A l’occasion de la journée internationale des peuples autochtones célébrée chaque année le 9 août, des Batwa du site Nyarumanga aux portes de la ville de Bujumbura réclament des terres cultivables pour se développer. Ils disent dépendre de la décharge publique pour subvenir à leurs besoins.
« Nous devons recourir à ce dépotoir pour trouver de la nourriture, du charbon et des vêtements. Cette décharge est une sorte de manne pour nous. Sans ces immondices, certains auraient déjà succombé à la faim », témoignent des Batwa du site Nyarumanga, rencontrés au dépotoir public de Mubone dans la commune Mutimbuzi en province Bujumbura.
A 11 heures ce 9 août, des camions pleins de déchets provenant de différents ménages, usines et industries en mairie de Bujumbura arrivent au dépotoir public de Mubone. Lorsqu’un camion décharge, des hommes, femmes et enfants, dont la plupart des Batwa, s’assemblent avec des sacs pour fouiller dans les déchets.
Ces déchets contiennent, entre autres, des objets tranchants et des produits pourris qui dégagent une odeur répugnante. Pourtant, ces gens les fouillent sans gants ni bottes. Certains enfants mangent des fruits obtenus de ces déchets sans les laver.
Des Batwa rencontrés à cette décharge publique regrettent la précarité de leur vie à cause de la pauvreté. Pour eux, la journée internationale des peuples autochtones ne les concerne pas.
« Cette journée est pour une minorité des Batwa qui en profitent. Pour nous, les peuples autochtones à la base, nous célébrons cette journée dans ce dépotoir. Aujourd’hui, il y a ceux qui sont en train de célébrer et de plaider pour les intérêts des Batwa, mais malheureusement rien ne change dans notre vie quotidienne », indique avec amertume Goreth Nizigiyimana, de la communauté des Batwa, habitant dans le site de Nyarumanga. Pour elle, il faut d’abord subvenir aux besoins fondamentaux de sa famille et sortir de la pauvreté avant de célébrer cette journée.
Elle regrette que ses enfants aient abandonné l’école suite à la pauvreté qui fait rage dans sa famille : « L’enfant ne peut pas accepter d’aller à l’école lorsqu’il n’a rien mangé. Si on ne fouille pas dans ce dépotoir, on ne peut pas avoir de quoi mettre sous la dent ». Cette mère de sept enfants demande à toute âme charitable de lui donner un capital pour faire du petit commerce.
Le non-accès aux terres, un défi à relever
Pour surmonter la pauvreté, certaines familles des Batwa demandent à l’Etat de leur donner des terres afin de pouvoir nourrir leurs familles sans toutefois recourir à la décharge publique ou à la mendicité.
« Sur le site, on nous a donné des parcelles pour les habitations. Cela ne suffit pas pour satisfaire les besoins de la famille. Nous avons besoin des terres arables pour pratiquer l’agriculture », fait savoir Susanne Minani, de la communauté Batwa, habitant dans le même site de Nyarumanga
Cette mère de cinq enfants craint qu’elle ne puisse pas envoyer ses enfants à l’école au mois de septembre prochain suite au manque de moyens pour acheter le matériel scolaire et les uniformes.
Pour le président de l’Association espoir pour les jeunes Batwa (Asejeba), Evariste Ndikumana, l’accès aux terres reste une grande préoccupation pour la majorité des Batwa au Burundi : « Les Batwa n’ont pas de terres alors qu’environ 90 % de la population burundaise vit de l’agriculture. Cela fait que plusieurs familles des Batwa croupissent dans une pauvreté extrême ».
En plus du non-accès aux terres, il déplore que les Batwa fassent encore face à la discrimination et au manque des habitations saines.
En outre, il apprécie que les hautes autorités du pays comprennent les doléances des Batwa et essaient de trouver des solutions : « Le président de la République reconnaît que nous sommes des Burundais comme les autres citoyens. Il veut que nos problèmes soient résolus. Cela est un pas important franchi ».
Pourtant, Evariste Ndikumana estime que la représentation des Batwa dans les institutions de l’Etat reste faible. Et de proposer que l’ethnie des Batwa ait 10 % des quotas ethniques inclus dans la Constitution.
Merci pour cet article.
Je voudrais bien donner un coup de pouce à la dame qui a demandé un capital pour essayer de se lancer sans le petit commerce.
Seriez-vous en mesure d’agir comme intermédiaire ou de pourvoir un moyen pour la contacter(je doute qu’elle ait accès à un téléphone)?
Merci d’avance pour votre réponse.