Caritas Burundi en collaboration avec World Vision International Burundi a organisé, du 2 au 4 février 2022, dans la commune de Rango, en province de kayanza, une foire d’exposition des produits et des réalisations du projet PAMIA-nut. Les résultats sont satisfaisants. Les bénéficiaires s’en réjouissent et demandent la pérennisation des acquis dudit projet.
Il est 12h. Nous sommes au terrain de football de la commune Rango. Une foire d’exposition des produits et des réalisations du projet d’appui aux ménages affectés par l’insécurité alimentaire et nutritionnelle (PAMIA-nut) est en cours. On voit divers produits agricoles dans les stands.
Plusieurs invités ont répondu au rendez-vous. L’ambiance est de fête et riche en couleurs. La journée est très animée. Chansons, danses et schetches alternent. Des groupes d’animation se succèdent sur le podium vantant les bienfaits du projet.
Le moment des discours arrive. Différents orateurs se sont succédé sur l’estrade. Dans son mot de bienvenu, Léonidas Habimana, administrateur a.i de la commune Rango a fait savoir que le projet est venu à point nommé.
Selon lui, ledit projet est venu résoudre le problème de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle devenue récurrente dans les communes de Rando et Muhanga. « Le projet a déjà porté des fruits en témoigne les divers produits amenés par les bénéficiaires ». Il a invité les bénéficiaires à faire les leurs, les acquis du projet.
Dans son mot d’ouverture, Vianney Ndikumana, chef de cabinet du gouverneur de Kayanza, a tenu à rappeler que plus de 90% de Burundais sont des agriculteurs. Et de préciser que le projet qui est en train d’être exécuté rentre dans les objectifs du gouvernement de mettre un accent particulier sur l’agriculture.
Il a invité les habitants de la province de Kaynza à retrousser les manches pour augmenter la production et lutter contre la malnutrition. Cette autorité provinciale les a exhortés à changer de comportement, à éviter l’oisiveté et la débauche.
Il leur a conseillé à ne pas gaspiller la récolte et leur a demandé de conserver la production dans les hangars.
La production est satisfaisante
« L’objectif de cette foire est de présenter les fruits que nous sommes en train de cueillir du projet PAMIA-nut qui est en cours. C’est un projet qui rentre dans le cadre du renforcement des capacités dans le domaine de la nutrition, a indiqué Abbé Jean Baptiste Hakizimana, secrétaire général de Caritas Burundi.
Il a fait savoir que ces fruits relèvent de l’agri-élevage et de la protection de l’environnement. « Nous sommes contents de ces fruits autant que les bénéficiaires », s’est-il réjoui, tout en insistant : « Mais cela ne veut pas dire que nous devons nous en enorgueillir. Cette satisfaction nous conduira à améliorer de plus et surtout pouvoir faire une extension de ce projet ».
Selon lui, l’extension va provenir des besoins exprimés par les bénéficiaires du projet.
L’Abbé Hakizimana a précisé aussi que la foire visait à présenter certains aspects du projet dont l’amélioration de la nutrition dans les ménages. Selon lui, il faut que les gens puissent apprendre à bien se nourrir avec les trois composantes d’une alimentation bien équilibrée.
Dans les communes d’intervention du projet, a-t-il fait remarquer, il y avait des enfants et même des adultes qui souffraient de la malnutrition. Le projet est donc venu résoudre ce problème de la malnutrition, a-t-il renchéri.
« Il y a malnutrition, non pas parce qu’il y a insuffisance d’aliments, mais parce que les gens ignorent comment équilibrer leur alimentation ».
Par ailleurs, a-t-il ajouté, la mission de Caritas Burundi est multiforme. Selon lui, il y a ce volet d’aider les gens qui ont des problèmes et ce volet de les aider à s’atteler aux activités de développement. Il recommande le travail en synergie pour augmenter la production.
« C’est même ce que le souverain pontife, sa Sainteté le Pape François appelle le développement intégral de l’homme », a-t-souligné.
Il a précisé que la Conférence des Evêques Catholiques du Burundi prône l’amour. Caritas Burundi, organe garant de l’amour de l’église catholique, est là pour aider les chrétiens catholiques et non catholiques parce que l’amour n’a pas de frontière.
Des résultats positifs
« Le projet a démarré ses activités en janvier 2018 avec 2100 ménages. Le choix de ces ménages s’est basé sur leur degré de vulnérabilité. Ils se sont choisis eux-mêmes », a indiqué Astère Nduwayo chargé du programme sécurité alimentaire, lors de la présentation du bilan des réalisations.
Il est revenu sur l’objectif du projet. Selon lui, ledit projet a été pensé dans le but de résoudre deux problèmes : la malnutrition chez les enfants et une faible production alimentaire. « Il y a certains ménages qui ne savent pas équilibrer leur alimentation ».
Pour résoudre ces défis, a-t-il indiqué, ces ménages ont subi des formations. On a mis un champ modèle sur chaque colline. « Nous travaillons sur 159 collines et nous avons 161 champs modèles. Les deux champs modèles sont pour les Batwa ». Ce travail a été fait en collaboration avec le BPEAE, les agronomes communaux et les moniteurs agricoles.
M. Nduwayo a fait savoir que 4627 familles ont été encadrées. Ces dernières, a-t-il précisé, ont proposé elles-mêmes ce qu’elles doivent faire. Et d’énumérer les denrées alimentaires proposées en l’occurrence le haricot, maïs, patates douces, soja, fruits.
« Nous leur avons donné du haricot fortifié, du soja pour équilibrer l’alimentation. Nous leur avons donné des épinards importés de Thaïlande, les aubergines blanches, les ognons blancs et rouges, les betteraves et les carottes ».
Par ailleurs, a-t-il ajouté, des animaux ont été distribués. Chaque commune a eu 120 porcs. Et les résultats sont satisfaisants, tient-il à souligner. « Dans la commune Muhanga, nous avons 520 porcs et 584 porcs dans la commune Rango », avant de marteler : « Tout cela leur permet de subvenir aux besoins de leurs familles ».
L’épargne n’est pas en reste
M. Nduwayo n’a pas manqué de mentionner l’implantation des groupements d’épargne et de crédit. « Nous avions prévu d’encadrer 50 groupements dans chaque commune. Nous avons au total dans le projet 382 groupements sur un total de 350 prévus ».
Au début, a-t-il souligné, il y eu création des pré-coopératives qui ont évolué par la suite en coopératives. Il a précisé que chaque commune a une coopérative légalement enregistrée par ANACOP.
Selon ce chargé de programme, l’encadrement des coopératives va continuer. Des unités de transformation de la production seront installées. « Nous avons déjà commencé à leur construire des hangars et chaque coopérative aura un moulin qui transformera du maïs. Nous avons commencé à transformer le soja », avant de renchérir : « Nous leur avons appris à transformer du soja en lait pour équilibrer l’alimentation ».
Des témoignages encourageants
Les bénéficiaires ne tarissent pas d’éloges. Le projet leur a permis d’améliorer les conditions de vie. Consolate Hategekimana n’a pas caché sa joie.
« Nous avons subi des formations de la part de Caritas Burundi. Après, elle nous a donné des semences de haricots. C’est une variété très rentable. Avec 35kg, nous avons pu avoir plus de 500kg. Ce haricot fortifie le corps des enfants et des mères enceintes », avant d’ajouter : « Maintenant, je parviens à subvenir à mes besoins ».
Désiré Iradukunda, est un des bénéficiaires de la colline Nyabibuye, commune Rango. Il s’est attelé à cultiver des légumes. Au départ, a-t-il fait savoir, ces légumes ont été cultivées les champs dits « champs écoles des producteurs (CEP). Et après, elles ont été cultivées dans ses propres champs.
Et de se réjouir : « Avant, nos enfants ne consommaient pas de légumes faute de moyens. Mais maintenant, nous en avons dans nos champs ». Il remercie Caritas Burundi d’avoir organisé cette foire qui a permis d’exposer ses produits agricoles.
Satisfecit aussi du côté de Donatien Ndenzako, éleveur de porc de la colline Nyabibuye, commune Rango. Ayant démarré son élevage avec un porc, il en est à huit porcs. Il parvient à scolariser et à faire soigner ces enfants. « Je demande la pérennisation du projet ».
« J’ai subi une formation sur l’épargne-crédit et la bonne nutrition », a indiqué Donavine Nshimirimana, maman lumière de la colline Kiziba, commune Mbuye.
Elle décrit et vante l’importance du soja avec les trois composantes nutritionnelles. « Plus de maladies liées à la malnutrition. On vend les produits du soja ». Selon elle, les défis ne manquent pas. Elle réclame une machine adaptée pour piler le soja afin d’augmenter la production et un frigo pour bien conserver le lait transformé à partir du soja.