Dans la capitale économique Bujumbura, les voitures de transport en commun ont changé de couleur. Des camionnettes et des jeeps de l’Etat garent en effet dans des arrêts bus pour prendre des clients. Certains chauffeurs de ces véhicules font même payer les passagers avant le départ.
Il est 18 h à l’arrêt bus communément appelé « Kuri Permanence ». Plusieurs personnes font la queue pour attendre un improbable bus de transport en commun. Ils ont tous l’air fatigué et certains d’entre eux, surtout les femmes, sont assis à même le sol poussiéreux. « Ça fait presqu’une heure que je suis là et je n’ai vu aucun bus passer. Je suis très fatiguée et je ne peux pas marcher jusqu’à Carama. Je n’ai pas non plus de moyens pour me payer un taxi collectif », s’exprime l’une des femmes.
Tout près des files d’attente, plusieurs taxis appellent à tue-tête les passagers qui ne se bousculent pas. Le prix que proposent ces taxis est exorbitant. « Les taxis exagèrent. Quand ils ne voient pas de bus, ils montent le prix de transport comme bon leur semble et en profitent exagérément », raconte un homme.
Soudain, une camionnette arrive à toute allure et gare tout près des taxis. Sa plaque montre qu’il s’agit d’un véhicule de l’Etat. A travers la vitre, le chauffeur appelle à haute voix des passagers pour qu’ils montent. Il fixe le prix de transport à 1 000 BIF. Une grande bousculade commence. Des femmes tendent leurs mains pour se faire aider à monter. Certaines voient leurs pagnes tomber et personne ne s’en soucie. Avoir une place dans la camionnette est la seule chose qui compte.
Ceux qui ne veulent pas se battre observent la scène et critiquent les conditions à haut risque auxquelles s’exposent les passagers. Chaque passager s’agrippe contre son voisin ou sur l’habit de l’autre pour ne pas tomber de par-dessus la voiture. « Le chauffeur descend à chaque arrêt pour faire payer les passagers. Chacun crie et tape sur la cabine de la camionnette pour signifier au chauffeur qu’il arrive à destination », raconte un homme qui observe la scène.
La camionnette double cabine, réputée pour sa grande vitesse, démarre en trombe et fait crier les passagers qui s’agrippent les uns contre les autres. Ceux qui n’ont pas eu la chance d’avoir une place restent sans voix. Ils sont dans l’incertitude de comment ils vont pouvoir se déplacer.
Les voitures de l’Etat ne devraient pas faire payer les passagers
Au centre-ville, près des différents parkings des bus, des voitures des particuliers stationnent pour faire le transport en commun. Un jeune homme, dans une voiture grise, raconte qu’il prend des passagers, juste pour aider. « Je les fait payer juste pour récupérer ce que j’ai investi dans le carburant. Le reste, c’est de l’aide. Il n’y a pas de bus et je ne peux pas rentrer seul sans passagers », précise-t-il.
Les voitures des particuliers se mêlent ainsi aux taxis. Chacun annonce sa destination ou son itinéraire. Il fixe aussi le prix comme il l’entend. Parmi ces voitures, des véhicules de l’Etat s’invitent aussi et font comme les autres. Une femme d’une quarantaine se lamente de voir un véhicule de l’Etat faire payer de l’argent. « L’Etat, avec ses nombreuses voitures achetées par l’argent du contribuable devrait nous aider au lieu de nous dépouiller du peu qui nous reste », suggère-t-elle.
Elle fait savoir que les chauffeurs de ces véhicules de l’Etat qui font payer les passagers, même si cela aide ceux qui ne peuvent pas marcher à pied, devraient savoir que le véhicule et son carburant ont été achetés par la personne qu’ils font pourtant payer.
Quid de la sécurité routière ?
Le soir, après le travail, tout le monde veut rentrer. Au centre-ville, les gens se bousculent pour avoir une place de devant dans les rangs. Un bus qui se présente essaie de prendre le plus de passagers possibles. Sur une rangée à l’intérieur du bus réservée pour cinq passagers en temps normal, les passagers sont obligés de se mettre à six. Cela est à prendre ou à laisser.
En plus des places assises, tous ceux qui peuvent se tenir debout s’entassent jusqu’à bloquer la portière qui ne peut plus être fermée. Et pourtant, le nombre de places, et donc de passagers, est bien limité. Pour les bus de type Coaster par exemple, c’est 35 places. Mais, pendant cette période de manque de carburant, un bus peut en prendre le double.
Les camionnettes elles aussi, y compris celles de l’Etat, ne limitent pas non plus les passagers qui doivent monter à bord. Cela ne constitue-t-il pas un danger pour le véhicule, pour le chauffeur et surtout pour les passagers ? En cas d’accident, qui pourra payer les pots cassés et réparer les dégâts ainsi causés? Un passager approché a dit que « l’important est que je puisse rentrer et me reposer. Le reste, je le mets entre les mains de Dieu ».
Contacté, Désiré Nduwimana, porte-parole de la Police nationale dit que la Police de la sécurité routière est en train de faire son travail comme il se doit et qu’elle est là où elle doit être.
Où est le problème? Ces chauffeurs n’ont pas des problèmes, ils essayent d’aider la communauté. Si c’étais toi, pourras-tu passer laissant tes frères et soeurs au bord de la route? Courage à ces chauffeurs
C’est un désordre qui s’observe au Burundi et en RDC. Les assurances se taisent, les autorités se taisent, la société civile est muette, la police est complice. Qui va mettre tout cela en ordre?
Bravo Iwacu …vous êtes le seul qui se soucie de la vie des vulnerable.