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Que contient l’accord-cadre signé entre l’Etat Burundais et le Saint-Siège le mardi dernier ?

05/05/2013 Commentaires fermés sur Que contient l’accord-cadre signé entre l’Etat Burundais et le Saint-Siège le mardi dernier ?

L’Etat Burundais et le Saint-Siège ont signé un accord-cadre, ce mardi 6 novembre 2012. Mgr Franco Coppola, Nonce apostolique au Burundi, explique le contenu de ce document.

<doc5972|right>{Un accord-cadre vient d’être signé entre l’Eglise catholique et l’Etat burundais. Que contient-il ?}

C’est un accord qui porte sur tous les différents aspects de la vie comme par exemple le respect des Droits de l’Homme. Il y a la reconnaissance de la personnalité juridique de certaines institutions de l’Eglise. On reconnaît qu’elles ont un droit interne que nous appelons droit canonique qui règle les relations entre ces institutions. Cela signifie que ce n’est pas l’Etat qui décide qui doit être évêque ou curé. L’accord garantit la liberté d’accès aux médias. Nous ne pouvons pas annoncer la bonne nouvelle si cela est interdit. Il y aura dans cet accord l’introduction de la reconnaissance des effets civils du mariage canonique. Dans la plupart des pays catholiques, on fait seulement une célébration à l’Eglise. On signe sur un papier et cela devient un acte officiel qui est transmis à la commune pour enregistrement. Mais nous allons d’abord préparer les gens. Il y a aussi la liberté d’association des fidèles, la création des écoles, l’enseignement de la religion catholique dans les écoles, etc.

{Apparemment, toutes ces choses vous étiez déjà permises. Pourquoi alors cet accord aujourd’hui ? }

Tous les accords qui étaient déjà signés entre l’Eglise catholique et le gouvernement burundais restent en vigueur jusqu’à la mise en application de cet accord-cadre. Il n’y a aucune raison de le faire aujourd’hui. C’est la coutume de l’Eglise catholique de signer des accords de ce type avec tous les Etats. Au cours de ces 60 dernières années, l’Eglise catholique a signé ces accords avec 44 Etats. Mais ces accords sont très récents en Afrique. Il y a trois ans, le chef de l’Etat est allé à Rome pour rendre visite au Saint-Père. On a alors évoqué la possibilité de cet accord. Les contacts ont alors commencé, depuis ce jour.

{Vous signez cet accord au moment où des corps sans vie sont retrouvés dans des rivières, des groupes armés annoncent la reprise des violences, etc. Que peuvent attendre les Burundais de cet accord?}

L’accord à lui seul ne peut pas changer toutes ces choses. C’est seulement le signe de la confiance que le Saint-Siège a envers le peuple burundais. Le Burundi sort progressivement de la crise. L’Eglise considère que les fondements existent comme les accords d’Arusha et que l’on doit passer par les élections pour accéder au pouvoir. En outre, l’Etat burundais est bien fondé car elle a une constitution qui garantit la liberté de tous les citoyens. Il a donc les moyens de base pour se développer. L’Eglise veut donner sa contribution. Signer cet accord signifie que les fondements sont là.

{Même si la Constitution garantit la liberté, les partis de l’opposition disent qu’ils n’ont pas le droit de se réunir. Certains leaders politiques ont fui le pays, d’autres menacent d’attaquer le Burundi …}

Ce qui est encourageant, c’est que la classe politique burundaise n’a pas soutenu ceux qui ont déclaré la guerre. Même ceux qui ont fui le pays ne parrainent pas les milices. Personne ne considère la guerre comme une solution possible. Evidemment, tout ne va pas bien au Burundi : les Droits de l’Homme ne sont pas respectés, spécialement le droit à la vie. Notre devoir est de réunir les personnes de bonne volonté pour faire avancer ce pays et isoler les personnes de mauvaise volonté. Malheureusement, ces personnes de mauvaise volonté se trouvent partout, au gouvernement et dans l’opposition.

{Certaines hautes autorités du pays sont protestantes. Est-ce que cela ne va pas entacher les relations avec l’Eglise catholique ?}

Pas du tout. Le processus de cet accord a été négocié depuis mon arrivée, il y a trois ans. Le président de la République a toujours donné des conseils pour que cet accord réussisse. Il n’a jamais affiché une position dure envers l’Eglise catholique. Cela peut étonner les gens, mais je dois dire la vérité. J’ai trouvé la plus grande compréhension des autorités burundaises envers l’Eglise catholique.

{Les élections de 2015 approchent. Quel est votre message pour qu’elles soient apaisées ?}

J’ai été témoin de la préparation des élections de 2010 parce que je suis arrivé en novembre 2009. J’étais ravi du climat qui régnait à ce moment. Les accords d’Arusha guidaient la préparation de ces élections. Mais, il faut aussi le reconnaître, tout n’était pas parfait. Il y avait des accrochages et quelques intolérances. Tous les partis avaient participé à ces élections. La communauté internationale avait envoyé des observateurs. L’Eglise catholique avait 3000 observateurs de la commission justice et paix partout dans le pays. Il y avait aussi la synergie des médias pour avoir une information complète et équilibrée. Mais les résultats du 24 mai ont été contestés. Cela a été dur. J’ai personnellement rencontré les responsables des différents partis pour essayer d’éviter le boycott des élections en vain. Même si on reconnaît que tout n’était pas parfait, on ne peut pas dire que les résultats ne correspondaient pas à la réalité. Aujourd’hui, il faut le reconnaître, la situation que nous vivons est pire par rapport à celle de 2009. Il faut alors l’effort de tout le monde. Cela ne sert à rien de pointer du doigt un camp en particulier car chacun a sa responsabilité. Je sais que des tentatives de contact tous se font. Le gouvernement et l’opposition peuvent et doivent faire mieux.

| Le nonce apostolique s’exprime sur [le cas d’Eusébie->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article4098]

« Seul l’évêque de Ngozi peut affirmer si les apparitions d’Eusébie sont vraies ou fausses » … Pour Franco Coppola, l’Eglise catholique a connu des personnes qui ont eu des apparitions et d’autres qui ont prétendu les avoir. D’après lui, les normes du droit canon précisent que quand une personne a des révélations, elle doit le signaler à l’évêque. En ce qui est de Businde, précise le Nonce apostolique, l’évêque de Ngozi est en train d’étudier le cas: « L’Eglise demande toujours aux fidèles de ne pas prendre position avant les vérifications de l’évêque ». Pour cela, explique-t-il, on demande une certaine réserve à la personne intéressée. Pour Franco Coppola, si Eusébie a quelque chose à dire, qu’elle s’adresse à l’évêque. «L’Eglise l’autorise à étudier si c’est la Vierge Marie qui lui est apparue ou pas », rappelle-t-il. Selon les normes de l‘Eglise, affirme le Nonce apostolique, les fidèles qui vont à Businde ne font pas une bonne chose. D’ailleurs, indique-t-il, l’évêque vient d’interdire à Eusébie et ses fidèles de participer à des prières à Businde. Et d’ajouter aussitôt : « Cela ne signifie pas que les révélations d’Eusébie sont fausses. Il faut attendre que l’évêque se prononce. » Si c’est vrai, annonce Franco Coppola, on va organiser des pèlerinages à Businde comme on le fait à Lourdes ou à Fatima. |

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