Une étude publiée en 2019 montre que les femmes qui interviennent dans les contenus médiatiques sont très minoritaires par rapport aux hommes. Elles représentent 15%. Une féministe explique.
Cette étude publiée par l’Association des femmes journalistes (AFJO) en 2019 affirme que les femmes, en tant que personnes ressources, interviennent dans les médias à environ 15% contre 84% des hommes.
Deux causes majeures pourraient expliquer cette réticence, d’après la présidente de l’AFJO, Diane Ndonse. Notamment le manque d’estime de soi et les barrières culturelles.
Certaines femmes croient qu’elles ne sont pas en mesure d’intervenir, explique cette présidente. Elles craignent d’exprimer des « bêtises ». Elles ont peur du qu’en dira-t-on, si elles s’expriment, surtout sur des thématiques qu’elles ne maîtrisent pas.
Pourtant, plusieurs journalistes interrogés assurent que les femmes rurales s’expriment beaucoup plus que les citadines instruites. Un constat que confirme Diane Ndonse : « Les femmes instruites sont réticentes à s’exprimer au micro surtout sur des sujets politiques, sécuritaires, donc sensibles de par le contexte actuel du pays. Elles se disent, si je parle, je vais subir le même sort que telle personne. Elles préfèrent donc faire profil bas. » De surcroît, elles n’ont pas confiance en elles-mêmes, croyant qu’il y a d’autres personnes plus qualifiées ou un homme qui peut mieux s’exprimer.
Or, estime Mme Ndonse, elles sont les mieux indiquées pour exprimer les problèmes que rencontrent les autres femmes moins visibles. Elles sont mieux informées, savent quoi demander et à qui. « Et c’est par la presse que les décideurs apprennent
Une part de responsabilité des médias
Un autre défi est que les médias n’accordent pas assez d’espace aux femmes dans leurs contenus. Cela explique aussi l’absence des voix féminines dans les médias, selon la présidente de l’AFJO. Les journalistes ont donc une part de responsabilité dans cette absence.
Pour elle, il ne suffit pas de réserver seulement un espace dans une émission 100% féminine. Il faut que la femme soit intégrée dans tous les sujets de tous les domaines. « Nous voulons que les femmes interviennent sur ces sujets justement ‘’sensibles’’ ».
Les barrières culturelles, un autre défi pour Mme Ndonse. La société burundaise considère la femme comme un être inférieur à l’homme. Cette perception engendre la timidité et la discrimination envers les femmes et les filles. D’un côté, explique-t-elle, les femmes ont tendance à s’abstenir de parler en présence d’hommes, de l’autre, la société ne les en croit pas capables.
Pour cette défenseure des droits de la femme, la conséquence est que très peu de femmes sont dans des postes de prise de décision ou de porte-parole. « Or, les femmes ont un rôle important dans la résolution pacifique des conflits. »
Une autre conséquence importante relevée par cette étude est l’accès insuffisant des femmes à ces canaux pour que leurs défis soient portés à la connaissance du public et des décideurs. « Par conséquent, ils ne trouveront pas de solution, alors qu’elles constituent plus de 50% de la population nationale».