Dimanche 22 décembre 2024

Politique

Province Bujumbura : Rififi à Maramvya

10/04/2020 Commentaires fermés sur Province Bujumbura : Rififi à Maramvya
Province Bujumbura : Rififi à Maramvya
Dans la zone Buterere, une permanence du CNL a été saccagée

Plusieurs blessés graves et plusieurs arrestations dans le camp des Inyankamugayo après des échauffourées avec les Imbonerakure. Ces derniers sont accusés, avec la complicité de l’administration, d’avoir, ce samedi 4 avril, orchestré des attaques aux domiciles des militants du Congrès national pour la liberté (CNL).

Le CNL avait prévu, ce samedi 4 avril, d’ouvrir 7 permanences dans la zone Buterere. Selon les militants du CNL, un groupe d’Imbonerakure accompagné par Dieudonné Ntamatungiro, chef du quartier Maramvya, s’est présenté pour empêcher l’ouverture d’une des permanences. «Nous avions toutes les autorisations requises. L’administrateur communal et le chef de zone avait autorisé cette activité. Mais le chef de quartier s’est opposé», raconte un des responsables du CNL dans la zone de Maramvya. Les Imbonerakure de Maramvya ont voulu implanter un drapeau du Cndd-Fdd à la permanence du CNL. «On ne pouvait pas tolérer cela. Nous avons arraché le drapeau du parti au pouvoir».

Des échauffourées ont alors éclaté entre les Imbonerakure et les Inyankamugayo. Les officiels du CNL en provenance de la mairie de Bujumbura sont arrivés à ce moment pour l’ouverture de la permanence. La bagarre s’est arrêtée. La permanence n’a pas été inaugurée. «Avant de partir, les officiels du CNL se sont convenus avec le chef de quartier d’arrêter ces chamailleries».

Aux environs de 14 heures, un groupe d’Imbonerakure conduit par un certain Léon Ndabarushimana alias Kanefu ont envahi la permanence du CNL. Les portes de la maison sont arrachées. Les chaises et la photo du président du CNL, Agathon Rwasa, sont emportées. «Il y avait trois Inyankamugayo qui gardaient la permanence. Ils ont été tabassés sérieusement puis hospitalisés». Des convocations ont été émises mais aucun Imbonerakure ne s’est présenté devant l’Officier de la police judiciaire (OPJ).

L’escalade

Pendant la nuit, les choses se corsent. «Les Imbonerakure ont commencé à lancer des cailloux sur les maisons des militants du CNL». Selon des témoignages recueillis à Maramvya, Léon Ndabarushimana a tabassé un militant du CNL du nom de Macepe. «Il était aux environs de 21 heures. Ce dernier était en train de puiser de l’eau à une borne fontaine. Ils se sont battus et Léon a été blessé pendant la bataille. Macepe a pris alors la fuite».

Léon Ndabarushimana a alors fait appel aux autres Imbonerakure. «Ils se sont rendus au domicile de Macepe à la 15ème transversale en zone Maramvya. Ils ont tabassé le père et la mère du jeune homme». Aujourd’hui, Emile Karenzo, le père de Macepe, est mal en point. «Même à l’hôpital, il est gardé par un policier. Ils lui ont dit qu’il sera relâché quand son fils se présentera devant la justice». Par après, ils ont attaqué le domicile de Jean-François Ntawuyankira, un des responsables du CNL dans la zone Maramvya. Ce dernier a été grièvement blessé.

Des arrestations tous azimuts

Bujumbura : Plusieurs Inyankamugayo ont été tabassés par des Imbonerakure

Le lundi, des militants du CNL sont allés visiter les leurs qui sont hospitalisés au centre de santé de la zone Maramvya. «Le chef de zone les a appelés pour une soi-disant réunion de pacification dans son bureau. Ce qui nous a étonnés, ils ont été arrêtés sur le champ». Elie Nahayo, Daniel Ndayiziga, Jean-Bosco Kubwayo, Fulgence Habarugira, Célestin Nzeyimana et Françoise Kankundiye, tous militants du CNL, sont incarcérés dans les cachots de la Brigade Gatumba. «La plupart de ces personnes arrêtées sont sur les listes électorales. C’est une manière de nous intimider afin que nous jetions l’éponge. Ils se trompent énormément».

L’administration accusée de complicité

 

«A Maramvya, nous sommes fatigués du comportement des Imbonerakure». Les Inyankamugayo demandent que leur sécurité soit assurée. «Les Imbonerakure font des rondes nocturnes avec des gourdins et des machettes. Nos militants ne dorment pas pendant la nuit», révèle un des responsables du CNL. Ils accusent l’administration d’être de connivence avec les jeunes militants du parti de l’aigle. «Ce qui est frustrant, c’est que les autorités administratives ne font rien alors qu’elles sont témoins de toutes ces exactions. Elles assistaient à la scène quand les Imbonerakure battaient Jean-François Ntawuyankira». Les militants du CNL dénoncent une politique du deux poids deux mesures. «Pourquoi ce sont seuls les Inyankamugayo qui sont arrêtés? Les autorités de Maramvya doivent changer de pratique si elles veulent que les élections se déroulent en toute sécurité». Elysée Nindorera, représentant du parti Cndd-Fdd en commune Mutimbuzi, balaie d’un revers de la main toutes ces accusations. «Rien n’est vrai dans tout ce qu’ils disent».

Gaston Singora, chef de zone Maramvya, fait savoir qu’il est au courant de cette animosité entre les militants du Cndd-Fdd et du CNL. «Il se pourrait que les militants du CNL aient été perturbés lors de l’inauguration de leur permanence». Selon le chef de zone, les jeunes du CNL sont rentrés en colère. «Dans la soirée, ils ont attaqué un membre du Cndd-Fdd du nom de Léon Ndabarushimana. Ils l’ont blessé à la tête et à la mâchoire. C’est moi-même qui ai donné l’argent pour les soins de santé. Les Imbonerakure étaient en colère à leur tour. Ils se sont vengés».

Gaston Singora reconnaît 2 blessés du côté du CNL et un blessé du côté des Imbonerakure. Concernant les arrestations, cet administratifs explique : «J’avais prévu une réunion pour rapprocher les deux parties en conflit. Je ne savais pas que le commissaire communal était en train de faire des enquêtes. Il les a arrêtés. Je n’allais pas quand-même perturber le travail des forces de l’ordre. Ça aurait été insolent et très indiscipliné. J’ai laissé la justice faire son travail». Le chef de zone indique qu’il reste dans l’optique de la réconciliation. «Je suis optimiste.
Aujourd’hui ce n’est pas le moment de s’entredéchirer. Après les élections, la vie continue. Ces jeunes doivent collaborer et ils doivent savoir qu’ils sont tous natifs de Maramvya».

Thierry Ndayishimiye, secrétaire du CNL en province Bujumbura, demande aux responsables du parti Cndd-Fdd de recadrer les jeunes Imbonerakure. «Ce sont eux qui ont le pouvoir de le faire. Ils doivent leur enseigner les principes de la tolérance politique». Aux forces de l’ordre, il les exhorte à éviter d’être manipulés par les politiciens.


Cibitoke/ Climat malsain entre le Cndd-Fdd et le CNL

Certains militants du parti CNL dans la commune de Buganda passent la nuit à la belle étoile craignant la police et les Imbonerakure. Ces derniers sont accusés de troubler l’ordre public après avoir empêché des Imbonerakure de détruire leur permanence politique sur la colline Munyu.

Le cachot de la commune Buganda où on a détenu 11 militants du CNL avant d’être transférés à Cibitoke.

Arrivé sur la colline Cunyu à moins de trois km du chef-lieu de commune Buganda province Cibitoke, il règne un climat malsain entre les Inyankamugayo et les Imbonerakure, depuis la nuit du 6 avril.

Selon des sources sur place, ces deux parties se sont battues près de la permanence du parti du CNL. Ces sources indiquent que des Imbonerakure avaient pour objectif de détruire cette permanence. Mais un nombre important de jeunes du parti CNL assurait déjà la sécurité de la permanence.

Bilan : un CNL blessé et deux autres chez les Imbonerakure. Tous ont été transportés vers une structure sanitaire pour y être soignés.

Toujours selon ces sources, dans la matinée du mardi 7 avril, tous les jeunes du parti CNL résidant sur cette colline se sont vus recherchés par la police et des Imbonerakure pour trouble à la sécurité. Toutefois aucun jeune du parti présidentiel n’a été inquiété.

Cette attitude a créé un sentiment d’incompréhension chez les jeunes du parti d’d’Agathon Rwasa qui s’estiment être victimes parce qu’ils défendaient et protégeaient leur permanence.

Albert Nsekambabaye, 1er secrétaire provincial du Cndd-Fdd à Cibitoke, déplore le comportement affiché par ces jeunes à l’approche des élections et demande que les fauteurs de trouble soient appréhendés et punis conformément à la loi.

Quant au représentant du parti CNL, il demande à la police d’être impartiale car il n’y a aucune raison d’appréhender des militants du parti CNL d’autant plus qu’ils ont exercé leur droit à la légitime défense. Abraham Zirazanye demande donc la libération immédiate de ces militants immédiats.

Le commissaire provincial de la police les rassure qu’ils enquêtent sur cette situation.
Le gouverneur de la province Cibitoke met en garde tout parti politique qui cherche à déstabiliser l’ordre public à un moment où le pays se prépare à des élections dans le calme et la sécurité totale.

Selon cette autorité provinciale, il convient de noter qu’une situation similaire a été observée sur la colline de Gisaba, zone Buhindo, commune Murwi, la semaine dernière. La situation a été maîtrisée, suite à l’intervention des forces de sécurité.

Jackson Bahati


Rumonge : un symbole du Cndd-Fdd vandalisé

Les Imbonerakure et les Inyankamugayo à couteaux tirés à Rumonge.

Le climat est tendu dans la zone colline Gatete après la vandalisation d’un «monument» du parti de l’aigle se trouvant tout près de l’Ecole fondamentale Gatete I. Les Inyankamugayo sont pointés du doigt. De plus, les militants du parti au pouvoir les accusent de leur envoyer des SMS d’intimidation. «Nous ne pouvons pas supporter cela. La justice doit sévir». Bahati, responsable du CNL sur la colline Gatete rejette toutes ces allégations. Selon lui, ce sont plutôt les Imbonerakure qui les tabasser à longueur de journées. «Dernièrement, deux jeunes de notre parti ont été battus par des Imbonerakure. Grièvement blessé, un a été admis à l’hôpital. Nous aussi, on ne peut pas supporter cela». Pour eux, c’est une provocation avérée et cela ne renforce pas la culture démocratique sur la colline.

Jacques Ntunzwenimana, chef de zone Gatete, indique qu’il va prochainement organiser une réunion entre les responsables et les jeunes des différents partis politiques afin de dissiper ce climat malsain et se préparer pour des élections paisibles. Interrogé, l’administrateur de la commune Rumonge, Célestin Nitanga, fait savoir qu’il est au courant de cette situation. Il demande aux jeunes des partis politiques de ne pas mettre en avant la force mais plutôt des idées constructives. Il a promis de participer à cette réunion prévue afin d’essayer de trouver une solution à ce problème en vue des élections apaisées.

Fabrice Manirakiza


Kayanza : deux blessés et une permanence vandalisée à Butaganzwa

La permanence du CNL sur la colline Mufunya a été vandalisée par des Imbonerakure.

«Lorsque nous nous sommes levés, nous avons trouvé plus d’une centaine d’Imbonerakure agglutinés sur notre colline. Ils venaient de plusieurs collines de la commune Butaganzwa. Ils sont arrivés aux environs de 3 heures du matin», raconte un habitant de la colline Mufunya de cette commune. C’était ce jeudi 9 avril. La veille, on avait annoncé la venue d’une haute autorité pour l’ouverture d’un centre des métiers.

Ces cérémonies n’ont pas eu lieu. «Les Imbonerakure ont commencé à tabasser ce qu’ils appellent ‘’Ibipinga’’(opposants). Les gens se sont enfouis dans les vallées». Deux jeunes militants du CNL, Mélance et Audrick, ont été grièvement blessés et sont admis à l’Hôpital de Musema. «A part l’administrateur communal, toutes les autres autorités communales étaient présentes. Elles n’ont rien fait pour calmer ces jeunes militants du parti au pouvoir». Ces Imbonerakure sont partis après l’arrivée des policiers. «Ils les ont ordonné de déguerpir avant qu’il y ait des morts».

Dans la foulée, la permanence collinaire du CNL a été saccagée. «Les portes ont été arrachées et les chaises cassées. Les écrits sur les murs ont été effacés», témoignent les habitants de la colline Mufunya. Iwacu a essayé de joindre le représentant provincial du Cndd-Fdd sans succès.

Fabrice Manirakiza

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