Des distributions frauduleuses d’eau s’observent ces derniers jours dans les quartiers du nord de Bujumbura. La Regideso appelle les habitants de ce quartier à la vigilance. Elle les invite à dénoncer les auteurs de ces cas de vol.
Le 4 août, Jean Albert Manigomba, directeur général de la Régie de distribution de l’eau et de l’électricité (Regideso) a effectué une descente dans la commune Rugazi, en province Bubanza.
De retour à Bujumbura vers 16 h, il passe par les quartiers du nord de Bujumbura pour faire un constat sur les cas de fraude de l’eau. À la grande surprise, il se retrouve nez à nez avec un homme en train de faire creuser un caniveau pour enfin y placer un tuyau d’eau, un cas flagrant de raccordement sauvage.
Une discussion s’engage. « Qui t’a donné l’autorisation de faire cela ? », demande Jean Albert Manigomba à cet habitant. Surpris la main dans le sac, ce dernier n’a pas pu répondre à la question. Il n’a même pas révélé son nom. Menotté sur-le-champ, il a été acheminé vers un cachot.
Innocent Nkurunziza, directeur de l’eau à la Regideso, ne mâche pas ses mots. « Des tels cas de vols d’eau sont nombreux dans ce quartier ». Il affirme que le raccordement anarchique diminue la pression de l’eau. Ce qui fait que, dans certains ménages, l’eau n’arrive pas dans les robinets.
Sur la route sans numéro qui suit la 15ème avenue, le directeur de l’eau à la Regideso a montré des tuyaux qui mènent l’eau frauduleuse vers des ménagers.
Certains employés indexés
Interrogés, les habitants de ce quartier admettent l’existence des cas de fraude d’eau. Ils font néanmoins savoir que certains employés de la Regideso sont complices. «Lorsqu’on donne à un employé une somme d’argent convenue, il peut fournir à ton ménage de l’eau. Il est difficile de savoir s’il le fait au nom de son employeur ou pour son compte », témoigne une maman rencontrée devant une boutique à la 15ème avenue.
J. N, 28 ans, un jeune homme rencontré à proximité de la rivière Nyamanogo, du même quartier, n’y va pas par quatre chemins : « L’impunité est à l’origine de ce vol d’eau. Est-ce qu’un citoyen lambda peut voler de l’eau et rester tranquille ? »
Même son de cloche du côté d’une jeune universitaire interrogée. Elle affirme que le vol d’eau n’est pas le monopole des employés de la Regideso. « Ici, on assiste souvent à des scènes de gens qui viennent installer des tuyaux et alimenter des ménages en eau sans qu’ils soient de vrais agents de la Regideso ».
Le Major Manigomba ne nie pas l’existence d’auteurs de ce genre de fraude d’eau dans son entreprise. « Il peut y avoir des employés impliqués dans ces cas de vols d’eau ».
Pour lui, les employés corrompus ressemblent à des ’’tomates pourries’’. Et de les mettre en garde : « Je promets de chasser les ’’tomates pourries’’ de la Regideso pour rester avec les ’’tomates saines’’. Il appelle la population à dénoncer ces cas de fraude afin que les auteurs soient punis conformément à la loi.