Ce mercredi 26 avril, la CVR a organisé une conférence de presse portant sur la connivence entre le président Micombero et les rebelles ‘’Maï-Mulele’’, auteurs des massacres des populations Tutsi dans le sud du pays en 1972. Une version fortement contredite par les témoignages cités par la CVR elle-même et plusieurs observateurs.
Selon Aloys Batungwanayo, historien-chercheur au sein de la CVR, tout commence en 1968. La rébellion des Maï-Mulele d’inspiration marxiste fondée par Pierre Mulele (Ancien ministre de l’enseignement de Patrice Lumumba), vient d’être vaincue par l’armée du président de Mobutu.
Ces rebelles qui se faisaient appeler « Maï-Mulele » étaient dirigés par le commandant Gaston Soumialot. D’après le commissaire de la CVR, certains de ces rebelles se sont réfugiés à Bujumbura, Rumonge et Nyanza-Lac via le lac Tanganyika.
Aloys Batungwanayo cite ensuite le témoignage de Japhet Maragi, un témoin centenaire auditionné par la CVR qui parle de la présence de combattants du mouvement « Simba » à Nyanza-Lac. « Ils étaient ici chez nous et réputés avoir une expérience dans la sorcellerie et même dans la pêche. Ils ont trompé les Bahutu mécontents en leur disant qu’ils leur donneraient des médicaments contre les balles.
Comme les Bahutu voulaient se débarrasser de ces descendants des montagnes qui les malmenaient et qui avaient pris leurs terres, ils ont accepté ».
L’historien-chercheur de la CVR avance un témoignage d’« une source digne de foi » qui confirmerait la présence du chef rebelle à Bujumbura en mission pour le pouvoir de Bujumbura. « Gaston Soumialot débarque…. Les hommes (de Soumialot) sont armés vaille que vaille de flèches, de machettes, de bâtons, de sagaies, de quelques fusils aussi qui complètent ce qui ressemble plus à un attirail qu’à un arsenal ».
Des récits tronqués et contradictoires
Aloys Batungwanayo dit avoir découvert ce témoignage sur le site burundi-forum. Iwacu a consulté ce témoignage (dont l’auteur s’avère être le fils de Gaston Soumialot) évoqué par le commissaire de la CVR via le lien de l’article fourni par Aloys Batungwanayo (https://www.burundi-forum.org/70781/) et a pris connaissance d’une tout autre version de cette histoire que celle relatée par M. Batungwanayo. Voici le passage citée par l’historien-chercheur de la CVR dans son intégralité.
« Gaston Soumialot débarque à Bujumbura où il travaille les populations du Kivu et Maniema par une intense action de propagande persuasive et d’endoctrinement idéologique. Si bien que lorsqu’il met le pied sur le sol congolais, les populations de la région sont largement gagnées aux idées des nationalistes révolutionnaires lumumbistes et le CNL disposent de troupes relativement importantes, disséminées dans la région d’Uvira, la vallée de la Ruzizi et les plateaux du Nord Katanga. Les hommes sont armés vaille que vaille de flèche, de machettes, de bâtons, de sagaies, de quelques fusils aussi qui complètent ce qui ressemble plus à un attirail qu’à un arsenal. Mais tous porteurs d’armes modernes ou d’arcs antiques et de lances, sont sur le pied de guerre, enthousiastes et prêts à affronter l’armée nationale congolaise ».
Ce témoignage du fils de Gaston Soumialot cité par le commissaire de la CVR parle en réalité de combattants du mouvement « Simba » armés de diverses sortes d’armes qui ont été aperçus non pas à Bujumbura mais de l’autre côté de la frontière (Ex-Zaïre de l’époque) et prêts non pas à massacrer des populations tutsi mais à affronter l’armée nationale congolaise.
Plus tard, le fils de M. Soumialot révèle que le régime Micombero (allié à l’époque du régime Mobutu), informé par la présence du chef rebelle congolais et aidé par des militaires congolais dépêchés à Bujumbura par le pouvoir de Mobutu, l’a recherché pour l’appréhender, obligeant Gaston Soumialot à fuir en direction de sa terre natale. Un détail que n’évoque pas Aloys Batungwanayo.
Le mystérieux chauffeur
Pour prouver les liens entre le pouvoir de Micombero et les rebelles Maï-Mulele, le chercheur de la CVR avance le témoignage d’un certain Pontien Burarame. « En ce qui concerne le génocide de 1972, le gouvernement de Micombero a dit qu’il avait été attaqué par des Burundais réfugiés en Tanzanie. Mais cela n’était pas vrai. J’étais adulte et je sais que c’est faux. Je me souviens que le chauffeur de Yanda André (secrétaire exécutif national de l’Uprona, nommé Rurakobeje Nestor, frère de Madame Kabugubugu, m’a raconté l’accueil de Gaston Soumialot qui était chef d’Etat-major de la Rébellion Simba (chef des mulélistes) quelques mois avant le génocide d’avril 1972. Yanda André a accueilli Soumialot en compagnie de Shibura. Il a été logé à l’hôtel Central durant une ou deux nuitées, puis à l’hôtel Burundi Palace devant l’hôtel Paguidas. Il y a passé 5 jours… A son retour, il y a eu des motos protocolaires, une jeep Land Rover long châssis (don chinois au parti Uprona). La jeep transportait André Yanda, Albert Shibura et Augustin Ntamagara pour l’accompagner à la frontière de Gatumba, puis ils sont revenus. Après un temps, le chauffeur était proche des autorités, même de Micombero. Un jeune chic et qui disait tout à Joséphine Rurakobeje, Madame Kabugubugu, c’était son frère ; Ils étaient natifs de Ngozi ».
Un récit en totale contradiction avec celui du fils de Gaston Soumialot (cité par Aloys Batungwanayo qui s’est gardé de présenter son témoignage dans son entièreté) qui lui, révèle que son père a dû fuir le Burundi vers la RDC après avoir appris qu’il était vivement recherché par les militaires du régime de Bujumbura épaulés par leurs homologues congolais présents à l’occasion à Bujumbura.
Le chercheur de la CVR cite un autre témoignage. Celui d’un certain Kagimbi dont le père était militaire travaillant pour l’administration générale de la sûreté et immigration confirme que le régime Micombero a cherché les hommes de Soumialot pour venir attaquer les Batutsi. « Mon père (qui en souffre beaucoup) et d’autres, ont obtenu la mission d’aller recruter quelques Maï-Maï (Maï-Mulele) du Congo avec lesquels ils (les Maï-Mulele et les agents du Service national de la sûreté et immigration au Burundi) ont attaqué, tué et sacrifié certaines familles tutsi du sud du pays pour justifier l’intervention de l’armée et permettre à la justice de l’époque de réprimer les « faux auteurs » (« faux auteurs » parce que les massacres ont été commis par les Tutsi contre les autres Tutsi mais accolés aux Hutu) »
Les conclusions de la CVR seront alors les suivantes : les massacres des populations Tutsi des régions sud en 1972 sont le fait des Maï-Mulele qui comprenaient en leur sein aussi bien des Hutu que des Tutsi sous l’instigation du pouvoir Micombero. « Micombero a en quelque sorte sacrifié les Tutsi de Rumonge et autres pour avoir le prétexte de s’en prendre massivement à l’élite hutu et leur dérober leurs biens par la même occasion »
Réactions
Simon Kururu : « Je doute beaucoup de l’objectivité d’Aloys Batungwanayo »
Présent dans la salle, Simon Kururu, ancien journaliste à la RTNB, a totalement remis en cause cette version des faits. « Il y a de nombreuses affirmations qui me font beaucoup douter de l’objectivité d’Aloys Batungwanayo. Expliquez-moi comment le président Micombero peut s’être allié avec des rebelles hostiles à son grand ami Mobutu qui fut d’ailleurs le parrain du fils aîné de Micombero ? »
M. Kururu ne s’arrête pas là. « Quand vous parlez d’enquête que vous avez menée, normalement pour une enquête pareille, je le dis pour avoir mené moi-même des enquêtes journalistiques, on interroge des sources multiples pour établir les faits avec exactitude. Or, ici, comment vous croire quand vous dites que vous vous êtes basés sur le témoignage unique d’un chauffeur ? »
D’après Simon Kururu, le président ougandais Yoweri Museveni a révélé, dans une lettre écrite à l’intention du président Pierre Nkurunziza, que lui-même, à la tête d’une rébellion à l’époque contre le régime Idi Amin Dada, a dissuadé les rebelles burundais présents en Tanzanie (où lui et sa rébellion étaient basés à l’époque), d’agir comme ils projetaient de le faire en pénétrant au Burundi via le sud pour massacrer les populations tutsi. « Etes-vous allé recueillir son témoignage ? », s’interroge Simon Kururu.
Déo Ndikumana, commissaire de la CVR, répond à Simon Kururu : « Nous avons travaillé à partir d’une méthodologie qualitative et non quantitative. Pour les fosses communes par exemple, 100 personnes peuvent dire que la fosse commune se trouve à un endroit donné et une personne dire que la fosse se situe à un autre endroit et après vérification, on trouve que c’est cette dernière qui avait raison ! »
A son tour, Aloys Batungwanayo a tenu à répondre aux propos de l’ancien journaliste : « Ce que vous dites s’appelle de l’anachronisme historique car les rebelles dont parle Museveni ont attaqué le Burundi en 1973 et non pas en 1972. »
Pierre-Claver Nahimana : « Une vérité au service de la réconciliation »
Le président du parti Sahwanya Frodebu était aussi présent lors de cette conférence de la CVR. Interrogé en marge de la conférence, Pierre-Claver Nahimana est formel sur une chose. « Au sein du Frodebu, nous nous sommes déjà exprimés sur 1972 et défendons qu’il y a eu un génocide des Hutu. Après, il peut y avoir débat sur cette qualification car quand on parle de génocide, ça implique qu’un groupe de la population en a massacré un autre. Pour nous, l’essentiel c’est la réconciliation et il est important qu’il y ait une vérité au service de la réconciliation »
Jean de Dieu Mutabazi : « Ce travail de recherche va beaucoup nous aider au sein de notre observatoire »
Le président du Radebu et président de l’observatoire pour la lutte et la prévention contre le génocide, a salué ce travail de recherche de la CVR. « Ce travail va beaucoup nous aider au sein de notre observatoire »
Faisant un parallèle avec les génocides des arméniens, des juifs et des tutsis, tous trois reconnus par l’ONU, M. Mutabazi a avancé que ses recherches le mènent à dire que « le génocide des Hutu » de 1972 est le plus cruel des trois.
Novat Nintunze : « Micombero et son gouvernement ne pouvaient pas organiser une rébellion qu’ils ne pouvaient pas contrôler »
Pour ce rescapé tutsi qui a perdu une grande partie de sa famille à Vugizo (Actuelle province Makamba) et auteur du livre « Burundi 1972 : Massacre des Tutsi dans le Sud » (Editions Iwacu), Micombero et son gouvernement ne pouvaient pas organiser une rébellion qu’ils ne pouvaient pas contrôler. « L’une des personnes souvent accusées d’avoir participé dans cette organisation est Albert Shibura. Mais nous savons qu’il a perdu son frère (son nom ne me vient pas à l’esprit immédiatement mais je peux le chercher) quand les « Maï-Mulele » ont commencé les massacres dans la plaine de Nyanza-Lac. Comment n’aurait-il pas averti son frère ? Lui-même et Yanda ont failli être tués à Rumonge. Il me semble aussi que Micombero a perdu une parenté. Et que sa voiture a été attaquée, mais avait seulement ses garde-corps à son bord »
Et d’indiquer que l’administration de la province de Bururi a été décimée à Rumonge. « Si c’est le gouvernement de Micombero qui avait tout arrangé, n’aurait-il pas trouvé des victimes qui l’handicaperaient moins ? »
En plus, si réellement le gouvernement de l’époque voulait un génocide, aurait-il eu besoin d’un alibi ?, s’interroge ce témoin qui vit aujourd’hui aux USA.
D’après lui, la CVR tente de vouloir présenter les Hutu comme des gens faciles à manipuler. « Comme quoi ils ne pouvaient pas se révolter contre le régime en place. Et pourtant c’est ce qui s’était déjà passé en 1965. La tension Hutu-gouvernement et Hutu-Tutsi était bien présente au Burundi à cette époque, et jusque dans nos centres de commerce dans nos collines. Je relate un peu dans mon livre quelques micro-agressions. Aussi, des Hutu étaient partis d’eux-mêmes dans des camps d’entraînement en Tanzanie, et ils ont partagés leurs intentions d’attaquer des paysans Tutsi, notamment avec Museveni ».
Novat Nintunze avance que les rebelles ‘Maï-Mulele’ étaient des insurgés hutu. « Ceux qui ont tué mon père, mes oncles et mes voisins. A Vugizo certains étaient venus de Nyanza-Lac et de Mugara, mais ils avaient dans leurs rangs un grand nombre de nos voisins hutus. Par exemple ceux qui ont tué un de mes oncles étaient un groupe de voisins immédiats. Un de ceux qui ont participé au meurtre de mon père était une connaissance de longue date. Ceux qui ont essayé d’avoir accès aux tutsis refugiés dans l’église de Martyazo, c’était deux directeurs d’écoles primaires et un catéchiste. Tous des locaux. Voilà qui étaient les « Maï- Mulele » »
Concernant l’affirmation selon laquelle il y avait aussi bien des Hutu et des Tutsi parmi les rebelles, M. Nintunze parle « d’un autre grand mensonge ». « Juste pour faire avancer l’hypothèse d’agents du gouvernement. Il n’y avait pas de Tutsi (ni de Ganwa) parmi les « Maï -Mulele ». A moins que ce ne soient des prisonniers amenés à leur exécution. A mon avis Aloys connaît la vérité, qu’il ne pouvait pas y avoir des Tutsi parmi les tueurs. Pourquoi auraient-ils participé à la chasse et au meurtre d’autres Tutsi ? Notez que les Maï-Mulele ne tuaient que les Tutsi (et les Ganwa) ».
Novat Nintunze juge qu’en avançant ce mensonge gratuit, Aloys Batungwanayo garantit que beaucoup de Burundais ne croiront pas en la CVR « parce que ce mensonge sème la rancœur, pas la réconciliation ». « Aloys et la CVR doivent reconnaître la responsabilité des insurgés hutu ‘Maï-Mulele’ de 1972 dans les massacres des Tutsi. Cela n’enlève rien de la responsabilité du gouvernement de Micombero dans les massacres indiscriminés de Hutu qui ont suivi »
Tatien Sibomana : « Une vérité unipolaire qui ne sera jamais crédible »
Selon Tatien Sibomana, la CVR agit en violation de la mission qui lui a été confié : « il ne faut pas que les burundais tombent dans le piège, d’abord Aloys n’est pas le premier chercheur à publier sur les évènements de 1972. », affirme-t-il avant de continuer. « Pourquoi la CVR veut faire croire à l’opinion qu’il n y a qu’une vérité à sens unique et unipolaire, pourquoi la CVR n’a pas consulté d’autres chercheurs qui ont déjà publié sur 1972 plus qu’Aloys Batungwanayo pour qu’il y ait un débat contradictoire ? »
Pour lui, la CVR est sous la coupe du parti au pouvoir, le Cndd-Fdd. « Les burundais savent que tous ce monde fait 3/4 des membres de la CVR sont du parti au pouvoir. Donc la vérité recherchée par cette instance est une vérité unipolaire qui ne sera jamais crédible. », souligne-t-il.
Et de conclure. « Les grands hommes du gouvernement de l’époque étaient de Bururi et n’ont pas été assez bêtes pour envoyer les rebelles pour faire massacrer les leurs. ».
Térence Mushano : « Une falsification de l’histoire »
Le vice-président de l’association AC-Génocide Cirimoso se dit ébahi par la version du commissaire Aloys Batungwanayo. « Aux yeux de notre association, il s’agit de la falsification de l’histoire, du négationnisme. La participation des Maï-Mulele qui étaient des rebelles de Pierre Mulele ont menti aux insurgés Hutu basés en Tanzanie que s’ils attaquaient les militaires, les balles se transformeraient en eau et que pour que ça se produise, il fallait qu’ils disent à chaque fois « Maï-Mulele ». Ces rebelles Hutu avaient été intoxiqués pour qu’ils acceptent de tuer les tutsi. »
D’après lui, ce que dit Aloys est une thèse qui mérite une antithèse de haute envergure. « S’il est historien et en même temps membre de la CVR, la commission qui recherche la vérité pour aboutir à la réconciliation, la voie qu’il emprunte induit en erreur la CVR, et du coup le peuple burundais, par conséquent il faut demander à l’autorité politique burundaise et aux décideurs politique burundais de ne pas en tenir compte ».
Et de révéler. « Feu monseigneur Jean-Louis Nahimana, ancien président de la CVR, était allé en Tanzanie chercher Mbasha et Biyorero pour leur demander s’ils sont les auteurs des attaques au pays, là où les attaques ont été perpétrées, et ils ont affirmé qu’ils en sont les auteurs mais qu’ils ne sont plus Burundais mais tanzaniens. En plus, la thèse qui prends comme référence le témoignage unique d’un chauffe ne rassure pas».
Gaspard Kobako : « C’est tout à fait vrai »
Pour Gaspard Kobako, politicien, cette version de la CVR disant que les Maï-Maï étaient des alliés du régime Micombero est fondée : « C’est tout à fait vrai. J’étais jeune en 1972, en deuxième année primaire. Ils ont été recrutés par le régime Micombero »
D’après lui, même si on tenterait de les imputer sur la rébellion hutu de cette époque, ça ne pourrait jamais tenir. « On a tenté de travestir l’histoire dans une déformation en voulant se débarrasser de la monarchie et, du coup régler les comptes aux Hutu qui, par un malaise/frustrations accumulées pendant les années antérieures, avaient tenté un soulèvement à partir du sud du pays ».
Pour M. Kobako, ces Maï-Mulélistes étaient là pour appuyer le régime Micombero : « Les Maï-Mulélistes qui décimaient tout sur leur passage en suivant les instructions caricaturales sur les traits du visage, la taille n’ont pas épargné des Tutsi. C’est ainsi qu’ils ont été retirés par la suite ».
Nos vieux ont encore presque tous le vénin dans leur âme, des criminels qui veulent léguer du vénin aux nouvelles générations, des Histo-Rien qui ont écrit et écrivent encore une histoire bâclée et participent ainsi au crimes du passé. Quel intérêt y a-t-il à pactiser avec les Mulele et nier que leurs crimes étaient des crimes ? Quel culot de se porter défenseur d’un génocidaire Micombero et compagnons alors que son compagnon Simbananiye a confessé ? Ce n’étaient pas des anges, c’étaient bien des criminels, des génocidaires. Le Peuple n’a pas besoin de vos mensonges, il a besoin de la vérité, de la réconciliation, du Pain dans la Paix. Déjà le Murundi sait pardonner, même s’il n’oublie pas, il sait vivre avec, sans refaire la même chose. Aujourd’hui on voit des Tutsi et Hutu dans les mêmes partis politiques, dans les mêmes coopératives, dans une même Armée, dans une même Police, dans les mêmes familles réunies par des couples mixtes, c’était impensable aux lendemains de 1972.
Les Tutsis de Burundi disent histoire fausse. Les hutus disent histoire vraie. Ça dent quelque chose
Moi je pense que la CVR a déjà failli à sa mission. puisqu’elle ne fait que du négationnisme. la vérité connu est celle de feu Mgr Jean Louis Nahimana. Le contenu du rapport de l’ambassade des Etats Unis au Burundi sorti au lendemain des évènements sanglants de 1972. Il faut également exploiter la lettre du président Museveni à Nkurunziza pour le bien de la réconciliation nous devrions suivre le chemin récemment tracé par Mgr Salvator Niciteretse lors de son récent homélie à Buta.
D’un certain Yan:
« Je me suis toujours demandé pourquoi nombreuses victimes en 1972 se présentaient elles-même à l’abattoir et n’essayaient jamais de se défendre, alors que selon cette histoire, c’était elles-mêmes qui avaient ouvert les hostilités. »
On pourrait se passer de tels commentaires svp!
« Quand la CVR réécrit l’histoire »
Lorsque ceux qui font la pluie et le beau temps font l’histoire et qu’ils l’écrivent eux-mêmes, quoi de plus normal que de douter de cette histoire? Je me suis toujours demandé pourquoi nombreuses victimes en 1972 se présentaient elles-même à l’abattoir et n’essayaient jamais de se défendre, alors que selon cette histoire, c’était elles-mêmes qui avaient ouvert les hostilités.
L’histoire est écrite par les vainqueurs. Enfants, je ne pensait pas que les évènements de 72 pouvaient être qualifiés dans leur vrais mots. On parlait avec pudeur d’événements ( ikiza, amakuba,…) Il ne fallait pas entrer dans les détails ( ntakuzura akaboze) , maintenant, les rescapés et les descendants des victimes sont à la manette pour qualifier les faits. Sans nier les victimes d’un côté ou d’un autre, les pouvoirs qui ont voulu enterrer 72 se reprochaient de quelque chose de grave. La CVR recherche la vérité, et après se chargera de réconciliation, ceux qui ne sont pas d’accord avec le vérité actuelle, peuvent garder la vérité du passé : ntakuzura akaboze.
Si la CVR adopte des discours comme celui d’Aloys Batungwanayo, la CVR tend vers l’échec. Tout ça pourquoi? En tout cas pas pour la vérité. La vérité, on sait déjà. Autour de 1972, le régime Micombero s’est qu’il ne pouvait pas facilement gouverner une masse en surnombre et mécontente de Hutu et même des Tutsi du Nord que le régime ne reconnaissait même pas comme de vrais Tutsi, il a entrepris de décimer les Hutu sur tout le territoire national avec objectif de les réduire en minorité et il a commis un génocide.
Vous n’allez pas ressusciter les morts, mais vous pouvez travailler au présent et préparer un meilleur avenir pour les générations naissantes. Les problèmes actuels sont plutôt économiques qu’ethniques. Il faut que chaque bouche ait à manger et que chaque poche ait de l’argent. NEva a dit: UBUHUTU canke UBUTUTSI bwawe si URWARWA ngo nce NDABUNWA.
Nos politiciens ne nous parlent d’ethnie que pour défendre leurs intérêts égoïstes, jamais pour partager leurs gains honnêtes et malhonnêtes. Malheureusement, on risque de perpétuer la haine ethnique avec de tels discours au lieu d’unir les enfants pour un développement durable.
Pour ceux qui défendent l’intéfendable, la vérité est la suivante: Micombero a commis un génocide. Le régime Bahima de Micombero n’a jamais été accusé d’avoir tué les rebelles dits Mulele, ce qui était normal pour une rébellion, mais d’avoir décimé le Peuple innocent Hutu sur tout le territoire national.
Chers journalistes Alphone Yikeze et Stanislas Kaburungu,
A vous lire dans votre introduction, vos propos sont à charge contre l’exposé de Aloys Batungwanayo. Rien que le titre de votre article à savoir: « Quand la CVR réécrit l’histoire », tout est dit. A mon avis, la CVR rapporte les faits, recoupe les informations pour dégager une version des faits la plus vraisemblable: la vérité en d’autres termes.
Dans tous les cas où des tueries de masse, des génocides et/ou toute autre violation grave des droits de l’homme, il y a eu toujours des hommes et femmes qui remettent en question les faits, qui les relativise ou simplement qui les nient purement et simplement. Fallait-il attendre 50 ans pour qu’enfin, on parle de fosses communes au Burundi, sans tabou? Où était la presse, les défenseurs des droits de l’homme, les chercheurs et les connaisseurs?
Je m’étonne personnellement que Iwacu ouvre l’espace d’un débat pareil au risque de nous heurter, nous les hommes et femmes, victimes directes et collatérales de la barbarie humaine que la CVR a courageusement qualifiée de génocide!
Dans un contexte pareil, rien que les faits ( le mode opératoire, les fosses communes et autres) justifient en eux seuls la qualification de génocide, sans avoir besoin de recourir aux débats stériles « des experts » qui se sont tus pendant 50 ans! On aurait aimé qu’ils se taisent à jamais.
Je ne suis pas originaire de la plaine mais, dans ma région, des hommes et femmes ont été tués parce accusés d’être des mulele. Or, dans un Burundi de 1972, avec les moyens de communications et de transport de l’époque que l’on connait, il est difficile d’expliquer que des faits produits à Rumonge se répandent le lendemain à travers tout une superficie de 27 834 km carré, de l’Est à l’Ouest et du Nord au Sud! Soit il y avait de la magie et la rébellion muleliste se justifierait, soit il y avait autre chose: c’est ce que le brave Aloys Batungwanayo et la CVR tentent de nous/vous expliquer.
Pour le reste, vivement la législation à venir contre la négation de ce génocide qui aujourd’hui, est entrain de prendre de l’ampleur si rien n’est fait dans les meilleurs délais!
La CVR est une CVR des vainqueurs comme la justice des vainqueurs qui condamne une jeune maman journaliste, Floriane Irangabiye, a 10 de prison pour avoir fait un selfie avec Kagame. La CVR est au service de l’ideologie triomphante dans les Grands Lacs, le Hutu-power, que l’historien francais Jean-Pierre Chretien appelle nazisme tropical. Au Rwanda, c’est pire, les negationistes sont en train de repandre que les Tutsis rwandais se sont massacres eux-memes. Cette providentielle conference a permis d’abattre les masques et d’en montrer le vrai visage: une CVR au service de la cause, dirige par un president ideologue patente et dotee de chercheurs « scientifiques » sur commande comme la justice burundaise. « Mon general, qu’est-ce que je fais? »La CVR n’apportera ni la verite ni la reconciliation. Elle vient plutot conforter la position de l’ancien president Bagaza a savoir l’existence d’une nation avec deux peuples qu’il faut partager en hutuland et tutsiland.
Il semble que tu es à la limite du délire.
Déo Ndikumana, commissaire de la CVR, répond à Simon Kururu : « Nous avons travaillé à partir d’une méthodologie qualitative et non quantitative. Pour les fosses communes par exemple, 100 personnes peuvent dire que la fosse commune se trouve à un endroit donné et une personne dire que la fosse se situe à un autre endroit et après vérification, on trouve que c’est cette dernière qui avait raison ! »
Par rapport à ce passage, j’aimerais réagir sur l’aspect « méthodologie de la recherche en sciences sociales » évoqué par M. Déo Ndikumana.
Si plusieurs personnes indiquent à tort l’existence d’une fosse commune à un endroit donné et qu’une autre désigne le bon endroit, il ne s’agit pas d’une méthodologie qualitative de la recherche. Tout au plus peut-on parler d’une observation qui, certes fait partie des techniques qualitative mais qui ne peut en en aucun cas suffire pour comprendre un phénomène. La méthode qualitative implique une variété de techniques qui, à côté de l’observation, comprennent entre autres, les entretiens – qui sont de plusieurs genres, les discussions de groupes (focus groups), les recueils documentaires et l’analyse du discours.
Dans le cadre d’une recherche qualitative, tant la profondeur, la richesse que la qualité de l’analyse dépendent de la qualité de l’information, la diversité des sources utilisées, des confirmations, des recoupements opérés lors des enquêtes.
La question de M. Simon Kururu méritait d’être posée et la réponse d’être interrogée. Une enquête de la CVR ne peut se passer d’une diversification de sources et a fortiori d’un recoupement d’informations récoltées.
Je suggère au chercheur Ndikumana (de la CVR) deux ouvrages qu’il ne semble pas avoir lus:
– L’enquête et ses méthodes d’Alain Blanchet et Anne Gotman paru chez Armand Colin
– La recherche qualitative. Enjeux épistémologiques et méthodologiques de Jean POUPART et al. paru chez Gaëtan Morin.