Le Burundi est résolu à rester en Somalie, quel que soit le prix. L’enjeu est de taille. Il suffit de faire un simple calcul pour comprendre. Les politiques ont réagi. <doc1816|left>Selon des sources officielles, le gouvernement burundais a récemment demandé à l’Union Africaine de revoir le salaire des troupes au front, conformément aux standards des Nations Unies. Ainsi, ce salaire est passé au double : de 500 à 1028 dollars par militaire et par mois, du grade de général à celui de deuxième classe. Les mêmes sources indiquent également que sur le salaire de chaque militaire, l’Etat a droit à une somme de 200 dollars qui rentre dans ses caisses pour lui permettre de remplacer l’équipement militaire. En effet, sur cinq bataillons qui sont aujourd’hui en Somalie, soit 4250 hommes (un bataillon compte 850 militaires), l’Etat encaisse 850 mille dollars par mois soit plus d’un milliard de Fbu. A ce niveau, il y a lieu de s’interroger : puisque cet argent est destiné à l’achat du matériel comme les tenues militaires, au remplacement des armes, etc., l’achat, se fait-il chaque mois ? Où va donc l’argent non dépensé ? De surcroît, d’après des sources fiables, le Burundi a des armes qui sont en location en Somalie. Pour quelle valeur ? Cela reste un secret d’Etat. Tout fait nombre. Si le Burundi réussit sa mission en Somalie, confient des observateurs, il sera classé parmi les pays éligibles pour intervenir dans les opérations de maintien de la paix partout dans le monde. La guerre en Somalie arrange le problème des maigres salaires au Burundi. D’après des témoignages recueillis auprès des hommes en uniforme, ils sont prêts à donner même des commissions, allant de un à deux millions pour être placés sur la liste des futurs candidats pour la Somalie. Destination sur laquelle les politiques burundais ont réagi. <doc1817|left>« Le Burundi doit être reconnaissant » Jérémie Ngendakumana, président du CNDD-FDD estime que les militaires burundais doivent rester en Somalie. Pour lui, le Burundi a bénéficié du soutien matériel et humain de la communauté internationale pendant la période de guerre: « Le Burundi doit être reconnaissant. Il doit voler au secours des autres pays en difficultés ». Le président du parti présidentiel estime qu’il faut plutôt encourager les militaires burundais en Somalie parce qu’ils ont fait de bonnes choses: « Ils ont libéré Mogadiscio et d’autres localités ». <doc1818|left>« Se retirer n’est pas une solution définitive » Bonaventure Niyoyankana, président de l’UPRONA indique qu’il faut que le Burundi analyse le motif de l’envoi de ses troupes en Somalie. En outre d’après Niyoyankana, le gouvernement doit voir si l’objectif a été atteint. Néanmoins, le président de l’UPRONA estime que le retrait des militaires burundais en Somalie n’est pas une solution définitive : « Même si on menait une enquête dans l’armée et dans les familles des militaires, je pense qu’ils n’accepteraient pas le retrait ». Pour lui, l’essentiel est de revoir le système de commandement et voir s’il est adéquat car c’est un métier à haut risque: « Il faut voir si le commandement correspond au mode d’opération des Al Shabab ». <doc1819|left>« C’est à l’Assemblée Nationale de décider » Chauvineau Mugwengezo, porte-parole de l’ADC-Ikibiri salue cette initiative de maintenir la paix dans d’autres pays. Néanmoins, il constate que l’envoi des troupes en Somalie n’a pas été discuté : « C’est une question qui devait être d’abord analysée par l’Assemblée Nationale, malheureusement cela n’a pas été le cas ». M.Mugwengezo estime que l’ADC-Ikibiri ne peut pas dire s’il faut retirer ou pas les troupes de la Somalie : « L’Assemblée Nationale doit prendre en mains cette question ». Par ailleurs, Chauvineau Mugwegenzo pense que le gouvernement devait préciser l’effectif des militaires tombés sur le champ d’honneur en Somalie: « Cela pousserait les Burundais à penser déjà au deuil national. » Il demande aussi au gouvernement burundais de se rassurer si l’Union Africaine a donné l’arsenal nécessaire et suffisant aux troupes burundaises. Relâchement total ? Depuis les menaces du mouvement islamique somalien Al Shabab sur le Burundi et l’attaque du 23 février à Mogadiscio, la police nationale avait doublé de vigilance. Un dispositif important de policiers était placé dans des lieux stratégiques. On voyait par exemple des policiers en position de tir à côté du supermarché chez Dimitri et au rond point des Nations Unies situé à en face de la permanence nationale du CNDD-FDD. Des camions anti incendie circulaient autour du marché central. Les véhicules des fidèles qui allaient assister à la messe à la Cathédrale Regina Mundi étaient fouillés. Visiblement, cette présence inhabituelle des éléments de la police n’est plus remarquable ces derniers jours. Au même moment, le mouvement Al Shabab vient de menacer encore une fois Bujumbura. Certains habitants de la capitale craignent une éventuelle attaque comme celle survenue à Naïrobi, revendiquée par ces insurgés. Néanmoins, Pierre Channel Ntarabaganyi, porte-parole de la police tranquillise. Pour lui, la police ne s’est pas retirée des lieux stratégiques. Il parle plutôt d’un changement de tactique : « Je ne peux pas donner des détails parce que cela serait avertir l’ennemi. Mais la sécurité est bien assurée car nous sommes toujours proches de la population ».