Lorsque les leaders d’opinion divergent sur les sujets importants ou cruciaux pour la population, c’est un signe éloquent qu’il n’y a plus d’entente. Il s’agit d’une preuve que le cadre de dialogue qui devrait les caractériser n’est plus propice pour les décisions. Les habitants de la colline Renga en commune Kiganda s’expriment.
Les leaders d’opinion sont des boussoles, des maitres à penser pour leurs sympathisants. Des déclarations, des opinions contradictoires de la part des autorités sur une situation donnée posent souvent problème. La population de la colline Renga, en commune Kiganda de la province de Muramvya revient sur certaines contradictions entre autorités ou administratifs.
M.N parle des discours contradictoires de la part des administratifs et les dirigeants des organes du parti au pouvoir. « Le chef collinaire mobilise des gens pour des activités et le représentant du parti donne son programme. Quand ils se rencontrent devant le public, ils n’émettent pas sur les mêmes longueurs d’onde ».
Pour un autre habitant, les contradictions entre les autorités peuvent se remarquer quand un militant du parti au pouvoir ou celui de l’opposition commettent un acte délictueux. « Si un militant du CNDD-FDD ou du CNL peut être arrêté pour infraction. Malheureusement, certains administratifs peuvent refuser qu’un militant du parti au pouvoir soit traduits en justice du fait de leur affinités politiques ».
Une autre habitante de cette colline dit n’avoir jamais entendu des autorités tenir des propos contradictoires. Elle reconnaît néanmoins que des gens peuvent avoir des opinions divergentes surtout en politique.
K.G fait savoir que la contradiction se remarque quand certains leaders sont en état d’ébriété mais également à cause de l’orgueil de certains. « Ils se disent, nous sommes plus forts. Nous sommes riches. Nous sommes puissants. Vous ne pouvez pas nous donner des ordres. Certains veulent alors prendre seuls des décisions qui concernent pourtant toute la communauté ».
Un autre habitant lie les contradictions aux intérêts à protéger notamment les postes politiques, les intérêts économiques, etc. Il ajoute que d’autres le font par ignorance des lois et règlements. « Des gens peuvent se contredire sur la mise en application des lois en vigueur », fait-il observer.
Ces habitants de la colline Renga craignent des conséquences néfastes. Pour eux, cette situation sème la confusion. « Cela conduit finalement à la violence voire à des violences de masse et la crise s’installe ».
Une concertation est nécessaire
Fiacre Sinumvayaha, secrétaire exécutif permanant de la commune Kiganda reconnaît que de messages contradictoires peuvent avoir lieu et qu’ils sèment la confusion. « Des leaders peuvent se contredire sur des projets à réaliser ».
Cet administratif fait savoir qu’une réunion mensuelle avec tous les administratifs, les responsables des partis politiques ainsi que les représentants des confessions religieuses et de la société civile est organisée. L’objectif est de discuter sur tous les sujets concernant les défis relatifs à la cohabitation pacifique dans la communauté afin de donner des orientations claires.
Thaddée Kabura, juriste et expert en résolution pacifique des conflits, trouve que les contradictions dans le langage des autorités consistent à émettre des avis et opinions divergents sur un problème donné. A titre d’exemple, il revient sur les différentes déclarations sur la cause des pénuries récurrentes des carburants.
« Les unes disaient que la pénurie des carburants est due au fait que les partenaires au développement ont pris des sanctions à l’endroit du pays en 2015. D’autres parlent du manque de devises. D’autres encore parlent de mauvaises habitudes, de sabotage économique et de mauvaise gouvernance de certains opérateurs et autorités. D’autres dirigeants l’expliquent par des problèmes logistiques. Il existe même ceux vont plus loin jusqu’à parler des conséquences de la guerre entre la Russie et l’Ukraine ».
Ce juriste donne des raisons à cette situation. La première raison est que les autorités ne prennent pas du temps pour analyser, réfléchir et mûrir les solutions à donner sur la question afin de trouver des solutions adéquates.
Secundo, les autorités émettent des avis personnels au lieu de donner des avis et propositions en tant qu’agents investis d’un pouvoir public.
D’après cet expert, les conséquences deviennent ainsi inéluctables. Quand les dirigeants commencent à se contredire, dit-il, la population est désorientée. En plus, il y a perte de confiance envers l’autorité et le désespoir s’installe. Par conséquent, la population pense qu’elle est laissée pour compte. Ce qui peut la conduire à être manipulée.
Thaddée Kabura appelle les dirigeants à prendre du temps pour réfléchir ensemble afin de trouver une solution commune qui sera communiquée au public. « Il faut éviter de semer la confusion ».
Des divisions et discriminations qui perdurent ne permettent ni la cohabitation pacifique ni le Développement intégral. On accuse le colon d’avoir usé du « diviser pour régner » et on fait la même chose. Misérable.