Jeudi 26 décembre 2024

Environnement

Quartier Winterekwa : L’épée de Damoclès reste suspendue sur les riverains de la rivière Cari

25/12/2024 0
Quartier Winterekwa : L’épée de Damoclès reste suspendue sur les riverains de la rivière Cari
Eboulement des berges de la rivière Cari en amont

La rivière Cari continue de creuser des ravins. Les berges de ce cours d’eau ne cessent de s’élargir et les maisons riveraines sont menacées d’effondrement. Les habitants riverains réclament, depuis belle lurette, la canalisation de cette rivière en amont mais en vain.

Il est midi le mardi 17 décembre 2024. Nous sommes, sous un soleil de plomb, au bord de la rivière Cari dans sa partie en amont qui n’est pas encore canalisée. C’est à quelques 1 200 m de la route de contournement qui part du rond-point Iwabo n’abantu jusqu’à Mont Sion Gikungu.

Visiblement, les séquelles des inondations de 2019 sont encore là. Des débris des maisons détruites sont visibles. Des troncs d’arbres et de palmiers arrachés lors des inondations jonchent encore la rivière. Ses berges continuent à s’élargir.

Quand il pleut, des eaux de ruissellement en provenance des montagnes coulent à grande vitesse. Elles charrient les alluvions qui fragilisent davantage les berges de ladite rivière. Les alluvions charriées envahissent les champs et les infrastructures riverains.

A côté, certains habitants ont planté quelques bambous pour protéger leurs maisons se trouvant à quelques 5 m des berges. Mais, c’est un coup d’épée dans l’eau puisque les précipitations de ces derniers jours ont tout emporté. Les maisons présentent déjà des fissures. Le danger reste imminent.

Entretemps, les constructions anarchiques continuent. Il n’y a pas de caniveaux d’évacuation des eaux usées. Ces dernières coulent à flot et se déversent les unes dans les maisons, les autres dans les rues. Des ravins se créent du jour au lendemain.

Selon les habitants, la viabilisation de cette localité est reléguée aux calendes grecques. Il en est de même de la stabilisation du lit de cette rivière en amont. Ils accusent les extracteurs de matériaux de construction d’être à l’origine des fissures qui s’observent sur leurs maisons. Une activité qui, selon eux, est faite d’une façon anarchique.

Le désespoir s’installe

L’épée de Damoclès reste suspendue sur les habitants riverains de cette rivière. Ils craignent l’effondrement de leurs maisons. Certains ménages ont déjà déménagé. « Je ne dors plus dans ma maison à cause de l’effondrement des rives de cette rivière. J’ai peur que ma maison ne s’écroule. Que cette rivière soit canalisée en amont comme on l’a fait en aval !», plaide L. K., un habitant de cette localité.

Un autre habitant craint le pire. L’une des chambres de sa maison est déjà écroulée. Mais, curieusement, il dort encore dans cette maison faute de moyens pour se construire une autre. Son angoisse mêlée au désespoir se lit sur le visage.
« Vous voyez, les glissements de terrain continuent. Je ne sais plus sur quel pied danser. Les moyens financiers me manquent pour que je puisse déménager. La mort m’attend ici », s’alarme G.B. Il supplie les âmes charitables de lui venir en aide.

Pour ces habitants, les espoirs de voir la rivière canalisée s’amenuisent. Ils disent avoir, à maintes reprises, alerté les autorités habilitées, mais en vain.

« Nous ne cessons pas d’alerter les autorités pour qu’une solution durable soit trouvée, c’est-à-dire la canalisation de cette rivière. Elles nous rétorquent toujours que les études sont en cours. Mais, les jours passent. Les années passent sans que rien ne soit fait. Quand est-ce que lesdites études sortiront des tiroirs de ses autorités ? », s’interrogent-ils en colère.

Avec les pluies diluviennes qui continuent à tomber, craignent-ils, les eaux de ruissellement risquent de déborder et d’emporter d’autres habitations riveraines. Ils disent garder un triste souvenir des scènes des inondations de décembre 2019.

A tout prix, des travaux de canalisation

Pour un ancien employé de l’Urbanisme qui a requis l’anonymat, la protection des rivières serait une solution efficace pour soulager les souffrances des riverains.

Il épingle les travaux illicites qui sont opérés dans les rivières en l’occurrence l’extraction des matériaux de construction. D’où, fait-il observer, l’élargissement des lits et des berges de ces rivières. Ce qui continue de fragiliser les infrastructures.

« Il faut des travaux de canalisation et de stabilisation des berges de cette rivière en amont et en aval tout en atténuant la pression de l’eau en cas de fortes précipitations. » recommande-t-il.
Du côté de l’administration, Isidore Ngendakuriyo, chef du quartier Winterekwa dit être au courant de la menace qui plane sur les habitants riverains de cette rivière.

Il tranquillise ses administrés en disant que la canalisation en amont de la rivière Cari ainsi que la viabilisation de tout le quartier rentrent dans le cadre de la protection des infrastructures.

Pour rappel, en décembre 2019, suite aux pluies diluviennes qui se sont abattues dans les montagnes surplombant la zone urbaine de Gihosha, les eaux de la rivière Cari séparant Winterekwa et Nyabagere ont débordé.

Elles ont fait des dégâts humains dont plus de 15 personnes mortes, plus de 45 autres blessées et plus de 200 ménages déplacés. Elles ont emporté presque tout sur leur passage (des maisons, des cultures …).

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