Les inondations dues à la pluie de ce mardi 28 janvier ont causé d’énormes dégâts matériels dans plusieurs localités du sud de la capitale économique.
12h. Nous sommes dans le quartier Gisyo de la commune Muha. Les époux Tharcisse Nkeshimana et Vénérande Kwizera sortent les dernières affaires de leur maison largement détruite, à la suite de la crue de la rivière Kanyosha. Canapés, tabourets, étagères, matelas, habits, matériel électroménager, etc. L’essentiel de leurs biens meubles est dehors. A l’intérieur comme à l’extérieur de la maison, la boue règne en maître. Les murs encore debout tanguent et menacent à leur tour de s’effondrer. Le couple ne sait plus à quel saint se vouer. « Nous nous sommes tellement démenés pour nous offrir un logement et voilà le résultat », se lamente Vénérande. « Cela fait dix ans que je réside ici et c’est la première fois qu’une telle catastrophe s’abat sur nous », témoigne l’employé de l’ONATEL qui n’a pu se présenter, ce matin, au travail. Il précise que la Kanyosha qui coule à quelques dizaines de pas de sa demeure dévastée est à l’origine de son cauchemar. « Elle a dévié de sa trajectoire habituelle et s’est déversée dans nos domiciles». Tharcisse avance que lui et son épouse dorment maintenant au ras du sol. Les Nkeshimana demandent l’intervention des autorités concernées pour un aménagement efficace des berges de la rivière Kanyosha à l’aide de tracteurs.
Jean de Dieu Ntaconizigiye est voisin de Tharcisse. Orphelin, il est propriétaire, avec ses onze frères et sœurs, d’un enclos formé de cinq maisonnettes. Difficile d’accéder à l’intérieur de la parcelle habitée. Un torrent de boue obstrue l’entrée. Tharcisse explique que les logements ont tous été fortement endommagés. Le jeune homme explique que l’enclos hérité des parents décédés subvenait aux besoins de la fratrie grâce aux loyers collectés mensuellement. « Comment pourrais-je désormais débourser les frais de scolarité de mes frères et sœurs ? », se demande Jean de Dieu avant d’estimer les dégâts matériels à 20 millions BIF. « Nous n’avons nulle part où aller. Un avenir sombre s’annonce pour nous », ajoute-t-il d’une voix résignée. L’orphelin demande à l’Etat une aide d’urgence.
A Musaga, certains habitants s’organisent
La chaussée qui passe devant le marché de Musaga est méconnaissable. Suite à la pluie de ce mardi 28 janvier, les eaux en provenance des collines surplombant cette zone inondent une grande surface de la route, bloquant ainsi la circulation. Des hommes vigoureux et dans la force de l’âge sont entrain de déboucher la seule voie de canalisation.
De l’autre côté de la route, des jeunes du coin ont improvisé une barrière constituée de morceaux de moustiquaires pour mettre à contribution les passagers au volant de véhicules qui empruntent la voie. De nombreux habitants curieux sont rassemblés aux bords de la rue pour assister à cette scène inédite. Elvis Niyomwungere, la vingtaine entamée, tient avec fierté un des côtés de la barrière. « C’est important que ceux et celles qui usent de cette route comprennent qu’il y a des personnes qui travaillent d’arrache-pied, depuis le matin, pour curer le ravin qui borde la route. La somme récoltée servira à leur offrir une petite rémunération surtout que certaines d’entre elles ont mis de côté leur métier de porteur au marché pour filer un coup de main», avance-t-il. Niyomwungere précise qu’un vélo qui passe par là débourse 100 BIF, une moto paie 200 BIF et une voiture s’acquitte d’un montant de 500 BIF.
Selon la police, quatre maisons se sont effondrées dans le quartier Gisyo de la commune Muha, suite aux pluies diluviennes de ce mardi, au moment où deux clôtures se sont écroulées dans Kibenga rural de la même commune.
Dans une interview, le ministre de la Solidarité, Martin Nivyabandi, a affirmé que son ministère a mis sur pied des comités de soutien au niveau communal pour venir en aide aux victimes des intempéries. « Nous sommes prêts pour agir à l’endroit des sinistrés en termes de nourriture, de logement et de soins de santé pour les blessés occasionnés par les calamités naturels», a-t-il déclaré.