Mercredi 30 septembre, tous les commerçants des chaussures usagées du marché Bujumbura City Market (BCM) ont regagné le marché de Jabe. Et ce, sur ordre du maire de la ville de Bujumbura. ‘’Une violation des lois’’, dénoncent certains concernés.
Mercredi 30 septembre est la date butoir donné aux commerçants des chaussures pour quitter le marché « Chez Sioni ». Des stands leur ont été réservés au marché de Jabe. Là, depuis le matin, des mouvements inhabituels s’observent. Il est 9 h. Les nouveaux locataires de ce marché sont venus voir leurs stands. Ils ont laissé leurs chaussures emballées au marché Bujumbura City Market (BCM).
Parmi eux, des membres de l’Association des commerçants des chaussures usagées (ACCU). Ils apprécient la mesure du maire de la ville. « C’est vraiment une bonne décision. Nous avions besoin de retourner dans notre marché », confie un commerçant interrogé. Il précise qu’ils avaient été obligés de se déplacer pour permettre la réhabilitation de ce marché. Une mesure saluée aussi par Abraham Cimpaye représentant légal de l’ACCU : « Enfin, la mairie nous a réattribué nos anciennes places dans le marché de Jabe. Nous sommes prêts à y retourner. »
Néanmoins, des lamentations ne manquent pas chez ces commerçants. « Les stands sont trop petits alors que le commerce des chaussures usagées exige un espace vaste », déplore I.B., un commerçant des chaussures usagées. Il demande à la mairie à construire au moins des hangars.
M. Cimpaye signale que les stands ne suffisent pas : « 36 stands attribués sont insuffisants. Seuls les anciens vendeurs seront recasés. Plus de 150 personnes vont se retrouver sans places. Cela va compliquer leur travail. »
« Une injustice »
D’autres personnes interrogées jugent la décision de la mairie injuste. « C’est une décision qui nous prive de notre droit de commercer librement », analyse Jean Claude Ndayizeye, représentant des vendeurs de chaussures usagées au marché BCM, non membres de l’A.C.C.U.
Selon lui, seuls les membres de l’association « ACCU » avaient demandé ce transfert. Par ailleurs, poursuit-il, la mairie leur avait assuré de la disponibilité des stands au marché de Jabe. « Arrivés là, nous avons constaté que seulement 36 stands sont disponibles sur de plus de 400 commerçants».
Et de rappeler que pour avoir un stand dans le marché de Jabe après la réhabilitation, chaque commerçant devrait donner 690 mille BIF. « Une somme énorme étant donné que la plupart des commerçants qui n’ont pas de places sont des novices dans le métier. »
D’autres parlent d’un forcing. « Il n’y a pas eu d’avertissement sur un probable rapatriement vers Jabe afin qu’on se prépare», dénonce une vendeuse des chaussures. Elle indique que la décision de ne pas exercer chez Sioni a été annoncée mardi 29 septembre.
Les responsables du marché Bujumbura City Market (BCM) abondent dans le même sens. Joseph Dukundane, commissaire du marché, souligne que cette décision viole la libre concurrence et la liberté du commerce. Les commerçants, explique-t-il, ont le droit de choisir le marché où ils peuvent exercer leur métier.
Il demande l’annulation de cette mesure qui va perturber sans doute les activités de ce marché. « Il y aura une nette diminution des recettes». Et de mettre en garde contre des conflits futurs : « Certains commençants avaient déjà payé des avances sur les loyers. Le remboursement sera difficile.»
Eclairage du maire
Selon Jimmy Hatungimana, maire de la ville de Bujumbura, ce transfert vise à rendre « le marché de Jabe bien fonctionnel et vibrant comme avant ».
Pour rappel, dans une lettre du 23 septembre, adressée au représentant de l’Association des Commerçants de Chaussures Usagées, M.Hatungimana a indiqué que cette mesure a été prise avec un large consensus : « Plusieurs séances ont été organisées entre l’association des commerçants des chaussures usagées, le commissaire du marché, les représentants des commerçants ainsi que les gestionnaires des marchés municipaux. » Il y a de cela un mois. Mais, il déplore que les commerçants ont donné à plus de deux reprises de fausses promesses.
Il rappelle que ces commerçants ont migré vers le marché City Market de Bujumbura, en 2017. Et ce, uniquement pour laisser la place à l’entreprise GETRA qui devrait réhabiliter le marché de Jabe. Ils occupaient 36 places avant sa réhabilitation.
M.Hatungimana souligne que ce marché est historiquement connu dans la vente des chaussures usagées.
Ainsi, via sa correspondance du 23 septembre, la mairie de Bujumbura a demandé aux différents responsables concernés de prendre toutes les dispositions nécessaires pour accueillir ces ‘’rapatriés’’.