’une volonté politique qu’économique. Il suffit de voir les difficultés de la Zone euro pour s’en convaincre. Nos pays le veulent-ils ? Le peuvent-ils ?L’avenir nous le dira.

EAC

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