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Prostituées & Sida : encore à apprendre

26/07/2011 Commentaires fermés sur Prostituées & Sida : encore à apprendre

Malgré de multiples campagnes de sensibilisation sur le VIH/SIDA, les prostituées (ou « professionnelles du sexe » dans un langage plus pudique) sont toujours identifiées comme groupe à risque. Certaines vont même jusqu’à affirmer que le SIDA est inévitable !

<doc619|left>« Les hommes n’aiment pas le préservatif ! Il arrive que je passe toute la soirée avec un client. Souvent, il refuse d’utiliser le préservatif à la dernière passe », souligne Francine Haragirimana, une prostituée qui habite au quartier Songa, commune Kamenge. Cette jeune fille de 19 ans explique que de peur d’être chassée en pleine nuit, elle finit toujours par céder. Pour elle, même si elle n’est pas encore atteinte par cette maladie, elle estime que le SIDA est plutôt inévitable. « J’aimerais sincèrement me prémunir le plus souvent possible; mais je n’ai pas tellement de choix puisque je dois gagner ma vie ainsi, je n’y peux rien », précise-t-elle.

Nadine Ngezahimana, 20 ans, est originaire de la commune Bugenyuzi, province Karusi. Voilà sept années qu’elle a quitté le toit parental. « Je suis venue à la capitale pour travailler comme domestique. Mais ça n’a pas pu marcher », indique-t-elle. Elle explique que sous l’influence de ses amies, elle a commencé à fréquenter les cabarets  pour y chercher des clients afin de survivre.

<doc620|right>A l’époque, poursuit-t-elle, il n’y avait que de « vrais hommes », de bons payeurs qui pouvaient même payer jusqu’à dix mille francs et plus pour une seule nuit. Selon Nadine, ces derniers jours, c’est à peine si elle arrive à gagner 2000frs par jour. Séropositive, elle affirme qu’elle se protège à chaque rapport sexuel. Toutefois, cette jeune prostituée ajoute que parfois, sous l’effet d’alcool, elle ne se souvient jamais si le client a utilisé le préservatif ou pas.

« Un métier pas vraiment rentable mais bon…. »

« J’ai attrapé le VIH/SIDA par ignorance ! Pas mal d’hommes se sont moqués de moi en me faisant croire qu’ils étaient amoureux de moi, juste pour ne pas porter le préservatif », regrette Perpétue Manirakiza, une jeune prostituée de 34 ans au quartier Songa, commune Kamenge. Et de raconter ses débuts dans la prostitution : « Je ne connaissais pas grand-chose sur le VIH/SIDA ni comment me protéger.  » Pour elle, la prostitution est un métier dangereux et pas vraiment rentable : « Que faire quand on ne gagne que 1000 Fbu? Autant accepter vraiment de mourir de faim ? » Perpétue Manirakiza regrette que la valeur de la monnaie burundaise se soit détériorée : «  je dois donner 500 Fbu à une amie qui m’héberge. »

Néanmoins, elle fait de son mieux pour éviter d’attraper d’autres maladies en ayant des rapports sexuels protégés. Quant à K. A, une autre jeune prostituée et mère de trois enfants, elle a appris sa séropositive il y a deux ans. Elle raconte que souvent des hommes leur exigent d’autres pratiques. Selon elle, il faut exécuter pour éviter de les perdre. En outre, même si elles reçoivent souvent des préservatifs, il arrive que certains clients refusent de les mettre. K. A. parle d’un autre problème rencontré : « Nous travaillons le soir; nous pouvons rencontrer des bandits armés qui menacent de nous tuer si nous ne couchons pas avec eux et sans préservatif. »

« Elles bénéficient des formations »

Jean Marie Bizimana, médiateur de santé à l’Association Nationale pour le Soutien des Séropositifs et des Sidéens (ANSS) est membre fondateur de l’Association Gezaho-Sida. Depuis 2002, il a décidé de venir en aide aux professionnelles du sexe : «  Au sein de notre association nous organisons des formations pour les informer sur le VIH/SIDA, les sensibiliser et surtout leur parler du dépistage. » Normalement, l’idéal selon lui, c’est de leur parler du comportement à adopter, tant pour les séropositives que pour les séronégatives. Ils leur montrent des images des personnes atteintes des Infections Sexuellement Transmissibles (IST) et du VIH/SIDA et leur distribuent des préservatifs. Natif de Kamenge, il affirme avoir assisté au vagabondage sexuel qui ne l’a pas du tout laissé indifférent. Bien plus, comme il est séropositif, il a décidé de mener son propre combat en aidant les autres.

Jean Marie Bizimana affirme avoir ciblé les quartiers périphériques comme Bwiza, Buyenzi, Kinama et Kamenge car « c’est là où règne une grande promiscuité. » En plus de toutes ces formations, il est convaincu que les activités génératrices de revenus peuvent aider dans la diminution du VIH chez ce groupe. Il estime qu’en améliorant leurs conditions de vie socio-économiques, certaines prostituées peuvent renoncer à ce métier.

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