Entre le dialogue à Arusha et celui piloté par la CNDI, Bujumbura semble avoir fait son choix malgré les rappels et les menaces d’une partie de la communauté internationale.
« S.E. Benjamin Mkapa m’a informé aujourd’hui sur les progrès du processus de paix au Burundi. Je suis optimiste une percée sera réalisée bientôt », twittait le 2 novembre dernier Yoweri Museveni, le président ougandais, médiateur dans la crise burundaise. Pourtant, le dernier round des pourparlers inter-burundais du 14 juillet dernier fut un fiasco.
La délégation gouvernementale a refusé de pénétrer dans la salle de conférence, à cause de la présence de membres du Cnared et de certaines figures de la société civile poursuivis par la justice burundaise. Ils n’ont pas participé aux discussions, la facilitation ayant invoqué une erreur dans les invitations. Mais l’opposition et les représentants de la société civile y ont vu la main de Bujumbura et du secrétariat de l’EAC, organisateur de la rencontre, dirigé par un Burundais taxé proche du pouvoir. Aucune date pour une prochaine rencontre n’a été fixée.
Plus tard, une information a fait état de la visite de Benjamin Mkapa au Burundi en octobre pour relancer le dialogue. Mais il n’est pas venu, et depuis c’est le black-out total sur ces pourparlers.
Après la rencontre avec le facilitateur dans le conflit burundais en Tanzanie, le 3 octobre dernier, le secrétaire général du parti Cndd-Fdd, Evariste Ndayishimiye, a déclaré que son parti est pour le dialogue, mais avec des limites. Pour lui, même si le gouvernement burundais est prêt à dialoguer, la plate-forme de l’opposition burundaise, le Cnared, reste exclu du dialogue car c’est une formation politique non reconnue par la loi.
D’Arusha à Bujumbura…
M.ndayishimiye soutient que le dialogue inter-burundais organisé par la Commission Nationale pour le Dialogue Inter-burundais (CNDI) a été un véritable succès : des contestataires du 3ème mandat du président Nkurunziza ont remis leurs armes. En plus, a-t-il ajouté, beaucoup de Burundais voudraient participer à ces sessions de dialogue et donner leurs contributions. Or tous n’ont pas les moyens de se déplacer jusqu’en Tanzanie. Le patron du Cndd-Fdd voudrait ainsi que ce dialogue soit organisé au Burundi.
Une position proche de celle de l’Uprona reconnu par le ministère de l’Intérieur. Son président, Abel Gashatsi, soutient le dialogue, tant celui qui se déroule à Arusha que celui conduit par la CNDI. « Mais, aujourd’hui que la paix est revenue, le bureau de la médiation pourrait voir comment la sécurité de certains acteurs à ce dialogue externe peut être garantie afin qu’il ait lieu au Burundi. Certains viennent de loin pour aller à Arusha, ce qui est très couteux et ralentit sans doute ce dialogue. Je pense que l’idéal serait que les deux dialogues soient liés. »
Le 19 octobre 2016, une « résolution de paix et de réconciliation » a été signée à Gitega par les 22 partis politiques reconnus au Burundi et le gouvernement, lors d’un atelier organisé par le ministère de l’Intérieur. Cette résolution est constituée de 29 articles. Elle exige que la médiation de l’ancien président tanzanien Benjamin Mkapa soit désormais organisée au Burundi, en collaboration avec la CNDI. D’après cette résolution, les acteurs qui sont poursuivis par la justice doivent répondre de leurs actes avant d’intégrer le dialogue.
La danse solitaire du Cnared…
Seule la principale plateforme politique de l’opposition s’accroche à un dialogue que Bujumbura balaye du revers de la main.
Le CNARED, dont la majorité des membres sont poursuivis par la justice burundaise, soutient mordicus le dialogue, et fustige la mauvaise foi du gouvernement qui traîne les pieds. « Le CNARED n’accepte que le dialogue tenu à l’extérieur du Burundi sous médiation internationale. Nous avons toujours rejeté l’idée d’un dialogue interne piloté par le régime burundais, via la CNDI, qui est une partie à ce dialogue mais qui cherche toujours à être en même temps juge et partie », indique Jérémie Minani, commissaire chargé de la communication. Tout comme la CENI et la Cour Constitutionnelle, souligne-t-il, cette commission ne cherche qu’à appliquer les volontés de Pierre Nkurunziza, notamment son refus de vraies négociations et son intention de changer la Constitution du Burundi pour s’assurer une présidence à vie.
Il ajoute que la résolution signée à Gitega s’inscrit dans une série d’actions et de mesure prises par le régime pour saboter le dialogue piloté par l’EAC. Cette plateforme est convaincue que le dialogue est l’unique moyen pour empêcher le Burundi de sombrer. « Nous restons déterminés à y participer, reste seulement à savoir comment la médiation parviendra à faire face à l’obstination du régime burundais à refuser ce dialogue. » Il indique que le CNARED continue de travailler avec l’ensemble de la communauté internationale pour adopter une série de mesures susceptibles de contraindre Bujumbura à négocier. « Il n’y a aucun doute que le paquet de sanctions déjà adoptées commencent à produire des effets significatifs sur ce régime. Mais le CNARED veut aller plus loin en demandant par exemple un embargo et le rapatriement de tous les contingents burundais en mission de maintien de la paix si ce régime ne change pas d’attitude. »
Décryptage
Malgré l’optimisme du président Museveni, le dialogue inter-burundais est au point mort. Rien ne filtre sur une éventuelle reprise des pourparlers. Ni du côté du gouvernement, ni du côté de la facilitation. Quant à l’opposition, elle ne peut que réclamer à cor et à cri ce dialogue. Ni Mkapa ni Museveni ne semblent être en mesure d’infléchir la position de Bujumbura sur le dialogue avec « des putschistes et des terroristes ». Le 25 octobre 2016, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et le Comité politique et de sécurité de l’Union européenne ont tenu leur 9ème réunion consultative conjointe annuelle à Bruxelles. Les deux organes ont convenu que seul un dialogue inclusif, sous la médiation de l’EAC, peut apporter une solution viable au Burundi. Ils ont appelé le gouvernement et l’opposition à s’engager véritablement dans le dialogue. Le régime burundais préfère, au nom de sa souveraineté, couper les ponts avec ses bailleurs de fonds traditionnels, plutôt que de dialoguer avec les « ennemis du Burundi ». Bujumbura semble vouloir donner du temps au temps. Objectif : mettre en application les recommandations de la CNDI après la fin de sa mission. Cette stratégie semble payante. « J’ai dit au Conseil qu’un nouveau pacte entre le gouvernement du #Burundi et la communauté internationale est devenu nécessaire », a twitté le 9 novembre dernier Jamal Benomar, conseiller spécial du SGNU, récemment en visite officielle au Burundi.
Les tutsis peuvent elir leurs vice president.
donnons les 10 ans x2 de mandat
le pays a besoin du temps pour construiction et no pour la politique
Il faut totalement arreter les relations avec la belgique qui a amener les divisions artificielles
Encore une fois la politique de la chaise vide. Mais avec une nouveauté, ou plutôt une nouvelle parade plus subtile. Au début, les représentants du gouvernement acceptaient de sortir, mais boudaient les salles et se volatilisaient dans la nature pour éviter d’affronter leurs protagonistes à l’extérieur. Cette fois-ci le gouvernement se barricade et invite les opposants à venir négocier à l’intérieur même du pays. Ce gouvernement, qui a cherché à passer ces opposants par le fil de l’épée, sait pertinemment qu’ils ne viendront pas. Inkire ntikira kabiri. Et le tour est joué : il n’y aura pas de vrai dialogue ni à l’extérieur, ni à l’intérieur du pays.
L’opposition Burundaise n’inquiète en rien Nkurunziza. Et c’est une vérité connue universellement, on ne négocie qu’avec les gens ou les organisations qui constituent une menace…………..
De quoi le CNARED est-il capable? De rien pour le moment.
Le docteur Jean Minani, habitué aux magouilles, a tout fait pour évincer Nyangoma de la tête du CNARED, la suite on la voit, c’est une mort lente mais sûre de cette plateforme.
Même la communauté internationale doit se rendre à l’évidence: chasser Nkurunziza pour le remplacer par qui?
Au niveau de l’opposition, je distinguerai 3 groupes:
Le 1er est constitué par des hommes et femmes qui veulent effectivement le respect et la consolidation des accords d’Arusha et de la constitution, qui croient en l’alternance démocratique par des élections libres et transparentes.
Le 2è groupe est constitué par des gens mal intentionnés, qui voudraient se servir du 3è mandat de Nkurunziza pour enterrer définitivement la démocratie au Burundi. Parmi ces gens, on trouve ceux qui prônent l’alternance ethnique au sommet de l’Etat, oubliant (ou faisant semblant) que dans une véritable démocratie, les majorités ethniques peuvent parfaitement voter pour une personnalité issue d’une minorité; le cas Obama aux USA est l’exemple le plus éloquent.
Le 3è groupe est constitué par des magouilleurs, toutes ethnies confondues, qui savent qu’ils ne sont pas populaires dans le pays, et qui veulent se servir du 3è mandat pour décrocher quelques places politiques auxquelles iles n’auraient pas accès si les élections étaient organisées en toute transparence.
chers compatriotes, essayons d’identifier les politiciens appartenant au 1er groupe et soutenons-les.
Une trés bonne annalyse madame Jeannette. Si la majorité des Burundais ( femmes et hommes confondus) pensait comme vous, le mal burundais serait guerri, malheuresement le 3eme groupe domine, c’est qui est vraiment dommage. Peut etre qu’il faut faire une petition sur les reseaux sociaux pour inviter les burundais épris de paix à soutenir le premier groupe!!
Evariste Ndayishimiye, a déclaré que son parti est pour le dialogue, mais avec des limites. Pour lui, même si le gouvernement burundais est prêt à dialoguer, la plate-forme de l’opposition burundaise, le Cnared, reste exclu du dialogue car c’est une formation politique non reconnue par la loi.
Je me pose la question: En 2003 lorsque le mouvement CNDD-FDD était encore au maquis, il était régis par quelle loi burundaise?
@didier
« En 2003 lorsque le mouvement CNDD-FDD était encore au maquis, il était régis par quelle loi burundaise? »
Les uns disent: « Comparaison n’est pas raison »; pendant que les autres sont convaincus que « les mêmes causes produisent les mêmes effets »!
Qui vaut plus que l’autre parmi ces deux assertions?
Les raisons qui ont conduit à la naissance du CNDD-FDD et celles qui ont conduit à la naissance du CNARED sont différents, M. Didier. Vrai ou faux?
@ Didier: Mais nous ne sommes plus en 2003. Nous sommes supposes etre dans la periode post-conflit.
Comment appelle t on deja quelqu’un qui parle dans son sommeil? Je ne me souviens plus du mot. O tempre O more
L’opposition burundaise, dispersée et très peu crédible, est incapable d’inquiéter Nkurunziza et sa clique. Franchement, est-ce que le docteur Jean Minani a des leçons à donner en matière de démocratie? Lui qui, après avoir perdu les élections en 2015, a refusé l’alternance à la direction du Frodebu, préférant plutôt magouiller en nyakurisant le parti fondé par S.E. Ndadaye Melchior !!!!
Le peuple Burundais n’oubliera jamais que c’est lui qui a introduit au Burundi la « nyakurisation » des partis politiques, que c’est lui qui a détruit le parti Frodebu, aidé en cela par les ténors du CNDD – FDD de l’époque, en l’occurrence Onésime Nduwimana.
Vous avez raison. L’opposition burundaise est une concaténation de groupes récemment ennemis et réellement irréconciliables. Tenez! Sinduhije et Radjabu ont été emprisonnés par un système servi par Nduwimana, Rufyikiri, Ntavyohanyuma, ToutAutre, Moise Bucumi entre autres. Ces derniers ont soutenu, dans l’humiliation, le limogeage de Busokoza quelques mois seulement après sa nomination. Niyombare était avec ceux qui ont jeté Radjabu en prison. Après 2010, Minani et Niyoyankana ont à maintes reprises malmené Léonce Ngendakumana dans les différentes émissions radiodiffusées. Comment peut-on espérer qu’un mélange hautement explosif comme celui de ces hommes puisse bâtir quelque chose de constructif et durable? Difficile. Mamès a été on ne peut plus clair: ces gens doiver céder le passage si l’on veut que le Burundi ait une opposition crédible.
Les personnes intelligentes, devouees, eduquees et honnetes, peuvent Avoir des pensees ideologiques differentes, Etre dans differents partis politiques, Appartenir aux differentes ethnies mais peuvent arriver a s’entendre sur une meme Vision pour leur pays et pour leur peuple: « L’AMOUR DU PEUPLE ET LE DEVELOPPEMENT DU PAYS ».
Malheureusement dans notre pays, la haine, l’egoisme et la honte y regnent.
@nunu
« Malheureusement dans notre pays, la haine, l’egoisme et la honte y regnent. »
Moi je parierais plus sur l’égoïsme!
En attendant, c’est plus facile à dire qu’à faire!
Toutes mes excuses: doivent au lieu de doiver