Les personnes souffrant de dépression ont de grandes difficultés à fonctionner au quotidien. Constance Inabazezwa, psychologue-clinicienne et membre de l’association Psychologues Sans Vacance (PSV), décrie certaines mentalités de la société burundaise. La dépression n’affecte pas seulement les « nantis ».
« La dépression est un trouble mental caractérisé par un état dépressif persistant ou une perte d’intérêt pour tout type d’activité. Ce qui produit des effets néfastes dans la vie quotidienne. Donc la dépression n’a pas de cible », a expliqué la psychologue clinicienne, Constance Inabazezwa.
La dépression est étiquetée par certaines personnes de la société burundaise, de maladie des « blancs » ou des personnes qui mènent grande vie. Elle semble être ignorée. Pourtant, elle tue à petit feu sans le savoir.
Selon la psychologue clinicienne, les personnes qui souffrent de la dépression présentent une humeur dépressive persistante ou une perte d’intérêt de plaisir pendant au moins deux semaines et plus : « Les personnes qui souffrent de dépression présentent une série de symptômes dont une humeur dépressive persistante ou une perte d’intérêt ou de plaisir pendant au moins 2 semaines.
Multiples symptômes physiques persistants et sans cause peuvent être observables, notamment une faible énergie, une fatigue inhabituelle, insomnie ou une somnolence excessive, une tristesse ou humeur dépressive persistante, une anxiété, perte d’appétit ou faim excessive, isolement, perte de poids ou prise de poids, une perte d’intérêt ou de plaisir pour les activités habituellement agréables », a-t-elle fait savoir.
Elle ajoute : « La personne, rencontre-t-elle des difficultés importantes à fonctionner au quotidien dans sa vie personnelle, familiale, scolaire, professionnelle ou autre ».
Elle note qu’il existe différents types de dépressions : « Il y a la dépression moins grave, la dépression spécifique par exemple post partum, cela concerne les femmes qui viennent d’accoucher. Beaucoup de femmes dépriment après avoir mis au monde, mais on l’ignore, car tout le monde pense qu’elle est heureuse. Il y aussi la dépression due à une maladie, la dépression réactionnelle et elle peut être légère, modérée, jusqu’à la dépression majeure si non traitée », a-t-elle indiqué
Les causes de la dépression résultent d’un mélange de différents facteurs. Elle en énumère certains, comme les facteurs génétiques, environnementaux, sociaux et psychologiques : « Chaque personne vit et réagit de sa façon lorsqu’elle traverse une situation difficile. Par génétique, quand l’un des parents a développé une dépression, la possibilité de la transmettre à sa progéniture est plus élevée. Donc, en prenant soin de soi, non seulement, on se protège, mais on protège aussi nos futures enfants. La solitude, les événements stressants ou tristes traumatiques peuvent survenir et on se retrouve dans la possibilité de gérer ce stress », a-t-elle expliqué.
La dépression n’est pas un trouble “visible”
La plupart des gens pensent que la dépression touche un certain nombre de personnes. Elle est perçue comme une maladie qui ne touche pas les personnes défavorisées. Mais ce psychologue confirme que nul n’échappe à la dépression. C’est est un trouble très fréquent qui peut arriver à n’importe qui. L’apparition de la dépression ne signifie pas que la personne est faible ou paresseuse. Les attitudes négatives d’autrui. Ces mots de soutiens comme « il faut être plus fort », « il faut te ressaisir » peuvent s’expliquer par le fait que la dépression n’est pas un trouble “visible” comme une fracture ou une plaie.
C’est aussi une idée fausse de penser que les personnes qui présentent une dépression peuvent facilement contrôler leurs symptômes avec leur simple volonté. : « Les hommes, les femmes, les pauvres, les riches, les jeunes et les personnes âgées peuvent tomber malades de la dépression, y compris la race blanche et noire », a-t-elle insisté.
Mais elle tient à préciser que les personnes ayant des antécédents familiaux ou personnels de dépression et des personnes qui prennent certains médicaments comme des psychostimulants sont plus vulnérables que les autres.
Vaut mieux prévenir que guérir
Madame Inabazezwa rassure. La dépression peut être traitée par des psychothérapies ou si la maladie s’aggrave, on fait recours au traitement médical.
Les pensées auto-agressives ou suicidaires sont fréquentes chez les personnes déprimées. Si la personne souffrant de dépression les observe, il faut insister sur le fait de ne pas passer à l’acte et avertir immédiatement une personne de confiance. Il faut réduire le stress et renforcer le soutien social.
Constance Inabazezwa invite toute personne à être vigilante par rapport au changement de comportement de leurs proches : « Si vous remarquez un changement quelconque qui coïncide avec les symptômes évoqués, approchez cette personne avant que la dépression ne s’aggrave. Si rien n’est fait, cela conduira la personne à avoir un brouillard cérébral, des pensées suicidaires et malheureusement certaines personnes se suicident ».