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Protectionnisme : les malheurs des vendeuses de mandarines

05/05/2013 Commentaires fermés sur Protectionnisme : les malheurs des vendeuses de mandarines

La colère est patente chez les vendeuses de mandarines frappées par l’interdiction d’exporter ce produit, qui finit par pourrir. Un protectionnisme annoncé par le président de la République, le 1er mai 2012, est à l’origine de ce blocage.

<doc4538|left>Le président de la République a tenu, le 1er mai 2012, ces propos : « La synergie de toutes les instances et institutions pour que soit assurée la sensibilisation de la population à tous les niveaux pour la conservation et la protection de nos produits, surtout vivriers. Des mesures doivent, a-t-il aussi affirmé, être prises pour éviter que la production soit acheminée hors de notre pays.

Une mesure qui produit, aujourd’hui, ses effets négatifs sur les vendeuses de mandarines. Ces dernières, provenant, pour la plupart, de la commune Rumonge sont très fâchées. Leurs mandarines pourrissent sous leurs yeux. « C’est paradoxal de nous dire que nous faisons partie de l’East African Community (EAC) et de nous interdire de vendre nos produits dans les pays de la même zone », se plaint une vendeuse rencontrée à Bujumbura City Market (Chez Sion). « Mes quatre enfants vont mourir de faim, soutient-elle.

Pour une autre vendeuse de mandarines, elle exportait des tonnes qui ne peuvent pas être écoulées sur le marché local. « C’est pourquoi le gros de nos quantités est vendu au Rwanda », dit-elle. Elle a même peur de retourner chez elle à Rumonge : « Je n’aurai mot à dire à mon mari et aux propriétaires des champs de mandarines qui m’ont avancé de l’argent.» Elle s’étonne : «  En empêchant l’exportation, le Chef de l’Etat n’ignore pas que nous avons faim. »

Emprisonnements ou fuites

« On va m’emprisonner », craint une autre vendeuse. Elle a contracté six millions dans une association communautaire. Cette dernière veut son argent, et cette femme affirme qu’elle fuira le pays avant que la police ne l’arrête.

Également, comme conséquence, elle croit que certaines jeunes femmes de sa situation risquent de se livrer à la prostitution : « Et leurs familles vont s’effondrer. »
Selon une autre vendeuse, ceux qui devaient résoudre leur question sont ceux-là même qui ont pris cette mesure « injuste » à leur égard. « Quand le président Nkurunziza est arrivé au pouvoir, il nous a suggéré de cultiver de grandes étendues de champs pour éradiquer la pauvreté et développer nos familles et le pays », se rappelle-t-elle. Elle se souvient encore : « Il nous a même demandé de produire de grandes quantités pour l’exportation. »

Un sac de 25 kg de mandarines coûte 9 mille Fbu. Aujourd’hui, les vendeuses se plaignent de voir leurs clients disparaître sous leurs yeux, alors que leurs enfants meurent de faim.

Ils l’avaient prévenu…

Simon Ndirariha, un habitant de la colline Kagongo, commune Rumonge, s’exprimant dans les colonnes d’Iwacu n°164 avait été on ne peut plus clair : «  Nous les vendons aux Rwandais parce qu’au Burundi, l’offre est supérieure à la demande. Et de préciser : « Si nous ne les vendions pas au Rwanda, ils pourriraient certainement. » Il avait d’ailleurs proposé aux hommes d’affaires burundais de créer des usines pour la fabrication du jus à partir de leurs fruits.

Et le professeur Patrice Ndimanya de l’Université du Burundi [avait annoncé que le protectionnisme serait une grave erreur->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article2685]. Il avait indiqué que même les pouvoirs les plus absolutistes comme ceux des empereurs romains n’ont jamais réussi, à travers les politiques interventionnistes et protectionnistes, à protéger les cours. Et d’ajouter aussitôt : « Imaginez si par réciprocité ils bloquent les exportations vers le Burundi, alors que nous sommes déficitaires en aliments de base ! »

M.Ndimanya avait indiqué que bloquer l’entrée d’un produit sur le territoire d’un autre favorise la fraude et la corruption : « Nos frontières sont perméables, et il est pratiquement impossible de placer un policier à l’entrée de chaque ménage, surtout que les populations frontalières échangent des biens chaque jour ».

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