Dans le souci de préparer la campagne de sensibilisation contre la pollution du lac Tanganyika, une troisième réunion s’est tenue le 11 octobre 2012, à l’hôtel du cinquantenaire. C’était le tour du groupe cible des opérateurs économiques dont les industriels.
<doc5753|right>« Sensibiliser les industriels (les responsables de fabriques, d’usines, de garages, d’hôtels, d’hôpitaux, de stations de lavage, de salons de coiffure etc.) sur les problèmes de la pollution, en vue d’arriver à sa réduction », tel était l’objectif général de la dite réunion. Les polluants qui y proviennent sont en grande partie les déchets solides (papiers, sachets…) et les déchets liquides (eaux usées). Dans son exposé, Séverin Nyamuyenzi, consultant en éducation environnemental, parle des conséquences de la pollution industrielle : « Même si la plupart l’ignore, lorsque ces déchets se déversent dans le lac, la population est victime d’une intoxication chronique lente, parfois aigüe. » En principe, poursuit-il, les enfants sont les plus touchés. Et d’ajouter : « Lorsque le plomb de l’essence et des peintures provoque le saturnisme, ils sont responsables des diarrhées-vomissements, des atteintes du système nerveux qui engendrent les retards intellectuels. »
Pour le consultant, il est temps que les responsables prennent conscience de ces conséquences. « Toutes les entreprises ou industries sont censés prétraiter les effluents avant de les diriger vers les infrastructures d’épuration », ajoute-t-il. Mais il signale que seules quatre entreprises font le prétraitement des déchets au Burundi.
Le principe pollueur – payeur
Pourtant, d’après Céléus Ngowenubusa, chef du projet PNUD/FEM, les normes de rejet des eaux usées ont été récemment validées. Elles attendent leur mise en application, d’ici quelques mois. « On ne peut pas sanctionner une industrie ou une entreprise pour avoir pollué, alors qu’elle ignore les normes de rejet », soutient-il. Chaque industrie aura un document qui lui présente ce que recommandent ces normes. En cas de non respect, elle sera sanctionnée d’où le principe pollueur-payeur. Les participants, qui n’avaient pas encore mis sur pied un système de prétraitement des déchets, ont promis de le faire prochainement. Cependant, ils demandent que les décideurs soient avant tout leurs modèles.
Avant la mise en application du principe pollueur-payeur, quelques lacunes doivent être revues, comme la promotion des infrastructures de collecte des déchets, l’installation des infrastructures de collecte de recyclage aux établissements publics et privés ainsi que la création des comités d’hygiène et de sécurité. Ils ont également plaidé pour l’inspection d’hygiène ainsi que l’encadrement et le suivi par les pouvoirs publics.
| D’après le code de l’eau promulgué le 26/03/2012, article 73 stipule que les propriétaires ou exploitants des eaux usées autres que domestiques, notamment des eaux usées d’origine industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou d’élevage, doivent mettre en place un système d’assainissement susceptible de traiter ces eaux usées à leur sortie de l’établissement. Tout dépôt, tout épandage de ces eaux usées ou tout mélange avec les eaux pluviales sont interdits. Est puni d’une peine de servitude pénale de trois mois à deux ans et d’une amende de un million à cinq million de francs burundais ou de l’une de ces peines seulement, quiconque contrevient aux articles 72,73 et 76 en rapport avec les eaux usées autre que domestiques. |