Le président Evariste Ndayishimiye a inauguré le vendredi 1er février 2025 à Muyange, en province de Cibitoke un centre naisseur cunicole qui débutera avec 308 lapins. Les éleveurs de lapins saluent ce projet mais émettent des craintes liées à un manque de vétérinaires qualifiés qui s’observe déjà avec la race locale, un manque d’écoulement en cas de surproduction. Ils doutent surtout sur l’adaptabilité de cette nouvelle race à l’environnement burundais.
Inauguré dans le cadre des activités de la 1e semaine dédiée à la cuniculture au Burundi dite Inkwavu Week 2025, ce centre vise à fournir une race améliorée, plus productive que les lapins actuellement présents au Burundi.
Cependant, les éleveurs locaux de lapins interrogés se posent mille et une questions sur la réussite de ce projet d’une telle envergure au moment où, déjà avec la race locale, ils éprouvent des difficultés. Ils disent se heurter à la commercialisation de la viande du lapin ou des produits dérivés de cet élevage.
« J’ai débuté l’élevage avec trois lapins. Ils se sont multipliés très vite. A moins d’une année, j’en compte une cinquantaine. Mais, très peu de gens consomment la viande du lapin dans cette localité. En plus, je ne vois pas de commerçants de viande de lapins qui viennent les acheter. Bref, il n’y a pas assez de marché d’écoulement de lapins. », se lamente le prénommé Georges, un éleveur de lapins rencontré sur la colline Bushaka, en commune Isare de la province de Bujumbura
D’autres éleveurs font savoir que l’élevage des lapins est très exigeant en termes d’aliments, d’habitation et de soins. Certains disent qu’ils ne trouvent pas facilement de techniciens vétérinaires capables de soigner les lapins.
« Il n’est pas aisé de trouver un vétérinaire qualifié pour la prise en charge médicale des lapins », confie B.N., un des éleveurs de lapins rencontrés dans le quartier Gikungu rural dans la zone urbaine de Gihosha.
Quid de la nouvelle race de lapins ?
Bon nombre d’éleveurs ont émis des craintes quant à l’adaptabilité de cette nouvelle race à l’environnement burundais. Y aurait-il eu des études y relatives ?
« Les lapins ne sont pas faciles à élever. Ils sont exigeants. Ils ne supportent pas le courant d’air froid. Il leur faut une maison qui ferme et, à l’intérieur de la maison, il faut installer un clapier moderne. Leur alimentation doit être sèche sans humidité », témoigne G.H., un éleveur du quartier Muyaga dans la zone urbaine de Gihosha.
Pour lui, la campagne tous azimuts de modernisation de l’élevage des lapins est en soi une bonne chose. Mais, fait-il observer, il faut des stratégies pour y parvenir. Il reste pessimiste quant à la réussite dudit projet évoquant les expériences malheureuses du passé.
« La campagne nationale d’élevage des lapins est déjà inscrite dans la politique nationale du gouvernement burundais. Avec l’introduction de cette nouvelle race, y a-t-il eu des études ou des stratégies pour réussir ce projet ? Le projet ne risque-t-il pas de foirer comme celui des caprins alors que le gouvernement y avait consenti des efforts budgétaires très considérables ? En cas de surproduction ou de mévente sur le marché local, y a-t-il des alternatives envisagées pour exporter la viande du lapin à l’extérieur ?», s’interroge-t-il.
Le centre naisseur cunicole de Cibitoke sera géré par des entreprises cunicoles de jeunes burundais regroupées dans la société SunguraNet. Ce centre est financé par le PAEEJ (Programme d’Autonomisation économique et d’Emploi des jeunes) à hauteur de 2,1 milliards BIF.
Lors de l’inauguration dudit centre, Blaise Nkuriyingoma, directeur général de SunguraNet a fait savoir que les 308 lapins réceptionnés auront à terme une capacité de reproduction de 8 000 lapins tous les 42 jours. Il espère avoir en moyenne 50 000 lapins reproducteurs à distribuer chaque année à travers le Burundi. Selon lui, plus de 10 000 ménages seront annuellement servis.
A propos de ces craintes des éleveurs des lapins, nous avons contacté le porte-parole du ministère en charge de l’élevage pour plus d’éclaircissements. Il nous a renvoyé au directeur général de l’Elevage précisant que c’est ce dernier qui a suivi le dossier. Nous l’avons contacté mais sans succès.
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