Vendredi 22 novembre 2024

Société

Quand le soupçon est moteur de violence

08/06/2021 Commentaires fermés sur Quand le soupçon est moteur de violence
Quand le soupçon est moteur de violence
Avant que des enquêtes ne soient diligentées pour identifier l’auteur d’un crime, des groupes de personnes sont indexés. Le socio-anthropologue et consultant Lambert Hakuziyaremye appelle à la retenue et au lancement des enquêtes minutieuses pour établir les responsabilités.

Pourquoi y a-t-il prolifération de messages de haine en cas de situation difficile ?

Quand il y a des incidents, l’insécurité dans le pays ou dans une région, certaines personnes commencent à propager des messages de haine sur les réseaux sociaux. Un groupe social ou politique donné ou une catégorie d’individus est pris à partie. Il peut s’agir d’une ethnie ou de membres d’un parti d’opposition ou de la mouvance qui est pointé du doigt.

Cette attitude peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Des endroits sont attaqués, des crimes sont commis. Les auteurs ne sont pas identifiés. L’absence de vérité sur l’identité des auteurs des violences alimente les soupçons. Les cœurs de certains Burundais ne sont pas tranquilles. Ils craignent la résurgence des divisions ethniques et politiques du passé. D’autres profitent de ces circonstances pour pouvoir exprimer leurs intentions. Ils remettent en cause l’une ou l’autre catégorie de personnes. Ils sèment la confusion et la terreur en indexant les autres. Des crimes sont commis.

Que faire pour prévenir ces conséquences?

Seul l’éclatement de la vérité sur ce qui s’est passé et l’établissement des responsabilités peut changer la donne. Les autorités administratives, les forces de sécurité doivent mener des enquêtes minutieuses. Elles doivent s’investir pour mettre en évidence ce qui s’est passé, identifier les auteurs et informer la population. Ils doivent être traduits en justice pour engager des procédures pénales.

Quid de la population?

Quand des incidents se produisent, la population doit rester sereine et attendre l’issue des enquêtes pour avoir la vraie version. Seules les instances publiques sont habilitées à faire la lumière. Des accusations tout azimut ne font que cultiver les violences.

Et si le statut quo perdure, quels sont les risques ?

Les messages souvent diffusés après les attaques ou les incidents ravivent toujours la haine dans la population burundaise. Ils se focalisant sur les identités ethniques et les divisions politiques. Cela nourrit des soupçons et la méfiance. Et in fine des violences de masse.

Propos recueillis par Jérémie Misago

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Question à un million

Quelle est cette personne aux airs minables, mal habillée, toujours en tongs, les fameux ’’Kambambili-Umoja ’’ ou en crocs, les célèbres ’’Yebo-Yebo’’, mais respectée dans nos quartiers par tous les fonctionnaires ? Quand d’aventure, ces dignes serviteurs de l’Etat, d’un (…)

Online Users

Total 3 119 users online