Vendredi 22 novembre 2024

Santé

Quand se faire soigner n’est plus une priorité

31/08/2016 4

Faute de moyens financiers, le nombre de patients a sensiblement diminué dans les cabinets privés en mairie de Bujumbura.

cabinetLe spectacle de files interminables devant certains cabinets privés, notamment chez les ophtalmologues, appartient au passé. « Notre ophtalmologue pouvait consulter plus d’une cinquantaine de patients par jour », lâche un réceptionniste à la clinique « Saint Joseph ». Mais, poursuit-il, avec cette crise, c’est à peine qu’il reçoit une quinzaine de patients. Ce 10 août, à 10h, 14 patients s’y étaient faits enregistrer pour une consultation chez l’ophtalmologue. « Non seulement, les gens de l’intérieur du pays n’ont pas suffisamment de moyens pour payer facilement une consultation de 10 000 Fbu, mais aussi ils ont peur de descendre sur Bujumbura. Ils craignent d’être arrêtés, comme ils l’entendent souvent dans les médias », explique ce spécialiste.

Même constat à la clinique d’ophtalmologie « IRIS ». Quelques patients attendent pour se faire consulter. « Ils sont nombreux aujourd’hui ! Peut-être que c’est parce que les élèves sont en vacances », s’étonne la réceptionniste. Elle indique qu’avant cette crise, il y avait foule au point d’assister à des bousculades. « Aujourd’hui,nous recevons entre 10 et 15 patients par jour. Nous ignorons complètement les causes. »

« Ils se meurent, ils n’ont pas d’autre choix ! »

Pour la clinique « la Colombe », cette forte diminution de patients est aussi remarquée. Un cadre de l’administration avance trois raisons : « Nos clients fidèles, qui étaient des opérateurs économiques, ont fui le pays. Ces derniers avaient des parentés qui, faute de moyens, ne nous consultent plus. Ils se laissent mourir à la maison car ils n’ont pas d’autre choix. De plus, il y a les fonctionnaires qui ont beaucoup de mal pour payer les frais. »

Il indique que cette clinique pouvait accueillir facilement plus de 20 patients par jour. Ce cadre note que la plupart des patients se contente de faire les examens urgents.

Pour le cas d’hospitalisation, il signale un seul patient hospitalisé alors qu’auparavant, au moins huit étaient occupées sur les 14 chambres disponibles.

Toutefois, certains spécialistes disent qu’il n’y a rien de particulier à signaler. Dr Léonard Bivahagumye, ORL, fait savoir que le nombre de patients reste inchangé : « Comme nous sommes moins nombreux, la demande est toujours supérieure à l’offre, que ce soit dans mon cabinet privé ou à l’hôpital roi Khaled. »

Même constat chez un gynécologue à la clinique « Saint Joseph ». Selon le réceptionniste, plus d’une cinquantaine de patientes peuvent se faire enregistrer en une seule journée. « Peut-être que c’est parce qu’il travaille aussi dans un hôpital public », tente-t-il d’expliquer.

Forum des lecteurs d'Iwacu

4 réactions
  1. congo

    Quand un pays devient le plus pauvre de la planète il ne faut pas attendre que sa population soit fortunée. Il y a une minorité extrême moins de 0,5% qui accaparent des fortunes mal acquises . Le peuple n a pas de argent pour se faire soigner. C’est malheureux mais certains disent : tunasonga mbele.

  2. Bundes

    Avant il y avait des bousculades chez IRIS!!!? Ehhhh! mutama OBR était vigillent !!

  3. Arsène

    1. « Notre ophtalmologue pouvait consulter plus d’une cinquantaine de patients par jour »

    2. « Peut-être que c’est parce qu’il travaille aussi dans un hôpital public »

    Dans le premier, c’est ahurissant! Une cinquantaine de patients pour un seul médecin, cela signifie que dans l’hypothèse d’un travail de 10 heures par jour, le médecin consacre en moyenne 12 minutes par patient. Drôle de médecine!

    Le cas 2 me rappelle une époque où un seul ophtalmo burundais était connu ou du moins était le plus connu à Bujumbura. Il travaillait à la fois à l’hôpital Prince Régent Charles (l’avant-midi) ET à son cabinet privé l’après-midi. Le délai d’attente pour un rendez-vous pouvait être de trois mois voire plus. D’autres spécialistes avaient également ouvert des cabinets privés. Jusque là, cela pouvait se comprendre. Cependant, lorsqu’un médecin accepte de travailler dans un hôpital public, il ne faudrait pas qu’il dise à ses patients que le matériel adéquat ou une meilleure prise en charge sont à trouver à son cabinet privé.

    • Ndiho Burundi

      Tres bien dit Arsene!

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Question à un million

Quelle est cette personne aux airs minables, mal habillée, toujours en tongs, les fameux ’’Kambambili-Umoja ’’ ou en crocs, les célèbres ’’Yebo-Yebo’’, mais respectée dans nos quartiers par tous les fonctionnaires ? Quand d’aventure, ces dignes serviteurs de l’Etat, d’un (…)

Online Users

Total 2 674 users online