Alors qu’il avait consulté d’autres acteurs politiques sur la nouvelle CENI, le pouvoir semble en faire fi aujourd’hui. Un comportement qui se répète souvent, commandé par l’arrogance électorale.
Savoir que le parti au pouvoir a consulté l’opposition sur la constitution de la nouvelle équipe de la CENI avait rassuré sur ses bonnes intentions. Mais, fidèle à lui-même, il vient de décider de faire cavalier seul, comme c’est dans la logique normale du pouvoir Cndd-fdd. Il enclenche un mouvement salutaire pour la nation, et change après, obnubilé par l’illusion de puissance qu’il a à l’intérieur des institutions de la République, mais aussi par le pouvoir politique en général.
C’est une stratégie du parti au pouvoir pour montrer à la communauté internationale et nationale qu’il est prêt pour le dialogue avec les autres acteurs politiques. Pourtant, après avoir engagé le processus de dialogue, il se retire parce qu’il dit avoir déjà montré sa bonne volonté, que ceux qui en réalité ne veulent pas suivre ce dialogue peuvent se retirer. Cependant, il se piège lui-même car dans le contexte actuel de la vie nationale, le CNDD-FDD est perçu comme un acteur qui ne veut pas le dialogue.
Et, comme le souligne le professeur Paul Ngarambe, ancien président de la CENI, cette attitude de faire cavalier seul en s’appuyant sur la majorité électorale est dangereuse. Le Cndd-Fdd vient de s’aliéner, en quelque sorte, les partis Uprona et Fnl aile Emmanuel Miburo, qui étaient ses partenaires politiques, même s’il ne les a jamais traités comme tels.
Une attitude dangereuse
Cependant, le dialogue qui vient d’avorter montre effectivement que le Fnl aile Miburo, était un partenaire du Cndd-Fdd. En témoigne la réaction de Jacques Miburo sur le fait que le pouvoir ait consulté Léonce Ngendakumana.
Ainsi, en agissant de la sorte, le Cndd-Fdd est en train de se délégitimer non seulement vis-à-vis de ses partenaires, notamment le Fnl, et surtout l’Uprona, mais aussi de s’affaiblir automatiquement par rapport aux acteurs nationaux et internationaux. Pourtant, sans l’Uprona, le Cndd- Fdd risque de ne pas diriger le pays. C’est sûrement dans ce sens qu’on doit comprendre le revirement du ministre de l’Intérieur pour permettre la tenue du congrès de Gitega, et partant assurer la pérennité du partenariat entre le Cndd-Fdd et l’Uprona.
Il faut néanmoins noter que, comme il est convaincu qu’il peut diriger ce pays sans tenir compte des avis des uns et des autres, le Cndd-Fdd peut foncer en faisant cavalier seul. Mais c’est un chemin qui n’aboutit, car, à la longue, il n’aura pas les ressources de son pouvoir. Et lorsque ses ressources manqueront, c’est tout le système politique qui risque de se bloquer. Et c’est le Cndd-Fdd qui en fera les frais.