Tel est le thème du 7ème café politique organisé par Initiatives et Changement – Burundi Tugenderubuntu à l’intention des leaders politiques, religieux, société civile et médias, ce mercredi 20 juillet au Waterfront Hôtel, à Bujumbura.
<doc568|left>« La mise sur pied de la CVR [Commission vérité et réconciliation] s’accompagne de la nécessité de confier la conduite du processus à des personnalités intègres qui ne se réclament d’aucune tendance politique ou ethnique. Celles-ci doivent être des personnalités d’éthique recommandable et politiquement non alignées de façon passionnée. Elles devaient aussi requérir un consensus de la population.» La précision est du conférencier du jour, Fr. Emmanuel Ntakarutimana. Ce dernier a tenu à rappeler qu’il n’intervenait pas au nom de la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH) qu’il préside, mais en son nom propre.
Il estime par ailleurs que «la CNIDH aura été l’histoire d’une palabre nationale qui est allée de 2006 à 2010 pour finalement arriver à l’élection d’une équipe concertée au niveau des différentes forces socio-politiques.»
Au moment où un militant de la société civile s’est levé pour dire qu’ « on ne peut rien attendre de cette commission tant que le processus commence sur des bases politiques», le conférencier du jour à soutenu l’idée : « Je souhaiterais qu’il y ait dépolitisation du processus.»
Selon le frère dominicain, le travail de la CVR va réveiller les mémoires blessées, rouvrir les blessures et susciter des passions. Ce qui suppose «de véritables gestionnaires des passions.» Il estime dès lors qu’il devient important d’associer la société civile, les confessions religieuses, les médias et toutes les autres forces sociales et politiques.
Pour lui, «nous n’attendrons rien de la CVR si nous ne faisons rien, mais nous attendrons beaucoup d’elle s’il y en a qui acceptent de se sacrifier pour que les choses avancent.»
Le président du parti Sonovi, Déo Ndayishimiye, s’était posé la question de savoir si le gouvernement ne devrait pas avoir le courage de « reculer pour mieux sauter » afin de rendre le comité technique plus crédible.
Un participant s’est demandé s’il était possible que cette commission puisse fonctionner dans le contexte politico-sécuritaire du moment. Réaction du président d’Initiatives et Changement-Burundi, Augustin Nzojibwami : « La situation actuelle est peut-être le résultat du manque de ces mécanismes de justice transitionnelle qui devraient être mis en place en 2001, après l’Accord d’Arusha. Jusqu’à quand devrait-on attendre ?», s’interroge-t-il.
Notons l’absence des partis Cndd-Fdd, l’Uprona et le Frodebu, « pourtant invités » selon les organisateurs de la rencontre.